L'opposition guinéenne adresse ses griefs au premier ministre

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L'opposition guinéenne regroupée au sein de l'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP), le Colectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, le Club des républicains (CDR) et le Front d'union pour la démocratie et le progès, a à travers une correspondance datée du 29 avril 2013 et adressée par son pporte-parole Aboubacar Sylla au premier ministre guinéen Mohamed Saïd Fofana, fustigé l'attitude du gouvernement, qu'elle tient pour responsable des entraves à la reprise du dialogue politique et pose des conditions à remplir, pour son éventuel retour à la table des négociations.

L’ALLIANCE POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES (ADP)
LE COLLECTIF DES PARTIS POLITIQUES POUR LA FINALISATION DE LA TRANSITION LE CLUB DES REPUBLICAINS (CDR)
LE FRONT D’UNION POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES (FDP)

Conakry, le 29 avril 2013

A Monsieur le Premier Ministre de la République de Guinée onakry

Ref : V/L n°226/CAB/P

Objet : Dialogue politique national

Monsieur le Premier Ministre,

Nous accusons bonne réception de votre courrier du 25 avril 2013 conviant les leaders politique de l’opposition à une réunion autour du dialogue politique national et vous en remercions.

Nous sommes cependant au regret de vous rappeler que tous les préalables convenus le mois dernier pour l’ouverture d’un dialogue politique franc et direct ont été progressivement remis en cause. En dépit des avancées notables enregistrées en mars 2013 qui auraient permis, pour la première fois depuis deux années, l’ouverture d’une concertation nationale sérieuse sur les questions importantes liées à l’organisation d’élections transparentes et crédibles, le Gouvernement a décidé de modifier unilatéralement tout le cadre convenu après plusieurs jours de discussions avec l’opposition.

En particulier, les décisions suivantes ont été annoncées par le Gouvernement, sans aucune concertation, dans le but évident d’empêcher l’ouverture d’un dialogue qui s’annonçait d’autant plus prometteur que les participants, l’ordre du jour, le collège de facilitateurs, l’implication des Nations Unies avaient fait l’objet d’accord entre les parties :

‐ La confirmation par le Gouvernement de la prise unilatérale de mesures de sécurisation du système de révision biométrique WayMark/Sabary

‐ La publication du Décret de convocation du corps électoral pour la date du 30 juin 2013 sur la base d’un chronogramme d’activités excluant la satisfaction des deux revendications essentielles de l’opposition, à savoir :

1- Le changement d’opérateur technique chargé de la mise à jour du Fichier électoral en raison de doutes sérieux qui pèsent sur sa compétence et sa neutralité ;

2- La prise en compte du vote des Guinéens de l’étranger pour le scrutin de liste à la proportionnelle.

Se fondant sur ce décret, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a repris le recensement/révision de la Liste électorale avec l’opérateur technique actuel, rendant ainsi sans objet le dialogue qui était en cours de préparation.

Tous les préalables convenus ayant été remis en cause et ne disposant plus d’autres recours, l’opposition a repris ses manifestations pacifiques sur les places et les voies publiques pour protester contre l’absence de volonté de dialogue du Gouvernement et la poursuite de la gestion unilatérale et non transparente du processus électoral.

La répression régulière de ces manifestations par les forces de l’ordre a culminé par l’interpellation brutale de deux leaders de l’opposition le 18 avril dernier. Et le lourd bilan de 24 personnes tuées lors des manifestations pacifiques organisées par l’opposition depuis le 3 avril 2011 ainsi que le nombre élevé de blessés par balles et d’arrestations traduisent éloquemment les entraves au libre exercice des libertés politiques et l’impunité qui caractérise le traitement par les autorités publiques des violations récurrentes des droits de l’homme.

Vous conviendrez, Monsieur le Premier Ministre, qu’un tel contexte ne peut favoriser l’instauration du climat de confiance nécessaire au déroulement serein du dialogue.

Aussi, l’opposition républicaine estime t‐elle que le dialogue politique national, qu’elle appelle par ailleurs de tous ses vœux, ne peut s’ouvrir que si les conditions suivantes qui prévalaient à la veille de la désignation du Facilitateur des Nations Unies étaient effectivement réunies :

‐ l’annulation du décret de convocation du corps électoral pour le 30 juin 2014 ;

‐ le gel momentané des activités de la CENI, notamment l’arrêt du recensement électoral en cours ;

‐ la libération des détenus incarcérés dans le cadre des manifestations de l’opposition.

Aussitôt que ces conditions qui avaient déjà fait l’objet d’un accord antérieur avec le Gouvernement seront de nouveau réunies, l’opposition serait immédiatement disponible pour participer à toute concertation susceptible de créer le consensus nécessaire à l’organisation d’un scrutin législatif transparent et inclusif ;

Veuillez agréer Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre considération distinguée.

Pour l’ADP, le Collectif, le CDR et le FDP

Le Porte‐parole

Aboubacar sylla

Synthèse: BAYO Abidine

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