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L'Europe en mission contre Ebola

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La pandémie du virus Ebola fait aujourd’hui moins de victimes et peut être considérée comme endiguée, mais elle n’est pas pour autant éradiquée. Combinant aide humanitaire, coordination internationale et aide au développement, l’UE s’est illustrée comme l’un des principaux acteurs dans la lutte contre le virus Ebola, en voie de déclin.

Alors que l’Année européenne pour le développement met à l’honneur le thème de la santé, la lutte contre le virus  illustre le rôle que l'UE peut avoir au niveau international.

Une épidémie aux effets sans précédent

La toute première épidémie du virus Ebola est apparue en 1976 en République démocratique du Congo et a régulièrement été signalée, par vagues, sur le continent africain. Mais sa plus forte propagation a commencé en décembre 2013. Le virus a d’abord touché l’Afrique de l’Ouest en mars 2014 puis s’est dangereusement répandu en juillet dernier, au point d’être incontrôlable.

Le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone ont été le plus durement touchés. Avec un taux de létalité d’environ 50 %, le bilan est très lourd : en avril 2015, l’OMS a dénombré plus de 26 000 contaminations, dont 10 823 morts.

Au-delà de l’aide humanitaire nécessaire pour soigner les malades, empêcher les contaminations et freiner la propagation du virus, le déploiement d’une aide au développement s’est rapidement imposé.

En effet, l’épidémie a révélé l’extrême déficience des systèmes de santé des pays d’Afrique de l’Ouest les plus affectés. Par ailleurs, la panique a provoqué une restriction des déplacements, la fermeture des frontières, la désertion des écoles ainsi que l’abandon des cultures. Avec une baisse de la croissance, un creusement du déficit budgétaire, la hausse des prix plus élevés, les revenus des ménages en baisse, l’impact économique d’Ebola est faramineux. La Banque mondiale a estimé que, dans le meilleur des cas, la maladie aura coûté 2,2 milliards de dollars en 2014 et devrait s’élever à 1,6 milliard en 2015 pour la Guinée, la Sierra Leona et le Liberia. Les économies des trois pays sont totalement paralysées et les rendent d’autant plus vulnérables.

Une assistance européenne à deux niveaux

La Commission européenne a réagi très tôt à la crise d’Ebola en débloquant au mois de mars 2014 plus de 68 millions d’euros de fonds humanitaires. Ces fonds ont été utilisés sur le terrain par des organisations humanitaires partenaires telles que Médecins sans Frontières, la Croix-Rouge, Save the Children, l’UNICEF ou encore l’OMS.

À l’inverse, les États membres ont été moins rapides pour mettre la main au pot. De l’aveu même des dirigeants européens – notamment de l’ancienne commissaire à l’Aide humanitaire Kristalina Georgieva – l’aide internationale a tardé à se manifester. Il est toujours difficile de coordonner l’action de 28 pays.

Et c’est en octobre 2014 que le Conseil européen a désigné un coordinateur de l’UE pour la lutte contre Ebola : le commissaire européen à la coopération internationale et à l’aide humanitaire Christos Stylianides. Le Chypriote a pour mission d’accompagner l’Union européenne, les États membres et les partenaires internationaux dans la coordination de leurs actions.

En outre, le Conseil européen s’est engagé à verser 1 milliard d’euros d’aides pour enrayer l’épidémie. Ce montant est aujourd’hui dépassé et s’élève à 1,3 milliard.

L’aide européenne intervient donc à deux niveaux : les fonds proviennent à la fois de la Commission européenne et des États membres.

En parallèle, la Commission a décidé de soutenir la recherche d’urgence pour de potentiels traitements, vaccins et tests de dépistage du virus Ebola, grâce à une contribution financière de près de 140 millions d’euros dans le cadre de son programme de recherche et d’innovation Horizon 2020.

Les travaux concernant ces projets ont été lancés en octobre 2014, et certains ont déjà commencé à produire des résultats applicables à l’épidémie actuelle. Par exemple, le projet REACTION a annoncé des résultats encourageants indiquant que le ‘favipiravir’, un médicament antiviral, était capable de lutter contre le virus Ebola à un stade précoce.

Les États membres ont, de leur côté, offert des laboratoires mobiles, des centres de soins, des ambulances et des hôpitaux de campagne.

Parmi les principaux pays contributeurs : la Belgique, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Roumanie, le Danemark, la Finlande, l’Autriche, le Luxembourg, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède, la Slovaquie, l’Espagne et la République tchèque.

L’Union européenne s’est chargée de la logistique en mettant en place des ponts aériens ainsi que le déploiement de navires pour transporter le matériel d’urgence mis à disposition par les pays membres (aide alimentaire, trousses de secours, couvertures propres, chlore pour l’assainissement, etc.). Des experts humanitaires de l’UE, notamment des spécialistes des maladies dangereuses, ont aussi été dépêchés dans les trois pays les plus touchés.

La Commission européenne est bien consciente que si l’aide humanitaire est indispensable, l’aide au développement est capitale et la prise en compte de la culture des populations locales déterminante. Elle a ainsi débloqué 373 millions d’euros pour financer des mesures d’urgence et surtout de soutien à plus long terme. De cette somme totale, 210 millions d’euros sont dédiés à l’aide au développement afin de stabiliser les pays et à se relever des conséquences de l’épidémie.

De quoi financer la surveillance épidémiologique, les diagnostics, les traitements et la fourniture de matériel médical, mais aussi former des professionnels de la santé dans les pays touchés par l’épidémie et améliorer le système de services de santé sur la durée. Ces fonds servent également à améliorer la sécurité alimentaire, ainsi que l’approvisionnement en eau et les installations d’assainissement. Autre action importante : sensibiliser les populations à la maladie, aux mesures d’hygiène essentielles et les encourager à organiser des funérailles qui respectent les mesures de sécurité.

Et maintenant ?

Bien que la lutte contre le virus Ebola n’y soit pas directement mentionnée, l’aide européenne s’inscrit dans les Objectifs du Millénaire pour le développement signés en 2000. Ces accords reflètent une volonté de combattre les épidémies et, plus généralement, d’améliorer la santé dans le monde.

Après un an de mobilisation, le 3 mars 2015, l’Union européenne, en présence de la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria, les Nations Unies, l’Union africaine et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, a organisé une conférence de haut niveau concernant l’épidémie du virus Ebola.

Le but ? Dresser le bilan de l’action d’urgence en cours et l’ajuster à l’évolution de la situation sur le terrain, pour éradiquer complètement la maladie, et organiser sur le long terme le rétablissement et de résilience des pays affectés.

À l’issue de cette réunion, les représentants ont « exprimé leur admiration pour la résilience et le courage des populations de la Sierra Leone, du Libéria, de la Guinée ainsi que d’autres également touchées par l’épidémie dans la région […] et [pris] en considération le fait que les femmes ont particulièrement été touchées durant cette crise ». Ils ont en outre « salué les progrès considérables réalisés à ce jour ».

Or, si l’épidémie a décru, tous sont conscients qu’elle n’est pas éradiquée et qu’un long travail entre les différents partenaires déjà impliqués dans la lutte contre le virus Ebola doit encore être réalisé. Une mission dans laquelle l’Union européenne restera sans aucun doute impliquée.

Source: euractiv

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