L’Etat veut améliorer les conditions de vie en prison
- Par Administrateur ANG
- Le 12/08/2014 à 16:56
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Les autorités se penchent sur le problème des prisons, souvent vétustes et surpeuplées. Elles ont triste réputation au pays du camp Boiro - ces geôles pour les prisonniers politiques guinéens fermées en 1984.
Après la création en janvier 2014 par le ministre des Droits de l'homme, Kalifa Gassama Diaby, d'un Observatoire des prisons, le ministère de la Justice a mis en place il y a deux semaines une commission chargée de délivrer dans les six mois des propositions concrètes pour améliorer la situation des 3 500 prisonniers que compte le pays.
« Les conditions de vie dans les prisons guinéennes sont indignes », voilà ce que disait en mai dernier le ministre guinéen des Droits de l’homme, Kalifa Gassama Diaby, après une visite à la Maison centrale de Conakry.
Les ONG qui travaillent chaque jour au contact des prisonniers ont relevé le problème de la surpopulation qui est la cause d’autres problèmes telles une nourriture insuffisante et l’hygiène, ou les détenus mineurs mêlés aux adultes.
Soraya Laghfiri dirige l’ONG Aswar : « Il n’y a que trois hangars. C’est là où sont tassés les détenus. Ça a été construit pour 70 places et aujourd’hui on est à 140. Les gens, malheureusement, font de la détention prolongée. En aucun cas, on ne doit aller au-delà de quatre mois.
Or, ici, les gens sont gardés en prison pendant un an, deux ans, même, voire trois ans ». En attente des réformes souhaitées par le ministre de la Justice Cheick Sakho, elle souligne quelques améliorations apportées à la Maison centrale de Conakry : « Il y a eu quand même l’amélioration de l’alimentation parce que là, c’était vraiment un problème. On avait de la malnutrition sévère.
Aujourd’hui, ils ont quand même droit à deux repas par jour. Nous avons fait un forage ici parce qu’on avait un problème aussi, il n’y avait pas l’eau. C’est beaucoup mieux que ce qu’il y avait avant ». Aliou Mamadou Barry, président de l'Observatoire national de la démocratie et des droits de l'homme, à la tête de la commission « prison » précise les missions de leurs membres : « Notre objectif, c’est d’arriver à contribuer à l’amélioration des conditions de détention. On prend jusqu’à fin septembre [2014] pour faire l’état des lieux.
Nous avons élaboré une fiche par prison et nous allons nous rendre dans chacune des prisons en Guinée pour identifier d’abord la population carcérale, l’effectif et surtout voir quelles sont les conditions d’hygiène, de santé, d’alimentation. Et à partir de novembre, décembre, nous commencerons à faire des propositions pour permettre d’identifier et de mettre en place une vraie carte pénitentiaire, une carte judiciaire, qui correspond à la population carcérale ».
C’est à l’ensemble des carences de la chaîne judiciaire que veulent s’attaquer les autorités guinéennes Parallèlement à la commission Prison, une commission Victimes a également été créée. Elle est en charge du statut des victimes, leurs droits et leur protection.
Au-delà du problème des maisons d’arrêt, c’est donc à l’ensemble des carences de la chaîne judiciaire que veulent s’attaquer les autorités, car un grand nombre des détenus en préventive dépasse le délai légal de détention qui est de quatre mois. Améliorer le sort des prisonniers, c’est donc aussi améliorer le fonctionnement de la justice.
Actuellement à Conakry, la cour d’Assises ne tient qu’une seule session par an. C’est insuffisant, relève un avocat interrogé par RFI. Le gouvernement guinéen songe aussi à ouvrir de nouvelles prisons. Un projet est à l’étude dans la ville de Dubréka.
S’il voit le jour, il permettra de désengorger la Maison centrale de Conakry qui compte 1 200 détenus pour une centaine de places. Le gouvernement a déjà fait fermer les lieux d’arrestations extrajudiciaires, comme les prisons dans les camps militaires.
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