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L'élection de tous les dangers

L’élection présidentielle guinéenne aura été la plus atypique du monde : un 1er tour qui s’est tenu depuis le 27 juin 2010 ; et un 2è tour une fois reporté, puis fixé au 24 octobre, mais dont on doute encore de la tenue. Après le 1er tour, il a fallu que dans un premier temps, le Président par intérim, le Général Sékouba Konaté, menace de démissionner, et que dans un second temps, il « tape du poing sur la table » pour que la date de ce 2è tour soit finalement fixée.

Et même là encore, il fallu que le Général du CNDD convoque à deux reprises les deux candidats finalistes pour qu’ils consentent enfin à « accorder leurs violons » politiques et s’engagent non seulement à sensibiliser et canaliser leurs militants respectifs, mais surtout à accepter, quoi qu’il arrive, le verdict des urnes, et même à former un gouvernement d’union nationale en cas de victoire de l’un ou l’autre candidat. Un engagement qui est « trop beau pour être vrai », tant il paraît bancal du fait même qu’il ait été obtenu en « tordant presque la main » des deux candidats.

Si bien qu’un lourd doute plane sur le respect de cette date du 2è tour, surtout que le candidat de l’UFDG, Cellou Dallein Diallo, proteste déjà en réclamant soit l’éviction de Lounsény Camara, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), accusé de fourberie, soit une recomposition des membres de la CENI. C’est dire qu’on est encore loin de voir le bout du tunnel concernant le respect de la date du 2è tour.

Par ailleurs, les Soussous et les Malinkés craignent une vengeance des Peulhs sur les populations en cas de victoire de Cellou Dallein Diallo. En effet, on se rappelle qu’au temps de feu Ahmed Sékou Touré, les Peulhs (notamment les hauts cadres) étaient soumis à une sorte de «chasse aux sorcières » ; et à l’époque, beaucoup d’entre eux avaient fui le pays. D’où la crainte d’une autre terrible « vendetta » d’un éventuel pouvoir des Peulhs. C’est aussi pour cette raison (entre autres) que bien des observateurs pensent mordicus que seule une victoire du Pr. Alpha Condé (qu’ils prédisent d’ailleurs certaine) pourrait ramener le calme dans le pays de feu Lansana Conté.

Quoi qu’il en soit, l’aboutissement de ce 2è tour chassera définitivement ce spectre de régimes autocratiques que le pays a connus depuis son indépendance en 1958. Cependant, une question redoutable demeure : que se passerait-il en cas de flop (échec) de cette date du 24 octobre pour le 2è scrutin de l’élection présidentielle ? De deux choses l’une : soit le pays assistera peut-être à une recrudescence généralisée des troubles et violences entre militants des deux candidats, soit le Général Sékouba Konaté sera contraint (on l’y obligera peut-être) d’intervenir pour prendre les choses en main. Or le Général- Président, le CNDD et le gouvernement intérimaires ont tous juré, la main sur le cœur, de ne pas se mêler des « affaires intérieures » des politiciens, notamment à propos de ce 2è tour de scrutin. Un terrible dilemme donc, face à une élection de tous les dangers.

Par Oumar Diawara « Le Viator »

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