L’Armée en Afrique, à quoi bon ?
- Par Administrateur ANG
- Le 13/04/2012 à 18:11
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Visiblement, l’ère du pouvoir kaki et sa cascade de coups d'état et de coups de Trafalgar de toutes sortes des années 1970 – 1980, qu'on croyait révolues en Afrique, n'est pas derrière nous.
A peine que l'armée malienne retourne dans les casernes, c'est au tour des militaires bissau-guinéens, cette fois, de jouer aux trouble-fêtes au plus haut sommet de l'Etat .Comme par effet domino...
Le tout à vol d'oiseau des deux (2) scènes politico-dramatiques. L’Afrique de l'Ouest serait-elle en train d'imploser? Le Sénégal hormis, la donne socio-politique de la sous-région parait fort crispée (Guinée: quasi impasse socio-politique, Côte -d'Ivoire: convalescence, Liberia, Sierra-Leone, Togo et autres : calme apparent mais pauvreté sous-jacente).
Il ne serait pas faux d'affirmer qu'en Afrique l'armée constitue le principal obstacle à l’instauration d'une vraie démocratie et de l'Etat de droit, mis à part l'ethnocentrisme entretenu pour beaucoup par l'illettrisme.
L'omniprésence illégale des militaires africains sur le devant de la scène (Guinée Bissau en cours, Mali plus récemment, Côte d'Ivoire, Niger, Mauritanie, Guinée, etc.) ces dernières années le prouve à suffisance.
Même si l’on pourrait blâmer les militaires africains, la mal gouvernance chronique en Afrique est en bonne partie responsable de cet état de choses.
Pourtant , au regard de son indigence et de ses nombreux défis ,l'urgence pour l'Afrique devrait plutôt consister en science et technologies ; plus en « pain et paix » , qu'en renforcement des forces armées le plus souvent ethniques, improductives, pléthoriques , budgétivores, claniques , rustres, brutales, à la solde de pouvoirs dictatoriaux et corrompus.
En ce qui concerne l’armée guinéenne, Mamadou Aliou Barry, initiateur et premier Président de l'Observatoire Guinéen de la Démocratie et des Droits de l’Homme, in " L'ARMÉE GUINÉENNE Comment et pour quoi faire ? " (Harmattan, septembre 2009), donne la recette idoine : Restructuration et professionnalisation au prix de la démocratie et de l’Etat de droit.
Le fait que la grande muette africaine a appris à être plus volubile et à user et abuser du pouvoir, il sera difficile à plus ou moins long terme de démilitariser totalement le pouvoir africain. Le vide étatique et le manque d'opposition forte en véritable contre-pouvoir, risquent de faire perdurer encore pour quelques temps cet ascendant négatif des hommes en treillis sur la sphère politique africaine. Plus difficile pourrait être d'extirper d'une armée qui a déjà commis un coup d’état ou s'est complu au pouvoir, le mauvais réflexe du goût du pouvoir, des coups d'état et couacs politiques théâtraux de toute sorte.
Pour une telle armée, la tentation d'usurper le pouvoir reste vraisemblable à tout moment, même en contexte de normalité (ordre constitutionnel en vigueur, démocratie fonctionnelle).
A défaut de s'en passer, les armées africaines sont quasiment toutes à revoir dans leur vocation, leur composition , leur mode de recrutement , leur idiosyncrasie même, dans une perspective fédérale ou régionale, en vue d' en faire des armées citoyennes, républicaines.
Vivement que « les armes le cèdent [définitivement] à la toge » en Afrique.
Oury Baldé
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