L’Ambassade de Guinée à Bruxelles, complice dans le rapatriement des Guinéens
- Par Administrateur ANG
- Le 01/08/2012 à 22:54
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Dans le cadre de l’accord signé entre le gouvernement guinéen et les pays de l’Union européenne, l’ambassade de Guinée à Bruxelles aide les autorités belges et du Benelux au rapatriement des Guinéens. En effet, nous savons tous que la Guinée a envoyé des émissaires (des commissaires de la police guinéenne) en Europe pour identifier les demandeurs d’asile en provenance de la Guinée. Ces émissaires dont nous avons rencontré l’un d’eux, ont fait la tournée dans plusieurs pays dont les Pays-Bas, la Belgique, la France et la Suisse.
Durant trois mois, ils ont identifié des centaines de Guinéens détenus dans des centres fermés, ou bien convoqués spécialement par les autorités chargées de l’immigration. Pour chaque personne identifiée, les émissaires délivraient un laissez-passer. En contrepartie, le gouvernement d’Alpha Condé perçoit 3.000 euros par individu. Les émissaires quant à eux reçoivent 100 euros par jour et 100 euros par personne identifiée. Sur la route de Conakry, un des émissaires nous affirmait avoir en poche 6 000 euros. Certains vont dire qu’aucun gouvernent européen ne peut se permettre de payer une telle somme avec la crise actuelle et les efforts d’austérité mis en place. Ils se trompent car garder une personne dans un centre fermé coute 50 francs suisse par jour (environ 42 euros). Je vous laisse calculer le reste.
Le cas de la Belgique
Depuis le départ de l’ex ambassadeur Mr Sacko qui avait refusé de jouer avec la vie des Guinéens et qui était apprécié, et par la communauté guinéenne et par les autorités européennes et du Benelux, le chargé des affaires et le consulat profitent du vide pour se faire de l’argent. Contrairement à Mr Sacko qui refusait de donner des laissez-passer, eux collaborent efficacement avec l’Office des étrangers. Toute demande est recevable. Le président de l’Office des étrangers ne s’est pas privé de le mentionner lors de sa rencontre avec la communauté guinéenne au mois de Juin dernier « toute personne arrêtée sera rapatriée ». C’est dire combien de fois il est sûr de la collaboration à la déportation de ces personnes, pourtant chargées de défendre leurs compatriotes. Pire encore, même si les autorités ne présentent aucun document prouvant la nationalité de la personne, les agents de l’ambassade ont trouvé une formule qui est une violation flagrante du droit. En effet, à partir de sa photo et de son nom, les agents consultent la liste électorale des dernières élections de 2010. Si par malheur, son nom y figure, ils lui procurent un laissez-passer. C’est ce qui est arrivé à Mr Abdoulaye Diallo connu sous le nom de Mawbhewbhen. Il a été arrêté à Bruxelles (Belgique) et enfermé dans le centre de Bruges. C’est là qu’il a été détenu avec d’autres compatriotes jusqu’à l’obtention du fameux laissez-passer le vendredi 8 Juin 2012. Et ce sont les policiers qui sont venus l’informer que l’ambassade guinéenne avait retrouvé son nom sur la liste électorale, et qu’elle avait fait le laissez-passer. Par conséquent, il devait être rapatrié le Mardi 12 Juin par le vol numéro 217 de Bruxelles Airlines.
Le samedi 9 Juin, nous avons été alertés par un compatriote et nous avons directement pris contact avec Mr Diallo qui a confirmé les faits. Nous avons voulu organisé une visite dans le centre fermé de Bruges le lundi 11 Juin en vain. Suite à notre démarche, les policiers ont saisi son téléphone mobile. Nous avons alors entrepris des actions avec des organisations humanitaires belges pour empêcher son rapatriement, car Mr Diallo n’est pas un criminel. Son seul tort est d’avoir fui la dictature guinéenne et son retour au pays mettrait sa vie en danger.
Le mardi 12 Juin à midi et demi, nous nous sommes rendus à l’aéroport de Bruxelles (Zaventem) avec les organisations belges.
Nous avons sensibilisé les passagers du vol, afin de refuser de voyager avec une personne déportée. À 14 heures, alors que le guichet d’enregistrement était fermé et que tout le monde était rentré, j’ai aperçu un Guinéen qui s’était trompé de terminal. En allant vers lui, j’ai trouvé Mr Diallo qui était entouré de deux policiers, en attente d’une policière de l’aéroport, chargée de le conduire à l’avion. C’est là qu’il m’a raconté que son téléphone avait été saisi et qu’il faisait l’objet d’une surveillance particulière depuis notre démarche. C’était une surprise de voir Mr Diallo, car les personnes rapatriées ne font jamais la queue avec le public. C’est pourquoi ils ont pris soin de le faire rentrer par un autre terminal.
Je déplore que les Guinéens ne se soient pas mobilisés à l’aéroport, et les passagers du vol, malgré leur promesse, n’ont pas tenu parole. Aux dernières nouvelles, Mr Diallo (54 ans) a été rapatrié, puis arrêté par les autorités aéroportées de Conakry, puis dépouillé du peu de sous qu’il avait, avant d’être enfermé pendant une semaine à la maison centrale.
Nous dénonçons avec vigueur le comportement et l’acte ignoble et peu orthodoxe des agents de l’ambassade de Guinée à Bruxelles. Utiliser les listes électorales à des fins commerciales est interdit. Même le gouvernement n’a pas le droit d’utiliser cette liste pour le recouvrement de l’impôt et taxes. Certaines langues dont des Guinéens détenus dans des centres fermés, affirment que le gouvernement guinéen accepte même d’accueillir les ressortissants de l’Afrique de l’Ouest, pour l’argent que cela procure. C’est pour vous dire que le cas de Mr Diallo est loin d’être un acte isolé. Beaucoup de nos compatriotes au Benelux se plaignent de l’accélération de la déportation de leurs parents par les services de l’ambassade de Guinée.
Nous pensons que le nouvel ambassadeur Ousmane Sylla va stopper ces pratiques, qu’il saura défendre les intérêts de son pays, ce qui commence par la défense de la communauté guinéenne. Remplacer Mr Sacko n’était pas évident, car il avait usé de toute sa diplomatie pour réunir les gens, malgré les tensions pré et postélectorales, liées aux massacres du 28 Septembre.
Ousmane BAH
Transmis par Haroun Gandhi Barry
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