Injustice en Guinée : la cour d’assises est toujours couchée
- Par Administrateur ANG
- Le 16/07/2013 à 01:17
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Comment voulez-vous qu’une cour d’assises reste debout lorsque c’est le chef de l’Etat lui-même qui piétine la constitution ? Comme on s’y attendait, la justice n’a pas été rendue à Conakry ce 13 juillet 2013; elle s’est rendue au maitre des lieux, le « Pr. » Alpha Condé, qui la tient en laisse.
Le verdict, que rien ne pouvait plus retenir, est tombé comme un fruit pourri dans cette « affaire du 19 juillet 2011» concernant une soi-disant attaque de domicile privé.
Il s’agit d’un montage grotesque ayant abouti à des condamnations que tout démocrate se doit de condamner. On a parlé d’attaque d’un domicile qui, en réalité, ne sert plus de logis à celui qui squatte le « Palais de Sèkhoutouréya ».
La cour d’assises juge des personnes accusées de crime. Quel crime a-t-il été commis et par qui ? Tout porte à croire que dans cette « affaire du 19 juillet », le procès de type moscoutaire qui nous a été servi est politique, ethnique et cynique.
1°) l’aspect politique
Sans revenir sur les détails de l’élection présidentielle qui a vu un candidat éliminé au premier tour dans les urnes être proclamé vainqueur à l’issue du second tour, rappelons qu’AC a pris officiellement ses fonctions le 21 décembre 2010. Il avait un programme : le « changement ». Après une période de 100 jours qu’on accorde généralement à tout chef de l’Etat ou de gouvernement pour lui permettre de bien lancer son programme, les Guinéens n’ont constaté qu’une dégradation de leurs conditions de vie.
Une autre période de 100 jours s’étant écoulée, les mêmes Guinéens ont fait le même constat : rien de positif à signaler alors que le passif s’accumule. En bon marxisant, AC empêtré dans ses « contradictions fondamentales » veut masquer son échec en trouvant les ennemis de son changement. C’est la théorie de complot permanent qu’il ressort.
Vous remarquerez cette différence dans le vocabulaire politique des dirigeants : alors qu’un démocrate parle, par exemple, de « développement économique et social », un dictateur évoque souvent son programme par un mot globalisant de quelques syllabes : « révolution » chez Sékou Touré, « changement » chez AC.
Sékou Touré avait ses « ennemis de la Révolution » et ses « anti-guinéens » ; AC a désigné ses « empêcheurs du Changement » et ses « sous-citoyens ». C’est souvent les mêmes qui sont visés, le second voulant reprendre la Guinée là où le premier l’a laissée.
AC se vantait, par partisans interposés, de n’avoir rien géré, ce qui est peu flatteur à son âge. Maintenant tout le monde l’a vu à l’œuvre. Une calamité ! On peut cacher ses points forts et autres compétences mais on ne peut masquer durablement sa nullité et son incompétence.
C’est pour cacher ses tares et occuper l’esprit des Guinéens à autre chose que le « coup du 19 juillet » a été monté. C’est du faux car une simple observation balistique permet de conclure que les tirs sont venus de l’intérieur du bâtiment endommagé. Par ailleurs, n’est-il pas stupéfiant que pendant plus de deux heures d’échanges de tirs, les militaires de Condé qui étaient à quelques minutes de sa résidence visée ne soient pas venus pour le secourir ?
Donc pour AC, si le changement n’a pas encore porté ses fruits, c’est que des saboteurs ont détruit toutes les fleurs !
2°) la dimension ethnique
Au RPG, on est manichéen : il y a ceux qui sont pour le changement et ceux qui sont contre le changement. Il y a le Fouta, d’un côté et les trois autre régions naturelles, de l’autre. Sur le plan communautaire, il y a les Peulhs et les autres ou, plutôt, les autres et les Peulhs.
« Au secours, le complot Peulh est encore revenu ! ». Etait-il parti ? C’est à se le demander.
AC surfe sur une vague de haine qu’il a amplifiée : l’anti-foulanisme primaire. Durant la campagne présidentielle, les Peulhs ont été accusés d’avoir empoisonné les militants du RPG. Aucun procès n’a été intenté contre les accusateurs.
Insulter les Peulhs est devenu un sport national dans lequel on n’a pas besoin d’une bonne condition physique pour obtenir une médaille. Un certain Facinet Touré n’avait-il pas conseillé à ses « oncles » Peulhs de ne pas se mêler de politique, au motif qu’ils domineraient l’économie ? Il est « médiateur d’une république ». Pour le procureur narco provocateur William Fernandez, les comploteurs voulaient remplacer le Président Condé par un Peulh. Il continue à officier !
Pendant des mois et des mois, on a vu défiler à la barre des accusés presqu’exclusivement Peulhs. Tout était filmé et diffusé, comme un feuilleton, par la RTG. Une diversion mais pas un divertissement pour la communauté peulhe. Dans cette mascarade, l’objectif d’AC n’était pas la transparence. Il voulait, par un message subliminal, introduire dans l’esprit des autres Guinéens que les ennemis du changement ont un visage à identifier : le Peulh !
Sur les 35 personnes concernées par le verdict, 28 sont peulhes, soit 80% du total des “otages” !
3°) le verdict cynique
AC, en bon « Rouge » qui n’est ni ouvrier ni paysan, dispose toujours d’un marteau pour écraser et d’une faucille pour tuer. La peine capitale n’a pas été prononcée (Tonton Condé est-il devenu soudainement un grand-père magnanime ?) mais purger une peine de prison dans notre capitale incandescente, sans eau courante ni électricité, équivaut pratiquement à une condamnation à mort.
Les avocats ont fait ce qu’ils ont pu et ils sont à remercier. Qu’ils continuent à assister les victimes du cynisme judiciaire dans la mesure du possible.
Alpha Condé a fait condamner, entre autres :
- une veuve, mère de famille;
- un menuisier manchot;
- un forgeron handicapé;
- un officier supérieur camé (client potentiel du narco proc Fernandez ?).
Evidemment on ne peut passer sous silence la condamnation de deux AOB : le militaire Alpha Oumar Boffa Diallo et le civil Ahmadou Oury Bah. Alpha Condé aurait bien voulu avoir son bon AOB, à savoir Bah Oury !
Ce dernier, qui n’a pas fui mais qui s’est replié pour préserver sa vie, n’a pu se rendre à Conakry pour se défendre. En Guinée, on n’est pas dans un Etat de droit et Bah Oury, considéré comme l’ennemi peulh n°1 par AC, n’y est pas en sécurité surtout lorsqu’il est apparu comme l’empêcheur de négocier en rond.
Maintenant, chacun pourra mesurer le degré de solidarité de l’UFDG vis-à-vis de son vice-président, condamné à perpétuité pour un crime qu’il estime n’avoir pas commis. Bien qu’il s’agisse d’un problème relevant du domaine interne d’un parti dont seuls les adhérents ont le droit de décision, je pense que l’UFDG est déjà sonnée avant de monter sur le ring.
Pourtant, le véritable enjeu réside ailleurs. L’opposition se focalise sur les législatives et ses leaders ne pensent qu’à l’élection présidentielle de 2015 alors que le problème à résoudre est la violation permanente de la constitution.
Pendant ce temps, la population souffre et on laisse se maintenir un dictateur arrogant, sectaire, inculte et ethnocentriste. Le vrai combat qui vaille n’est-il pas celui plus fédérateur de défense des droits civiques ?
Pour l’instant, la question urgente est de savoir comment aider les victimes de la vengeance aveugle d’Alpha Condé. Ce dernier a qualifié de crime une soi-disant attaque contre sa résidence privée. Mais il se garde bien d’ordonner des enquêtes sur les véritables crimes commis à Kankan, Siguiri, Kouroussa et Zowota. Quant à ceux du « Stade du 28 septembre », chacun sait maintenant à qui a profité ce crime abominable. Faut-il s’étonner de certains silences ?
Je vous salue !
Ibrahima Kylé Diallo
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