Impasse politique en Guinée : Diaby Gassama Khalifa président de l'ONDG évoque la responsabilité des gouvernants et des acteurs politiques

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M.Diaby Gassama Khalifa, le président de l’Observatoire National de la Démocratie en Guinée (ONDG), a aucours d'une conférence organisée à la Maison de la Presse, dépeint la chaotique situation sociopolitique que traverse la Guinée en ce moment sur le thème " Enjeux et Dangers". Lisez plutôt l’intégralité de son discours !

"Manifestement notre pays peine à en finir avec sa transition politique et démocratique. Cet état de fait, au delà de sa dimension politicienne, nous semble être l'expression de la profondeur et de la complexité des enjeux en cause. Des lors, l'échec de cette transition fera courir à notre pays de considérables dangers.

Et pourtant, il est profondément regrettable, préoccupant et pénible de constater que nos acteurs politiques et nos dirigeants n'ont pas encore mesuré l'importance vitale pour notre pays à ne pas rater cette transition politique et démocratique et ainsi donc la nécessité absolue qu'il y'a pour tous et chacun a œuvrer positivement et patriotiquement pour éviter tous les pièges et toutes les tentations égoïstes, opportunistes et narcissiques.

L'ONDG, fidèle à son combat lucide et serein pour la démocratisation de la Guinée, constate avec un amer regret la persistance des vieux pièges, des vieilles tentations, des vieilles pratiques éculées dans le jeu politique.

L'ONDG constate avec Stupéfaction que ni les leçons de l'histoire, ni les complexités structurelles et systémiques ne sont prises en compte par les différents acteurs politiques pour faire face à une situation qui exige assurance respective, intelligence contextuelle, souplesse, subtilité, considération et ouverture.

À défaut d'arguments et de vision, les uns s'auto-octroient des brevets de patriotismes, les niant ainsi aux autres.

Chacun s'enferme dans sa logique au point de ne plus se remettre en cause. S'éloignant ainsi chaque instant et chaque jour des principes démocratiques. La démocratie c'est le respect des institutions, c'est aussi le respect de l'opposition (qui ne peut et ne doit être ni stigmatisée ni diabolisée, au point de considérer ceux qui critiquent d'être des non patriotes ou des ennemis du peuple. Ce genre de discours est dangereux et même détestable, car il met en péril la cohésion d'une société déjà hautement fragile).

La démocratie c'est l'Etat de droit, le respect des lois par tous y compris par l’État et ceux qui agissent en son nom.

La démocratie c'est le respect et la garantie des droits et libertés.

La démocratie c'est la justice et l'égalité entre les citoyens et le refus de toute forme de discrimination. (Les discriminations empoissent les sociétés et les mettent en péril).

Au delà de ses aspects institutionnels, la démocratie est aussi une forme d'humanisme à travers une vision positive de l'homme. Mais ces théories ne suffisent pas pour avoir et vivre une réalité démocratique, comme une élection ne suffit pas pour être en démocratie. La démocratie c'est aussi faire des concepts des réalités vivables et transformer des idéaux en pratiques.

Les uns et les autres restent attacher aux concepts théoriques comme un aveugle à sa canne.

Alors même que, sans être intellectuellement invalides, ces concepts, pour défaut de cadre adéquat, apparaissent tout à fait inopérants. Faisant ainsi de leurs vertus attendues nos malheurs acquis. Pour avoir une démocratie viable et des droits de l'homme effectifs, il nous faut, tout en se battant légitimement pour défendre les idéaux éthiques, moraux et humanistes qu'ils symbolisent, être en mesure de favoriser l'émergence d'une culture et d'un cadre structurel et systémique sans lesquels ces belles idées se resteront que théoriques, et les idéaux qu'elles incarnent totalement illusoires.

Comme nous l'avons toujours défendu, les processus de démocratisation exigent, du fait qu'ils soient fondamentalement multidimensionnels, une patience exigeante d'une part et un empressement lucide d'autre part.

Nous sommes dans un processus d'apprentissage, et comme dans tout apprentissage, il est totalement normal et attendu que nous rencontrions un certain nombre de difficultés, d'obstacles et de conflits, qu'ils soient de l'ordre structurel ou conjoncturel. Des lors, ce qui nous préoccupe et nous peine se situe moins dans les difficultés rencontrées que dans notre incapacité à éviter la récurrence des impasses conjoncturelles sur les enjeux structurels. Mais surtout, il est tout à fait évident qu'aucune explication structurelle de nos impasses et de nos dérives ne saurait tenir si ceux qui ont la responsabilité de nous gouverner ne donnent pas et ne montrent pas de la façon la plus nette, toutes les preuves de leurs bonnes volontés et leur détermination à rester fidèle aux promesses de démocratisation, de justice, d'égalité et de liberté faites aux guinéens.

Les paramètres structurels qui peuvent expliquer et justifier un certain nombre de nos impasses et fragilités sociopolitiques, seront intellectuellement et ethniquement invalides et inopérants des lors que la bonne foi politique, la sincérité morale et la détermination politique ne sont guère manifestement expressives.

C'est à ce niveau et sur ce plan que l'ONDG que j'ai l'honneur et la responsabilité de présider tient ceux et celles qui nous gouvernent comme étant les premiers responsables de cette impasse politique. Il est du devoir et de la responsabilité première de ce gouvernement et du Président de la République de tout faire pour faire aboutir de la façon la plus sereine et la plus positive cette transition politique et démocratique.

Nul ne peut tenir un seul camp comme étant exclusivement responsable de la situation.

Nul n'ignore les manœuvres politiques et politiciennes que jouent les uns et les autres.

Nul ne peut faire abstraction des jeux et des conflits d'intérêts verticaux et horizontaux.

Nul n’ignore les difficultés culturellement, socialement et historiquement inhérentes à notre société dans ce processus de démocratisation et de Civilisation de l'espace et du jeu politique. Mais les guinéens sont totalement fatigués de ce jeu interminable, et de cette crise qui chaque jour devient de plus en plus paralysante.

Une crise qui empoisonne notre dynamique démocratique et notre envie de justice et de liberté.

Une crise qui repousse chaque jour l'expression juste, efficace et démocratique de la puissance publique, sans laquelle point de démocratie viable.

Ainsi, de ces crises conjoncturelles, nous aggravons nos difficultés structurelles oh combien plus importantes et capitales- nous éloignant immanquablement des solutions intelligentes, efficaces et durables. Les dramatiques événements de Zogota, de Siguiri et de Fria apparaissent des lors comme les preuves ne notre incapacité à tirer les leçons de l'histoire, à veiller sur les fragilités structurelles de notre société, et à s'inscrire durablement dans une dynamique de rupture politique, culturelle et institutionnelle.

C'est donc l'occasion pour moi ici, au nom de l’ONDG, de condamner de la façon la plus nette et avec vigueur les dramatiques événements de Zogota.

À travers moi, l’ONDG condamne aussi les violences qui ont eu lieu à Siguiri.

Nous présentons aux familles des victimes nos plus sincères et humbles condoléances.

L'ONDG fidèle à ses principes condamne tous ces déchainements de violences et de brutalités.

L'ONDG demande que toute la lumière soit faite autour de ces événements dramatiques de Zogota et de Siguiri.

L'ONDG demande et attend que les auteurs de la tuerie de Zogota et du drame de Siguiri soient recherchés, retrouvés et punis conformément à la loi.

L'ONDG espère aussi que l'enquête administrative sera suivie de réelle sanction.

Nous continuons étrangement à rajouter des drames insolubles aux drames insolubles, cela ne peut continuer, au risque d'immuniser durablement notre pays contre l'idée de tolérance, d'humanisme et de paix.

Il faut que dans notre pays on en finisse avec cette détestable culture de la violence et de brutalité. Une culture encore plus insupportable lorsqu'elle est l'expression de ceux la même qui sont sensés protégés les citoyens et leur garantir un environnement de sécurité et de quiétude. Cette violence est l'expression d'une décadence sociale et culturelle qui ne saurait jamais nous garantir une démocratie et une paix sociale durable. L'ONDG tient aussi à exprimé ses très vives préoccupations sur la situation de Fria et de ses habitants.

LONDG rappelle que quelque soit la complexité du conflit à l'usine de Fria, il est de la responsabilité du gouvernement de veiller non seulement sur les intérêts des travailleurs, mais aussi et surtout sur ceux des habitants de Fria.

Il n'est pas pensable que cette population soit abandonnée à son dramatique destin.

L'ONDG signale et souligne que cette situation insupportable de Fria doit servir de leçon à ceux et celles qui nous gouvernent pour qu'à l'avenir ce genre de situation ne soit guère possible. Pour cela, il faut pour notre pays une politique de développement qui soit en mesure d'intégrer le long terme et toutes les hypothèses politico-économiques et sociales.

Ici, L'ONDG exprime aux populations de Fria toute sa solidarité. Notre pays est à la croisée des chemins: ou nous acceptons de parier sur le vrai, le durable, l'intelligence et humanisme social et politique, ou nous risquons sur le faux, le précaire, et l animosité sociopolitique. La Guinée à les moyens de se développer, mais à ce jour, nous n'avons guère les moyens de nos moyens de développement.

Sans la paix et la garantie de sa durabilité, sans le savoir et l'assurance et ses expressions, sans la liberté et les moyens de sa vie, sans la justice et les instruments de sa mise en œuvre, aucune politique de développement ne saurait tenir durablement.

L'ONDG souhaite que le gouvernement actuel qui dit incarner cette détermination de changement, prenne en compte et intègre tous ces paradigmes dans sa volonté de développement pour se garantir un succès effectif dans l'intérêt de tous les guinéens.

L'ONDG rappelle à ceux et celles qui seraient tentés de souhaiter l'échec de ceux qui nous gouvernent aujourd'hui, pour le simple plaisir d'avoir raison, que l'échec de cette équipe sera celui de tous les guinéens, et surtout que cet échec compromettrait des réussites futures, car au lieu d'amoindrir nos obstacles structurels, il le renforcerait. Pour permettre à notre pays de sortir enfin de cette transition, L'ONDG en appelle à la responsabilité des uns et des autres. Mais surtout L'ONDG lance ici un appel pressant au Président de la république pour qu'il trouve le plus rapidement possible une solution satisfaisante et équitable pour toutes les parties afin d'aller aux élections législatives le plus rapidement possible.

L'ONDG rappelle au président de la république son combat historique pour la démocratie en Guinée, de ce fait, l'exhorte à se placer à la hauteur des enjeux qui sont immenses, à se soustraire des pièges des arrivistes, d opportunistes et des zélés courtisans qui sont prêts à tout pour protéger leurs intérêts privés, fut il au détriment de l'intérêt national.

L'ONDG, rappelle au Président de la République que les pratiques qui n'ont pas marchés hier ne le seront pas aujourd'hui. L'ONDG conseille au président de la république de se soustraire des réseaux clientélistes, ethnico stratégiques qui n'ont rien à lui apporter sinon illusion d'une réussite et d'une grandeur qui est à construire...et que l'histoire sera le seul juge. Mais l'histoire se joue au présent.

L'ONDG exhorte le président de la république à mettre au cœur de son système de gouvernance le principe de compétence et de responsabilité, sans lesquels aucune volonté de développement ne sera viable.

L'ONDG est convaincu qu’aucune stratégie autre que de rassemblement national, de paix et de stabilité institutionnelle et démocratique ne pourra réussir.

Monsieur le président de la république, pour l'histoire, pour votre grandeur historique, pour la réussite de vos œuvres et de vos projets socio-économiques, pour la Guinée et les guinéens qui sont fatigués d'être pauvres dans un pays riche, qui sont lassés de se vivre dans la méfiance des uns vis à vis des autres, qui souhaitent une nation au lieu des communautés ethniques ou claniques, résistez à la tentation de la force et de La victoire à tout prix, résistez aux sirènes démagogiques des thuriféraires, résistez aux réseaux opportunistes et malveillants, résistez aux griots de salon, soyez grands, soyez courageux. Et Surtout, résistez comme cela est recommandé à chaque être humain, encore plus lorsque celui ci doit accomplir de grandes œuvres, à vos propres démons encore plus fortement qu’aux démons des autres, résistez à vos propres tentations encore plus fortement qu'à celles qui vous seront immanquablement et continuellement suggérées par ceux et celles qui feront mine de vous aimer et de vous aider, mais qui ne cherchent que la satisfaction de leurs intérêts propres. Résistez monsieur le Président à toutes les facilités qui vous éloignent de la dureté, de la complexité et même de l’ingratitude de votre mission... Celle de servir la Guinée et les guinéens. Résistez Monsieur le Président à la tentation de la force, elle affaiblit, à la tentation de la puissance, elle vous affaiblira. Votre énergie, votre détermination, les guinéens en ont besoin pour construire une société de paix, de justice, de prospérité et de liberté.

Tendez la main, soyez à l'écoute de ceux et celles qui vous diront en toute fraternité la vérité ; leur vérité.

Monsieur le Président tendez la main, même et surtout à vos adversaires, votre grandeur sera encore plus éclatante, la démocratie sera la et le développement sera prometteur.

Car en Guinée, il nous faut être en mesure de construire une démocratie pleinement fonctionnelle.

Pour cela, nous devons nous libérer des schémas institutionnels et fonctionnels classiques, tout en gardant les rigueurs éthiques et morales des principes démocratiques.

La démocratie et le développement en Guinée seront aussi à ce prix."

ONDG

Synthèse: ANG

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