Hydraulique : la Guinée souhaite exploiter pleinement son potentiel

2 geographie

L’entrée en production du barrage de Souapiti, fin 2019, en Guinée permettra-t-elle de couvrir les besoins du pays et d’alimenter en électricité les États riverains du fleuve Gambie ? De loin, on peut déjà apercevoir l’activité intense rythmant le gigantesque chantier.

Des camions-bennes déversent leurs chargements dans les centrales à béton. Des travailleurs guinéens et chinois s’affairent autour des pièces d’une gigantesque grue jaune en montage. Exécuté pour un montant de 1,4 milliard de dollars (1,2 million d’euros) par China International Water and Electric Corporation (CWE) – également maître d’œuvre du barrage de Kaleta (240 MW) –, l’ouvrage hydroélectrique de Souapiti (550 MW), qui sortira des eaux du fleuve Konkouré, à 135 km au nord de Conakry, sera mis en service entre la fin de 2019 et le début de 2020 (ses travaux ont débuté en 2015).

Il est censé alimenter essentiellement les très énergivores mines de bauxite, dont le pays est l’un des principaux réservoirs mondiaux, et son exploitation démarrera en deux temps. « Avant la mise en marche des groupes électrogènes de Souapiti en 2020, cela permettra d’améliorer la desserte en électricité durant l’étiage 2019-2020 [période où le débit du fleuve est au plus bas]. Et ce grâce aux groupes de Kaléta, qui fonctionneront pendant cette période à plein régime, avec l’eau qui sera partiellement stockée derrière le barrage de Souapiti, en construction », explique Diallo Oury Dadhi, chef du département génie civil du projet, réalisé sous la forme d’un partenariat public-privé avec le gouvernement guinéen.

Puissance garantie de 100 MW

Les caractéristiques techniques du barrage de Souapiti, implanté à 6 km en amont de celui de Kaléta, sont impressionnantes : 1 148 m de longueur, 120 m de hauteur, 6 milliards de mètres cubes de retenue d’eau. Elle est la troisième infrastructure de ce type, érigée en cascade sur le Konkouré, après Garafiri (75 MW) et Kaléta.

Complémentaire de celle de Kaléta (opérationnelle depuis septembre 2015), Souapiti devra, à terme, permettre à cette dernière de disposer d’une puissance garantie de 100 MW pendant toute l’année, même en période d’étiage. Comment ? « Les centrales de Kaléta et de Souapiti auront toutes les deux pour seul réservoir celui qui sera créé par le barrage de Souapiti », indique Diallo Oury Dadhi.

Mais, pour le moment, avant l’arrivée du réservoir de Souapiti, 275 fois plus grand, Kaléta fonctionnera en tant que centrale « au fil de l’eau ». « Pendant la saison des pluies, elle produira à sa puissance maximale (240 MW). Mais, en saison sèche, elle ne fonctionnera qu’à environ 15 % de ses capacités, car son réservoir est très réduit (23 millions de m3) », détaille l’ingénieur.

Fin publicité dans s

Potentiel hydroélectrique de 7 000 MW

Surnommée le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest du fait de ses énormes ressources hydrauliques, avec un réseau fluvial de 6 250 km, la Guinée fait aujourd’hui le pari d’exploiter son potentiel de production hydroélectrique, estimé à 7 000 MW. « Même lorsque Souapiti fonctionnera, on sera à moins de 10 % de notre capacité de production », indique Gabriel Curtis, directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements privés (Apip-Guinée).

Désormais, les objectifs de Conakry, à travers la promotion d’une énergie propre, abondante et bon marché, sont clairs. Il s’agit de réduire la dépendance aux sources d’énergie polluantes, comme le pétrole ou le charbon, et de résorber le déficit énergétique chronique dont souffre le pays. Selon l’expert guinéen Mansour Kaba, ancien ministre, « avec le démarrage de Souapiti, la Guinée diminuera ses émissions de CO2 de 623 370 tonnes par an ».

Réseau interconnecté

La production devrait couvrir les besoins en électricité du pays et même permettre d’approvisionner la Guinée-Bissau, la Gambie et le Sénégal, via le réseau interconnecté de lignes à haute tension de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG).

Enfin, « la Guinée entend approfondir sa politique de mix énergétique grâce à des projets de construction de fermes solaires, dont le développement est assez avancé en Haute-Guinée, plus ensoleillée que les autres régions », conclut Gabriel Curtis.

 

Par Amadou Oury Diallo

Source: jeune afrique

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire