Le Diable et le Bon Dieu


-" Pourquoi faire le mal ?"

-"Parce que le bien est déjà fait ".

-"Qui l'a fait ?"

-"Dieu le Père. Moi, j'invente...(1)

Pour changer le changement en cours, il manque quelqu’un à l’appel, c’est Bah Oury. Il n’est pas pire, il n’est pas le meilleur des acteurs politiques se trouvant actuellement sur le terrain, confrontés à cette nouvelle dictature ethno-confusionniste. Ce qui deviendra « l’Opposition la plus bête d’Afrique », après s’être heurtée à une des dictatures les plus sanguinaires d’Afrique, se disputant la place du déshonneur avec les Idi Amin, Bokassa, Nguéma (Macias), Hissène Habré et consorts, cette opposition s’est intelligemment exilée, camouflée ou muée qui, en commerçants alors qu’ils n’étaient que bouviers, certains parmi ces derniers s’étant très vite convertis en agriculteurs, qui en vendeurs de casse, washmen ou carwash ou vigiles, qui en plongeurs entre deux cours volés dans un amphithéâtre à Paris (France) ou de Berkeley (USA)..

Qui en boat-people chevauchant à l’envers les vagues de l’exil pour revenir chasser l’Homme-peuple qui faisait enterrer vivant son semblable, danser le frère ou la mère sous la corde où étaient suspendus les leurs, se balançant au rythme funèbre d’une comptine post-mortem d’où s’extirpait ce râle d’un nouveau Golgotha :


Woïnna pourquoi m’as-tu abandonné !

Voici, je vais sauter plusieurs décennies. Vingt trois régions devenues trente trois préfectures sous le regard impuissant et ou complice de leurs congénères éparpillés à travers la planète, je dis que la Guinée planétaire devra répondre de ces crimes et rendre intelligible cette métaphysique de l’horreur. Et dégagez-moi ces Comités, Commissions de réconciliation préfabriqués par celui-là-même qui devra monter sur la sellette devenue historique de Kankan-Kouroussa-Siguiri, d’où, menaçant, il pourrait pasticher Néron, «Quel artiste pourrait périr avec moi ! »,avec force rictus béats. On pourrait rêver un tel épilogue d’une vraie Conférence Vérité Justice, après les pantomimes de donsos-grigrimans soupçonnés de jouer les prolongations, en important les méthodes des escadrons de la mort, dans une version canaille, et mercenaire.


Toujours la médiocrité guinéenne dans toutes ses splendeurs décadentes !

Mollahs et curés ne pourront rien y faire. Personne ne pardonnera à personne pour le crime commis par celui-là qui souvent a rendu l’âme dans l’impunité totale, pour celui qui ne fera jamais son deuil, suite au bidouillage avec administration de la poudre perlimpinpin. Le pardon ne viendra qu’après que l’âme d’un Etat de plomb se sera transformée en or spirituel, après « L’attente, l’oubli »(Maurice Blanchot), quand l’âme sera soumise à la trans-valuation, fera une place au Pardon, à « l’Espoir »(Malraux), et à « Ce je ne sais quoi.. » (Vladimir Jankélévitch, qui a fait dire au grand saint mouride, Cheick Ahmadou Bamba en partance en exil au Gabon, depuis son bateau accosté au port de Conakry :

Conakir munakir !

Évidemment pensant à toute la Guinée, Peuple de Guinée Peuple de souffrance.

Ce peuple ne donnera sa part d’éclat à cette Kemia, terre noire, Terre de l’Egypte antique dont les scribes disent que leur mère-patrie était cette« ..Afrique noire (qui) est..mal partie » (René Dumont), ce peuple ne sortira des abysses qu’en retrouvant le Dinga, en se mettant en abîme, c’est-à-dire en manageant sa propre reproduction. En retournant en son centre spirituel, ce rhizome dont l’arborescence est enfouie dans la distraction et le
divertissement qui sont le baume de sanglantes dictatures, souvent machinées du dehors. Pour en sortir et reprendre la voie perdue de vue, point n’est besoin de battre le macadam, il suffit d’emprunter l’antique sentier qui mène au Bois sacré. Cette oralité aujourd’hui inaudible à cause du tintamarre du siècle mais qui toujours continue dans le secret des rituels encore pratiqués par toutes les aires culturelles, y compris l’Occident athée et matérialiste. Du moins dans les recoins où se cultive encore la grande Tradition orale.

Blanchot, Jankélévitch, Bataille, Malraux, Nkrumah, Rawlings, Cabral, Frantz Fanon, Césaire, Sartre, Ahmadou Bamba, Um Niobé, etc. , il y en des centaines, illustres inconnus, martyrs de l’histoire des résistances noires qui ont mené cette guerre du dedans et du dehors dans toute sa rigueur, telle la geste d’El Hadj Oumar Tall qu’on ne cite qu’à contrecœur me semble-t-il dans les chroniques de cette« petite » Guinée d’après la grande Guinée qui préexistait avant les Almamys, Dinah Salif, Boukari Tamba, Samory dont l’âme n’aura peut-être retrouvé le repos éternel qu’après que son apparence physique fût priée par le Saint fondateur du mouridisme. Le grand Djihad, qui est la guerre contre l’âme charnelle, al nafsl amr dont l’exemple nous a été donné par ces grands chercheurs de Vérité (sens premier du mot Dioula !), capable de changer le changement reste à faire.

Ce n’est pas en reprenant la Guinée là où AST (l’Autre Suprême Tyran) l’avait laissée, que le pays qu’il croit avoir « hérité »,sortira des abysses où
elle se trouve. A l’aube des années 90, six conférences nationales ont tenté la refondation de ces Balkans que le Blanc nous a laissés, abats de la Dinde noire chantournée lors des agapes de Berlin en 1884-1885. Ces morceaux de terre sont toujours à téter les mamelles sèches du FMI et de la Banque mondiale. Mais aucun de ces pays n’a comme en Guinée le regret du règne de ces roitelets qui les avaient convoquées. Même si l’un d’eux, Kérékou le caméléon, en l’occurrence était revenu au pouvoir en i996. Mais pacifiquement et démocratiquement. Un seul bon exemple sur six, prouve à contrario, étant donné l’état grabataire de la Guinée depuis 53 ans, malgré ses richesses humaines et économiques potentielles, que le mal guinéen est dans sa tête. Car le peuple guinéen, tout de même majoritaire en Guinée, n’est ni bête ni lâche ni veule, malgré le propos de l’inénarrable Sassine qui dit qu’on ne peut rien contre la bêtise en Guinée, puisqu’elle est majoritaire. Si en effet la bêtise est majoritaire, en Guinée, elle n’est pas une tare de la majorité ; quel est ce chef d’un grand État anglo-saxon qui a dit, dépouillant je ne sais quel scrutin, « 6 oui contre un pour, les pour l’emportent ! ». Ou était-ce l’inverse.

Le peuple de Guinée a prouvé que le sarcasme de Sassine ne le visait pas. Il l’a montré le 28 Septembre 1958, maintes fois pendant les années 90, notamment en 1993 quand la scélérate loi anticasseurs vint briser toutes velléités révolutionnaires, ce qui ne l’empêcha pas de se soulever en 1998. Mais c’est en juin 2006 et surtout de façon plus radicale en Janvier et en Février 2007, qu’il le démontra où debout comme un seul homme, il devenait « l’acteur principal de son destin » (Fabien Eboussi Boulaga) ; il l’a prouvé le 28 Septembre 2009 où ne manquaient à l’indicible horreur, que les scènes de beuveries de sang humain où carnage, viols, animaient (quel contresens !) cette bamboula où la Négraille (Césaire) s’est surpassée et a coiffé au poteau : le Blanc marchant de camelote et de mort, « l’immonde Bête venue de la mer » (Paul Hazoumé dans son grand roman Doguicimi, Paris éd. Larose, 1933).

A présent la majorité en Guinée est devenue cette minorité censée « apporter du dehors la Révolution » ou son peloton de tête (V.O.I. Lénine, encore Lui ! Ou est-ce Marx ?). Il s’agit de l’élite, une fraction de cette petite bourgeoisie surgie d’un abus de langage, on l’a vu avec la chute du mur de Berlin et avec l’effondrement du glacis soviétique deux ans après.
Aujourd’hui, cette fraction se réduit comme peau de chagrin, dont s’habille un nouvel illuminé, l’homme providentiel tombé d’un arc-en-ciel..

J’ai hérité d’un pays mais pas d’un Etat

C’est-à-dire qu’il a hérité un cimetière de ruines. Car un État qui ne s’enracine pas dans une nation n’est que ruine de l’âme, comme « (la) science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».Réciproquement, une nation sans Etat ressemble à un train qui va de... Kankan-Kouroussa-Siguiri à Bobo Dioulasso, toujours en gare depuis sa première mise en rails, juste après la bataille de Kirina en 1235. Encore un abus de langage puisque ce train
attend toujours ses passagers qui ne sont autres que « les acteurs politiques majeurs ». Or ces derniers, comme les Gens du voyage, Roms, Gitans,
Tziganes, etc., ont choisi de s’embarquer dans une« Caravane de la démocratie ».Donc, depuis la disparition de ses chefs historiques, Siradiou, le Pr Alpha Ibrahima Sow, Doyen Ba, l’opposition guinéenne est devenue la plus« intelligente » d’Afrique, malgré ses penchants erratiques, lunatiques veules et lymphatiques.

Quand les masses secouent l’Arbre à palabre chargé de fruits mûrs, quand ces fruits tombent, cette opposition se disperse. Les uns fuient en rase-campagne, pourchassés par d’autres, qui se croient plus malins qui leur crient :


Mugneti ! Mugneti ! Au voleur ! Au voleur !

Pendant que les ci-devant 200 salopards continuent à mordre dans le fruit, en attendant que le Père grabataire se décide à en finir avec ses râles sifflants. C’est le cas de le dire. Donc les uns s’envolent dans les « Classes Affaires » pour un nouvel Exodus (doré celui-là), alors que d’aucun cherche dans la botte de félonie, l’aiguillon qui nous conduira à la Terre promise, à savoir la Palestine qui n’est pas celle que l’on croit ! Bref, la Transition a fini par nous sortir de son chapeau ou plutôt de sa botte un « président démocratiquement élu ».Même l’ex RTG devenue RPTGV l’a dit. Qu’importe que le train à grande vitesse du changement est et demeure de façon amphthéoritique toujours en gare. L’important c’est qu’on ne change pas une équipe qui gagne. C’est une question de principe, de famille.

Maintenant ça suffit la langue de boa. Ce ninguinangade la Fortune a repris ce qu’on lui avait confié de droit divin mais qu’on lui avait subtilisé quelques décennies. Quoique les années Conté ne devraient pas compter, hormis cette « Parenthèse de sang » (Sony Labou Tansi, le Sassine congolais, lui aussi prématurément effacé par la Bêtise) : « le coup Diarra ». Donc le boa constricteur, c’est la même figure affublée du masque de l’« École guinéenne », puisque « Le PUP, c’est le PDG plus le libéralisme », (Aboubacar Somparé). Voici, Alpha a repris le flambeau, le boutefeu de la « question nationale », là où l’autre l’avait laissée, après l’impasse sur « la question peule ».A chaque battement de cils, Alpha se fend d’un propos qui effile les mailles de l’hymne national. En face la riposte ne se fait pas attendre.

En apparence. Nous rejetons catégoriquement ceci et cela, nous demandons la libération de nos militants. Exception faite de nos morts. A l’impossible..Nous n’oublions pas celle des ondes où nous viendrons pour dire avec force : nous rejetons catégoriquement ceci et cela et demandons la libération de tous les détenus, exception faite de ceux qui sont enfermés dans leur tombe, même s’ils sont tombés sous les balles lors des
manifestations que nous avons organisées.

Car à l’impossible..

Nous voulons aller vite aux élections pour qu’enfin « le tableau de bord » et « le cadrage macroéconomique », sans oublier « les indicateurs » de la croissance et du décollage, permettent à la pauvre ménagère de voir que son panier est troué à cause de « Ground Zero » creusé par Al Qaeda qui se trouve à nos portes à Ratoma mais qui de fait, ne visait que Wall street non loin de la Poste, où grouillent cette maffia aux faciès typiques de cambistes..

Alpha satisfera toutes ces revendications. Il y en a une cependant qui semble être un sujet tabou pour tous. Une seule dont l’évocation l’amènerait à fomenter un nouvel auto-attentat.

Il s’agit du retour sécurisé de Bah Oury.

Aucun« acteur majeur » de notre changement ne murmure son nom lors de ces colloques d’oiseaux. Bouche cousue.

- Ce que tout le monde tait, c’est ce qui est vrai, dirait Bouki l’hyène.

Bah Oury est peut-être coupable, mais certainement présumé coupable. C’est pourquoi on a presque saccagé son domicile. Ne s’est-il pas planqué pendant une dizaine de jours, n’a-t-il pas fini par prendre la poudre d’escampette ? Plus véloce qu’A.O.B. Ca lui apprendra celui-là, à ne plus savoir sauter des haies comme tout bouvier qui se respecte ! Voyez ses genoux,

- On dirait masque Zaouli chassé de Bouaflé par..

« Restons à cheu nous !

N’a-t-on pas lancé contre lui un mandat d’arrêt international, que bien avant, marchant sur la Constitution en répondant à un journaliste, notre « Mandela »a eu ce propos :

«..Je n’ai pas de partisans parmi les présumés coupable, euh.. les présumés machin, mais sûr, il y avait des hommes politiques, d’une certaine communauté..».

Hypothèse

Et si le Collectif désignait Bah Oury comme représentant-porte-parole à l’une de ces rencontres pseudo-pseudos au plus haut sommet ? Impensable puisqu’il est déjà présumé coupable ! Mais j’entends :

Nos travaillons à son retour, dans la discrétion. D’ailleurs nous n’attendons plus que son procès soit ouvert !

Et tutti quanti.

Rappelez-vous, nous avons attendu que Syma, entendez la Cour suprême, rende son verdict, après celui, inique, du Général Sangaré.
Notre patience ne fut-elle pas payante. Des médailles, des cauris et même des couronnes de fleurs mortuaires.

Il ne faut pas rire, tous les savants des choses secrètes vous diront que c’est là la voie royale qui mène à la sainteté.

La lenteur est divine, la précipitation est du diable.

Je pense plutôt ceci :

L’opposition toutes tendances confondues, Collectif, ADP, Orly, le Bourget, vous moi, le peuple de Guinée, nous pensons tous que Bah Oury a voulu trucider Alpha Condé. Si jamais il lui venait la vilaine idée de revenir en Guinée, nous nous mettrons derrière « notre président démocratiquement élu », dixit un membre du Collectif au micro d’une kibareuse, (Lynx), si je mens.. Oui, il mériterait qu’on lui mette les fers, ce pyromane qui se laisse exciter par ces pyromanes des Assemblées générales de Commadanyah, le siège de ce Parti, c’est quoi déjà son sigle ? Si nous ne parlons jamais de lui lors de nos chuchotis avec celui-là même dont il trouble le sommeil, c’est par pure politesse, à cause des luttes que certains parmi nous avaient menées avec lui, alors que d’autres n’étaient même pas encore entrés en politique ; c’était il y a longtemps, vraiment longtemps de cela. En ce temps-là, les tortues n’avaient même pas de carapace.
Nous n’avons pas encore oublié qu’il fut l’un des premiers embastillés de « l’Etat de droit », sinon le premier, en tout cas avant même « l’opposant
historique ».

Mais si Alpha finit par avoir la majorité pendant que Bah Oury est « wanted »comme un damné de la terre et que cette « opposition » rendue sourde, muette et amnésique, je dis alors qu’aucun des « acteurs majeurs » de cette « opposition » jamais ne humera ni de loin, ni de près le parfum de l’encre qui sert à signer un décret présidentiel. Cette« opposition » sera maudite pour le siècle des siècles et la prédiction (1900) du grand saint de Touba hantera pour toujours les rivages des Rivières du Sud.

Conakir munakir !


Wa Salam !


El Hadj Saïdou Nour Bokoum

Note: (1) Dialogue extrait de la pièce de théâtre de J-P Sartre, "Le Diable et le Bon Dieu"

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El Hajj Saïdou Nour Bokoum

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