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Heurts entre forces de l'ordre et manifestants à Conakry

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Après les violents affrontements de la semaine dernière et malgré l'interdiction, de nouvelles manifestations de l'opposition ont eu lieu lundi à Conakry. L'opposition guinéenne demande toujours l'annulation du calendrier électoral.

Des barricades de pneus incendiées, des jets de pierre et de grenades lacrymogènes. Les manifestations de l'opposition, interdites par les autorités, ont donné lieu à des incidents sporadiques qui n'ont pas atteint la violence de celles des 13 et 14 avril dernier qui avaient fait au moins deux morts. Ce lundi, le bilan est bien plus léger. Trois blessés côté manifestants selon une source médicale, un du côté des forces de l'ordre selon les autorités. Deux personnes ont été interpellées.

Les forces de l'ordre s'étaient déployées en nombre, notamment dans les quartiers favorables à l'opposition tels que Cosa, Bambeto et Hamdallaye. Dans ces secteurs, beaucoup de commerces, de stations-services et d'écoles avaient fermé, tout comme le grand marché de Madina.

Pas de rassemblement important cette fois, mais l'opposition ne désarme pas contre le calendrier fixé par la CENI, la Commission électorale nationale indépendante. Calendrier qui renvoie les élections locales à 2016 après une présidentielle programmée pour octobre prochain.

Le dialogue amorcé dimanche entre une délégation gouvernementale conduite par le ministre de la Justice Cheick Sako, et le chef de file de l'opposition Cellou Dalein Diallo n'a donc pas abouti. Joint par RFI ce lundi matin, Aboubacar Sylla, porte-parole de l'opposition, estime qu'à chaque nouveau dialogue « le pouvoir les fait tourner en bourrique ». Il craint qu'en acceptant des négociations sans conditions, la Céni ne poursuive son travail. Aussi, il continue de réclamer l'annulation du calendrier électoral.

Hier, lundi, l'ancien Premier ministre dont le convoi a été contraint par les forces de l'ordre de faire demi-tour pour rentrer chez lui a néanmoins qualifié ces manifestations de « succès éclatant ». Cellou Dalein Diallo maintient l'appel à défiler dans tout le pays jeudi.

Des manifestants présumés condamnés

Par ailleurs, les 28 personnes arrêtées pour les manifestations d'opposition de la semaine dernière en Guinée sont passées en jugement lundi à Conakry. Douze d'entre elles ont été condamnées à six mois de prison ferme. Huit ont été condamnées à six mois de prison avec sursis. Sept ont été relaxées. Le dernier prévenu a été jugé irresponsable de ses actes.

Tous ont été jugés en flagrant délit. Or, selon leur avocat, la plupart des prévenus n'ont pas été arrêtés sur les lieux de la manifestation. Me Souleymane Baldé dénonce une volonté de répression aveugle et accuse les forces de sécurité d'arrêter au hasard et d'extorquer les gens. « La plupart des personnes qui ont été arrêtées étaient soit à leur domicile soit à leur travail et on les a déférées devant un tribunal pour attroupement alors qu’elles ont été arrêtées individuellement », assure-t-il.

Il dénonce également la corruption des forces de sécurité qui « dépouillent » selon lui les personnes arrêtées et demandent de l’argent à leur famille : « Si elles ne peuvent pas payer, elles les défèrent devant le tribunal », indique l’avocat. Ils évoquent aussi des maltraitances sur les personnes gardées à vue. « Même dans les manifestations antérieures à l’organisation des élections législatives, nous n’avions pas assisté à une telle volonté de répression, affirme Me Souleymane Baldé. C’est la première fois qu’on voit des gens condamnés à six mois de prison ferme sans aucune preuve. »

Source: RFI

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