« habemus dictatorem» : nous avons un dictateur !
- Par Administrateur ANG
- Le 20/03/2013 à 18:57
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Lors du dernier tournoi du Vatican, l’Argentine a remporté le « pape du monde ». Habemus Papam, nous avons un pape ! Elue sans Waymark le 13 mars 2013, Sa Sainteté François vient de prendre ses fonctions pour une durée indéterminée mais acceptée. En Guinée, n’aurions-nous pas besoin de soupape pour faire baisser la tension nerveuse que nous inflige un dictateur qui n’a envie que d’être président à vie ? Notre pays souffre sous le joug d’un Saigneur argenté qui aime tellement patauger dans du sang qu’il en mettait dans son bain.
AC fait des folies mais nul besoin de naviguer dans les méandres de son cerveau pour savoir qu’il n’est pas fou. Il est plutôt faux. La plus grosse erreur de l’opposition serait de sous-estimer la capacité de nuisance de cet individu qui a fait de la déchirure ethnique sa signature et qui a déclaré urbi et orbi sa haine contre la communauté peule. Il fait tuer des « foulè » (Peulhs) comme des poulets.
AC ne joue pas au foot mais il sait dribbler. C’est à se demander si vraiment il veut des législatives. En effet, le statu quo l’arrange car il gouverne par décrets et n’a, en face de lui, aucun contre-pouvoir.
A chaque fois qu’AC semble reculer, l’opposition croit avoir marqué un point. En réalité, c’est pour mieux asséner un sale coup. Sa tactique est de gagner du temps. Il pose des conditions qu’il sait inacceptables pour l’opposition. Cette dernière les refuse et la transition se poursuit. Pendant ce temps, il reste toujours président !
Parlons encore un peu de Waymark. Chacun se cramponne sur ses positions. Le pouvoir veut maintenir cet opérateur pour frauder ; l’opposition veut s’en débarrasser pour ne pas être lésée. Cette situation de piège arrange quelque part AC.
En effet, des législatives avec Waymark donneraient probablement une Assemblée « nationale » avec les trois quarts du nombre de députés pour le RPG et le dernier quart pour l’opposition. Celle-ci, qui aurait des difficultés à parler d’une seule voix, ne pourrait, dès lors, s’opposer au vote de la plus scélérate des lois.
Par ailleurs, sans législatives le pouvoir a déjà son Assemblée à 100% avec le CNT qui lui dit « amen ! » toutes les fois que ce Conseil est consulté.
Dans tous les cas, AC n’est pas perdant. S’il tient tellement à Waymark, c’est pour montrer à la Communauté Internationale que le processus démocratique est accompli en Guinée.
Alors, que l’opposition devrait-elle faire ? Se battre sur tous les terrains (politique, juridique, médiatique, etc.) pour contrer Condé.
1°) L’opposition a tout intérêt à maintenir son rejet catégorique de Waymark, tellement contesté que même un certain Jean-Marie Doré en demande le départ. Les législatives se feront ou ne se feront pas mais elles ne devront jamais se faire avec un opérateur spécialisé dans les fraudes électorales et radié depuis longtemps de la liste des firmes fiables de l’Onu. Un thuriféraire du régime d’AC vient de prendre la défense de Waymark tout en estimant, ce qui est le comble du ridicule, que cet opérateur est « suffisamment grand pour se défendre tout seul » ! Personne n’a dit que Waymark était petit. Le seul reproche qu’on lui fait est sa partialité en matière électorale : c’est celui qui paye le plus qu’on fait gagner. Allons-nous accepter ce que tout le monde a rejeté ? Il nous faut un opérateur, choisi sur appel d’offres, garantissant une transparence des plus totales. La consultation électorale n’est pas une marchandise.
2°) L’opposition doit, dans un souci d’apaisement qui ne doit pas être interprété comme une peur, accepter le principe du dialogue avec le pouvoir mais, dans la pratique, ce dialogue doit se faire dans un cadre clairement défini : de quoi parle-t-on ? Avec qui ? Pour arriver à quoi ?, etc. L’opposition doit se méfier de certains facilitateurs, désignés unilatéralement par le pouvoir, dont la mission est de la rendre plus facile à manœuvrer. Par principe, elle doit récuser tout facilitateur venant du Mali ou du Burkina ou formaté par la Francophonie d’Abdou Diouf. Je n’ai rien contre les deux pays mais je me méfie de certains de leurs honorables représentants. Par ailleurs, dans le dossier guinéen, notre cher sérère n’a pas montré la neutralité qu’on aurait pu attendre de lui.
La concertation n’est bénéfique qu’en l’absence de cons. Pourquoi ne faudrait-il pas un facilitateur étranger (scandinave, par exemple) sachant prendre de la hauteur par rapport à des querelles intestines et mesquines ? En parlant d’étranger, je vois déjà le camp présidentiel brandir un souverainisme ombrageux alors que la gestion du pays échappe depuis longtemps aux vrais nationaux.
3°) l’opposition devrait envoyer un message clair à la Communauté Internationale et aux vautours qui charcutent la Guinée. Ce qui intéresse la Communauté Internationale c’est moins la démocratie que la stabilité. Elle veut le calme, avec ou sans respect des droits de l’homme. Qu’elle sache que sans la démocratie, il n’y aura pas de stabilité en Guinée. Les jeunes n’ont peur de rien lorsqu’ils n’ont plus rien à perdre.
Que les vautours sachent ce qui suit : AC dit avoir hérité d’un pays mais pas d’un Etat. L’Etat actuel est donc son pur produit. Tout contrat signé avec cet Etat partial est, par conséquent, considéré comme un acte criminel contre la Guinée.
4°) L’opposition doit poursuivre ses marches pacifiques afin de maintenir la pression sur AC et l’obliger à reculer. Elle doit faire valoir tous ses droits et ne jamais reculer devant la menace. AC peut facilement reculer, non pas pour mieux sauter mais pour s’enfuir rapidement. Alaye Condé, peu porté, dit-on, sur le hallal a mis suffisamment de l’argent de côté pour ne pas avoir à se nourrir de viande d’âne à l’ail.
Pour terminer, quelques perles du Net.
a) Déclaration conjointe de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), du Collectif des Partis Politiques pour la Finalisation de la Transition (Collectif) et du Club des Républicains (CDR ) du 18mars 2013 sur la participation de : - Malick SANKHON, Directeur Général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) - Sékou Resco CAMARA, Gouverneur de la ville de Conakry - Moussa Kabassan KEITA, Directeur Général du Centre National de Surveillance des Pêches (CNSP) - Moustapha NAITE, Directeur Général du Patrimoine Bâti Public qui utilisent les fonds publics pour recruter, entrainer et motiver de véritables hordes de loubards qui attaquent, violent et tuent avec l’objectif de décourager toute manifestation ultérieure de l’opposition.
Comment peut-on réprimer des manifestions autorisées tout en s’occupant de sécurité sociale, de pêche ou d’immeubles appartenant à l’Etat ? Quant à Sankhon, chacun sait qu’il est difficile de trouver une localité sans cons ; ne devrait-on pas en limiter le nombre pour dîner en toute tranquillité ?
b) Le gouvernement guinéen a rappelé 189 diplomates dans le cadre de la restructuration en cours au département des Affaires étrangères... L'opération permettrait de réaliser une économie de 5 millions de dollars par an, d’après François Lounceny Fall ce 15 mars 2013. La Guinée compte à ce jour 37 ambassades, 2 consulats permanents (New York et Genève) et un consulat général (Jeddah).
Par souci de transparence et pour montrer le degré d’impartialité de l’Etat guinéen dans les nominations, le ministre Fall peut-il publier la liste de ces 189 diplomates ou tout simplement 40 noms (les 37 ambassadeurs, les 2 consuls et le consul général) ?
Je vous salue, quant à moi en toute transparence.
Ibrahima Kylé DIALLO
Responsable du site « guineeweb.net »
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