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Guinée : vont-ils les gagner ?...

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Qui, ils ? Et gagner quoi ? Ah bon, vous ne savez pas ? Il s'agit du président Alpha Condé et du RPG -Arc-en-ciel, son parti au pouvoir en Guinée. Et gagner quoi ?... Les élections législatives tant attendues depuis le mois de juin 2011 et qui vont enfin se dérouler le 24 septembre 2013.

« Quelle révélation de taille, tu fais là mon cher Ansoumane ! C 'est l'un des secrets de polichinelle dans notre pays depuis qu'on parle d'élections », me rétorque mon compatriote qui m'a rendu visite, ici à Dijon, et avec lequel je suis en conversation, interrompue seulement par nos prières, depuis 21h 30 et il est 3h 25 du matin quand nous arrivons à ce point de notre discussion. Ma conclusion fut qu'il y a des secrets de polichinelle qu'il faut dire pour montrer qu'un pays ne peut pas être peuplé que par des imbéciles.

Des imbéciles?... Oui, c'est ce que les dirigeants guinéens, y compris ceux d'aujourd'hui, ont toujours cru et ce qui est grave, c'est qu'ils ne semblent pas s'en apercevoir. Ils ont toujours cru, ou bien est-ce encore pour se rassurer eux-mêmes (?), qu'ils ont en face une population abrutie par des flots de promesses, à qui l'on peut raconter n'importe quoi.

Maints comportements du président Alpha Condé ne sont dictés que par son désir de durer au pouvoir. Pour faire quoi ? Je pense qu'il doit croire pouvoir réaliser de grandes choses pour la Guinée. Mais a-t-il seulement tenté de s'en donner les moyens ? On peut en douter, à voir le haut personnel politique qu'il a mis aux commandes du pays, en récompense de l'activisme que ce personnel a mené dans son parti, le RPG. Certes, dans des pays démocratiques plus avancés que la Guinée, les partis politiques vainqueurs placent aux commandes leurs membres. Dans un pays au stade de développement de la Guinée, où les ressources humaines hautement qualifiées sont rares et où la bonne marche du pays (gouvernance) conditionne tout le reste: secteurs public et privé, se donner des moyens de réussite pour des gouvernants consisterait à ne pas recourir au système inefficace du népotisme au sens large.

C'est ce système, déjà largement pratiqué dans le pouvoir exécutif guinéen que le président Alpha Condé s'apprête à poursuivre avec les élections législatives du 24 septembre 2013 qu'il « gagnera » et qui ne seront qu'une façade d'élections démocratiques. Il est donc inutile de se faire des illusions sur la transparence de ces élections. Les raisons sont nombreuses, pour d'ores et déjà voir cette question sous cet angle :

1- Depuis son élection en novembre 2010, le Président n'avait entrepris aucun déplacement notable à l'intérieur de la Guinée pour prendre le pouls du pays profond, alors qu'il avait multiplié les déplacements à l'extérieur du pays, pas loin d'une vingtaine. Le brusque intérêt pour des visites à des villes à intérieur de la Guinée, à la veille des législatives et avant l'ouverture officielle de la campagne électorale, est destiné à justifier aux yeux des Guinéens et du monde extérieur que la majorité parlementaire, qu'il envisage d' obtenir, est liée à une adhésion que la population lui aurait manifestée lors de ces visites. La vérité est que c'est une large déception contenue des villes visitées qui s'est manifestée. Un journaliste comme Diawara d'une radio privée de la ville de Kankan qui a dit ce que la population pensait de la politique menée par le gouvernement, a vu sa radio saccagée et le matériel emporté par les nervis au service du pouvoir. Ce journaliste qui se sentait physiquement menacé, a dû s'enfuir pour Bamako (Mali).

2- Les voyages du chef de l'Etat dans les quelques villes doivent donc suppléer, dans son esprit, les lacunes du parti gouvernemental, qui de toute évidence n'est qu'une coquille vide. On s'attend donc à entendre dire: « c'est parce que le Président s'est déplacé à l'intérieur du pays qu'on a massivement voté pour nous ».

3- Massivement voté pour eux ? La vérité est encore plus simple. Les préfets du pays seront au service de ce vote massif. Sur cette question comme sur d'autres, tout préfet guinéen nommé par le pouvoir d’Alpha Condé sait aussi que ça sera aux résultats de ces élections dans sa circonscription qu'il sera jugé. Les escouades d'autres fonctionnaires ne seront pas de trop pour ce service. Exactement comme pendant les élections organisées au temps de Lansana Conté que l'opposant Alpha Condé a tant dénoncées, avec l'approbation des démocrates guinéens.

4- Quand dans une interview récente, Dr Mohamed Diané, ministre d'Etat, affirme qu'avoir une très large majorité à l'Assemblée nationale est une condition sine qua non pour le président de la République pour mener la politique de son programme, il se moque des Guinéens. Depuis le début de l'année 2011, le Président mène cette politique par décrets présidentiels. Où en sont les résultats tangibles à mi-mandat ? La majorité confortable qu'il va bientôt avoir ne changera rien au cours des choses. Cette majorité ressemblera comme une sœur jumelle à la majorité largement écrasante du PUP de Conté, c'est-à-dire une majorité de béni-oui-oui, de députés budgétivores inutiles à la Guinée. Elle ne sera là que pour donner une apparence de lois aux décrets par lesquels le Président a pris l'habitude de gouverner. Cette majorité de députés de paille ne trompera pas grand monde car on saura à l'intérieur comme à l'extérieur pourquoi elle est là, c'est-à-dire, donner l'habillage d'une légalité conforme à la norme de la démocratie et, ensuite, préparer comme tâche prioritaire la réélection d’Alpha Condé pour un deuxième mandat en 2015, pour lequel on voudra faire croire qu'on réalisera des miracles. Quand donc les marionnettes qui s'agitent dans ces actions, vont-elles savoir que la magouille, où que ce soit, peut aussi rencontrer des limites qui plombent leurs opérateurs ?

Ansoumane Doré Dijon, France

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