Guinée : trois ans après la tuerie de Conakry, les victimes attendent toujours justice

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Le 28 septembre 2009 à Conakry, une manifestation de l’opposition était réprimée dans le sang par les militaires, alors au pouvoir. La tuerie - qui s’est produite essentiellement dans le stade du 28-Septembre - a fait au moins 157 morts, des centaines de blessés, 131 femmes violées et 84 disparus. Trois ans après les faits, les victimes attendent toujours que justice soit rendue. L’enquête sur le massacre n’est cependant pas au point mort.

Depuis ce massacre du 28 septembre 2009, la justice guinéenne mais aussi la justice internationale ont été saisies. Jusqu’à aujourd’hui, la Cour pénale internationale (CPI) n’a ouvert qu’une enquête préliminaire laissant, pour l’heure, Conakry mener les procédures.

Inculpation de six militaires

A ce jour, six militaires, au total, ont été inculpés par la justice guinéenne. Le premier, le lieutenant Aboubakar Diakité - qui était l’aide de camp du chef de la junte, Moussa Dadis Camara, qui dirigeait alors le pays - a pris la fuite, après avoir tenté de l’assassiner, en décembre 2009, deux mois après le massacre.

Tout dernièrement, c’est le colonel Abdoulaye Chérif Diaby qui a été mis en examen. Il était ministre de la Santé, en 2009. Il lui est notamment reproché d’avoir « empêché, aux très nombreuses victimes qui affluaient à l’hôpital de Donka, d’être prises en charge par les médecins » et d’avoir « facilité la prise de contrôle par les militaires des hôpitaux où les crimes se sont pousuivis », affirme la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).

En février dernier, les magistrats guinéens ont inculpé le lieutenant-colonel Moussa Tiegboro Camara qui dirigeait les gendarmes dans le stade. Mais en dépit de ces poursuites, il a toujours rang de ministre et conserve ses fonctions de directeur de l’Agence nationale de lutte contre le trafic de drogue, le crime organisé et le terrorisme.

Sont également poursuivis, le capitaine Bienvenue Lamah, sous contrôle judiciaire et enfin, le lieutenant Marcel Guilavogi et l’adjudant Cece Raphael Haba, en détention provisoire depuis plus de deux ans - ce qui constitue une violation de leurs droits.

En revanche, les trois juges d’instruction chargés de cette affaire n’ont toujours pas entendu le capitaine Dadis Camara - écarté du pouvoir début 2010 et qui, depuis, coule des jours paisibles à Ouagadougou, au Burkina Faso - ou encore le capitaine Claude Pivi, ministre de la Sécurité présidentielle en 2009 et qui a été maintenu dans ses fonctions.

Les deux premières années de l’enquête ont surtout été marquées par un manque de moyens mais depuis le début de cette année 2012, les magistrats ont accéléré les procédures. Mieux pourvus, mieux protégés, les juges ont désormais auditionné près de 250 victimes. La FIDH - qui s’est portée partie civile - s’est félicité de ces avancées même si, d’après elle, « beaucoup reste à faire ». De son côté, le président Alpha Condé joue, sur ce dossier, une partie de sa crédibilité, le nouveau président ayant toujours promis, qu’avec lui, le temps de l’impunité était révolu.

« Les auteurs des crimes doivent être jugés et condamnés »

Le 28 septembre 2009, des milliers d’opposants étaient rassemblés au stade du même nom (28-Septembre) pour dire non à une candidature du capitaine Moussa Dadis Camara - alors chef de la junte militaire - à l’élection présidentielle de 2010.
Les forces de sécurité sont entrées dans le stade et ont tiré, frappé, violé des femmes.
Des centaines de victimes et proches de ceux qui ont perdu la vie lors de ce massacre attendent toujours que justice leur soit rendue.

Jointe par RFI, Aissatou, qui était au stade il y a trois ans, explique pourquoi, aujourd'hui, elle vit toujours dans l’incertitude, l’insécurité et la peur. << Quand je verrai que justice sera rendue et que les auteurs de ces massacres du 28 septembre seront jugés et condamnés, je serai tranquille >>.

Source: RFI

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