Guinée : Quelques leçons à retenir pour l'avenir!
- Par Administrateur ANG
- Le 26/12/2009 à 12:32
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Nous sommes nombreux à nous demander pourquoi encore aujourd’hui Mr Moussa Dadis Camara et le CNDD ont des supporters de tout acabit qui continuent à croire en ses proclamations et déclarations de foi du départ. C'est-à-dire depuis celles du 23 décembre 2008 jusqu’à celles de ce mois de décembre 2009.
En effet l’on a assisté à une grande supercherie de la part de MDC en ce sens qu’il a surfé sur les frustrations des populations depuis l’indépendance de la Guinée.
C’est ainsi qu’il «engagea» la lutte contre la corruption généralisée qui gangrène l’administration et partant toute l’économie du pays.
La lutte contre le narcotrafic constituait le deuxième axe de ce combat car la Guinée est devenue en quelques années l’une des plaques tournantes du commerce triangulaire (Amérique latine -Afrique de l’ouest -Europe).
Le déclenchement d’une énième série d’audits dans les unités industrielles et dans la gestion des deniers publics par la haute administration de l’Etat était le troisième volet de cette démarche.
La société civile et le mouvement syndical à la pointe du combat contre le régime corrompu de Lansana Conté, et à la base de la Grève générale du début 2007; la presque totalité des partis politiques; les populations de bases qui n’en pouvait plus de tirer le diable par la queue; et des millions de guinéens de la diaspora, ont apporté leur soutien au CNDD dans la réalisation des objectifs énoncés et pour une transition courte d’un an avant l’organisation des premières élections libres et transparentes depuis un demi siècle en Guinée. Le peuple allait enfin pouvoir librement choisir ses dirigeants étant donné que ni MDC, ni aucun membre du cndd et du gouvernement ne pouvait s’y présenter.
Qu’avons-nous constaté dans la pratique depuis un an?
- Il y a eu le «Dadishow» quotidien qui a amusé la galerie un moment, avec les aveux de quelques gros poissons.
- l’arrestation de Ousmane Conté (fils du défunt Président Lansana Conté) qui a avoué avoir appartenu au réseau de trafiquants de drogue tout en se défendant d’en être le parrain.
- Une cinquantaine de personnes se trouvent ainsi aux arrêts en attendant leur jugement. Parmi eux des commissaires de police, des militaires et des ressortissants Latino Américains.
- Les audits, après avoir démarré, ont été stoppés net avant qu’ils ne soient, bien plus tard, agités comme un épouvantail et un moyen d’écarter les éventuels adversaires à MDC dans la course à la candidature à la prochaine élection présidentielle.
- Aucune institution prévue dans la période transitoire, par exemple le CNT (Conseil National de la Transition), n’a vu le jour ou du moins n’a été effective.
- Tous les pouvoirs (Exécutif, législatif et judiciaire) sont restés concentrés dans les mains de l’exécutif, en réalité dans celles de MDC, car le gouvernement n’avait pas les moyens de sa politique. Régime d’exception à fond qui ne laisse aucune place à quiconque.
- La constitution de multiples comités de soutien à la candidature de MDC, à coups de millions de fg, alors même que l'intéressé gardait le silence sur ses intentions.
Cela commença au mois de mars 2009 déjà, au stade du 28 septembre, par un rassemblement des jeunes convoqués par le Gouverneur de la ville de Conakry et demandant à Mr moussa Dadis Camara de rester au pouvoir.
Ensuite, au mois d’avril 2009, lors d’une sortie à Boulbinet (un quartier populaire de la presqu’île de Kaloum), le chef de l’Etat menaça les leaders politiques des forces vives, d’ôter la tenue militaire pour se présenter à l’élection présidentielle si ceux-ci continuaient à lui manquer de respect.
Cet acte constituait le début du reniement de ses engagements par Mr MDC. La mise à mort du pacte social qui le liait aux populations et au pays. Il venait de changer de modèle de chef d'Etat en Afrique. Dorénavant ce serait le putschiste Ould Taya de Mauritanie au lieu de Ahmadou Toumani Touré (ATT) du Mali.
Comment, en si peu de temps, ce capital confiance du départ a été dilapidé?
Cela n’a été possible que parce que , progressivement, les acteurs politiques et les populations se sont rendues compte, d’une part, que tout était fait pour la candidature de MDC aux élections et que seule l’annonce officielle était encore attendue; et d’autre part, que ce dernier ne respecterait pas ses engagements du 23 décembre 2008, à sa prise du pouvoir.
Parmi les supporters du cndd au départ, beaucoup se sont fait abuser par les promesses fallacieuses maintes fois réitérées que ce soit devant la communauté internationale (CDEAO; Union Africaine; Union Européenne; Francophonie; à Mr Abdoulaye Wade- «Le Père», etc.), ou devant la communauté Nationale en ce qui concerne L’organisation d’une transition courte et des élections libres.
En réalité, et avec le recul, l’on s’est rendu compte très vite que tout était calculé par l’entourage de MDC, c'est-à-dire les faucons du cndd et Mr Idrissa Chérif, le communicateur patenté et de mauvais aloi.
En effet, ce qu’il s’est passé n’aurait pas pu se produire autrement.
Cette équipe est prête à tout, même à précipiter le pays da ns l’inimaginable. La preuve nous a été fournie ce 28 septembre 2009 de triste mémoire. Avec des scènes dépassant l’entendement et renvoyant à une barbarie innommable et indigne du genre humain.
Après les évènements du stade, et comme nous l’avons déjà dit, les masques sont tombés. La vraie nature du régime d’exception est remontée à la surface.
Mais comme le dit l'adage populaire, il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. , abusés au départ, ont fini par ouvrir les yeux sur la réalité de ce pouvoir sanguinaire qui n'hésite pas à tirer ou faire tirer sur des populations civiles désarmées. Avec septembre 2009, c'est bien pour la quatrième fois successivement, en trois ans et demi, que l'armée guinéenne se rend coupable d'atrocités sur les civils ou les policiers.
Les supporters de bonne foi
Beaucoup parmi eux pensent en agissant ainsi rejeter la classe politique accusée d'être à l'origine de la descente aux enfers de la Guinée.
Les supporters opportunistes, eux n'en démordent pas dans leur soutien à l'homme MDC et au Cndd. Allez savoir pourquoi? Ils ont fait le choix d'un homme fut-il le chef de l'Etat, au détriment du plus grand nombre, c'est à dire le peuple de Guinée.
Parmi eux se trouvent ceux qu'on appelle abusivement «intellectuels» et qui ne peuvent pas se départir d'une attitude de «soumission-prostitution» au pouvoir dominant (en place), ou de leurs instincts grégaire et /ou ethno-stratégique.
Ils vont jusqu'à défendre l'indéfendable, nier l'évidence, ce sont ce que j'appelerai, des «négationnistes». Ils nient jusqu'au nombre de morts et de disparus ainsi qu'à l'existence de viols ce jour là sur des femmes.
Mais comme vous le savez, les faits sont têtus, et la vérité ne reste pas longtemps cachée.
Coup sur coup, deux rapports indépendants sont venus étaier ce dont tout le monde se doutait déjà, à savoir des faits constitutifs de «crime contre l'humanité» comme la programmation, la planification et l'exécution de tueries sur des populations désarmées ainsi que les violences sexuelles commises sur le genre féminin.
Comme vous le constatez, ce 23 décembre 2009, au lieu d'être une date que les populations auraient pu fêter comme un jour anniversaire du renouveau de la Guinée, restera plutôt dans nos têtes comme un jour qu'on aurait jamais du vivre car il y a loin de la coupe aux lèvres.
Il n'y a pas et il n'y a jamais eu de messi en politique. Il y a des Hommes d'Etat et d'autres.
Une fois encore, le rendez vous avec l'Histoire a été loupée en Guinée, la date du 23 décembre 2008 restera de triste mémoire.
La violence politique vécue dans ce pays depuis un demi siècle doit dès a présent connaître une fin définitive avec la mise à mort de l'impunité et l'avènement d'un Etat de Droit respectueux de la vie humaine, Un Etat dans lequel les conflits se règlent de manière «civilisée» devant les juridictions compétentes.
Plus que jamais, la vigilance doit être de mise pour ne pas revivre la même chose qu'il y a un an.
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