En effet, lorsque les deux finalistes ont signé le 3 septembre 2010 à Ouagadougou le protocole de bonne conduite sous les yeux du facilitateur, Blaise Compaoré, protocole qu’ils avaient d’ailleurs froissé aussitôt qu’ils avaient quitté le palais de Kosyam, on ne se doutait pas que le pire était à venir.
Les événements s’enchaîneront malheureusement à une cadence telle que le processus électoral de nos jours est grippé. En effet, à J-5, à moins qu’au moment où vous lirez cet éditorial les choses aient bougé, les Guinéens et la Communauté internationale sont circonspects sur le respect de la date du 24 octobre.
Pouvait-il en être autrement, lorsqu’on sait que depuis des semaines, les protagonistes guinéens se complaisent dans la "réunionnite" et le "commissionisme, réunion par-ci, réunion par-là, commission chargée de ci, commission chargée de ça..."
Eau apportée au moulin de ceux qui ne croient plus à une fin normale de cette transition chaotique, voilà que tout le processus se cristallise sur une seule personne : Louceny Camara, président de la CENI, taxé de partialité et de fraude.
On le constate, le rafiot guinéen tangue, alors que de longues vagues l’entourent. Une situation qu’avait voulu éviter le facilitateur, qui avait vivement souhaité que la date initiale du 19 septembre soit respectée : "Plus vite l’on tiendra le second tour, mieux cela vaudra", avait-il affirmé.
Il ne fut manifestement pas entendu, et voilà qu’il est de nouveau sollicité, puisque son ministre des Affaires étrangères est, depuis 48 heures, aux côtés du représentant spécial du facilitateur pour aider à arrondir les angles. Le Gambien Yaya Jahmeh y est déjà pour, semble-t-il, apporter, lui aussi, sa contribution à l’apaisement.
Que peut-il bien faire, le médiateur, Blaise, dans cette galère ? D’un côté, il a le camp arc-en-ciel d’Alpha Condé, de l’autre celui de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, avec en face l’armée guinéenne, ou ce qui en tient lieu, dont les velléités d’arbitrage sont jusqu’à présent contenues par le président-général intérimaire, Sékouba Konaté.
Blaise Compaoré, s’il parvient à concilier ces positions, aura réussi une prouesse. Toutefois, le service après-vente (SA-V) l’attend, c’est-à-dire la période postscrutin, sujet à tous les dangers.
Or, c’est connu aussi, le temps presse, puisque l’agenda du facilitateur est surbooké en cette période, présidentielle du 21 novembre oblige, même si, chacun le sait, ce challenge sera une promenade de santé pour l’enfant terrible de Ziniaré.
En tout cas, de Las Palmas où il s’offre quelques jours de farniente, Blaise doit se demander ce que veulent finalement les politiciens guinéens.
Z. Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga