Guinée : Nicolas Sarkozy, en passe de devenir un faiseur de roi
- Par Administrateur ANG
- Le 15/03/2019 à 07:31
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Conakry, Guinée, 14 mars (Infosplusgabon) - Une récente publication de La Lettre du Continent, rapportant que l'ancien président français, Nicolas Sarkozy, a rapproché, lors de son séjour en Guinée, le Président Alpha Condé et Mamadou Cellou Dalein Diallo, a provoqué une grosse colère du chef de file de l’opposition qui a rencontré la presse jeudi.
Au cours d'une conférence de presse destinée à répondre aux rumeurs et autres spéculations, à la suite de la publication du journal français, relative à une intermédiation de Sarkozy pour permettre à Alpha Condé de briguer un troisième mandat, le leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) s'en est pris violemment à La Lettre du Continent.
Visiblement très énervé contre la publication, sans toutefois dire s'il va ou non porter plainte contre celle-ci, il s'est borné à qualifier de diffamation, l’article faisant état d’un deal entre Condé et lui grâce à Sarkozy.
«C’est de la diffamation pure et simple. Vous savez qu’il n’y a aucun dialogue, tout est coupé, il n’y a aucune négociation possible. Je suis attaché au respect de la Constitution portant sur la limitation du mandat du chef de l’Etat dans notre pays (…) Cela n’a jamais eu lieu entre Sarkozy et moi, entre Sarkozy et Alpha Condé ou entre Alpha Condé et moi », a déclaré le chef de file de l'opposition.
A la surprise générale et contre toute attente, l’ancien président français avait effectué, fin février dernier, au même moment que l'ex-chef de l'Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, une visite de quelques jours à Conakry où les spéculations de toutes sortes avaient été émises pour situer l’objet de son déplacement chez le Président Alpha Condé qui s’était réjoui, en 2012, de son départ de l’Elysée, assurant qu’il commençait désormais à bien dormir.
En réalité, les deux hommes, souligne-t-on de bonne source, s’étaient rencontrés à Antananarivo (Madagascar) lors de la prestation de serment du président malgache, Andry Rajoelina, et s’étaient donné rendez-vous dans un bref délai pour évoquer une affaire datant de 2008 entre la Guinée et un proche de Sarkozy, l’homme d’affaires franco-israélien, Benny Steinmetz.
Celui-ci avait bénéficié "de manière frauduleuse" sous le régime du défunt Président Lansana Conté, très malade à l'époque, de la cession de deux blocs de gisements de fer du Simandou (Sud).
A son arrivée au pouvoir en 2O10, le Président Condé avait fait de la récupération de ces blocs sa priorité, ce qui l'amena ainsi à saisir de gros cabinets d'affaires européens pour défendre les droits de la Guinée. La justice internationale a permis au président élu de gagner une manche du combat.
La visite de Sarkozy a permis, indique-t-on, d'accorder les violons entre Condé et l’homme d’affaires franco-israélien qui a renoncé à ses droits sur les gisements de fer de Simandou, mais a obtenu, en revanche, l’exploitation du gisement de fer de Zogota (Sud).
Revenant sur l’affaire du 3e mandat, Cellou Dalein a rappelé que même si les partisans du Président Condé soutiennent que la Constitution présente des défauts, et qu’il faut la changer, il a rappelé que nul ne peut exercer plus de deux mandats successifs de cinq ans chacun.
« Alpha Condé a prêté serment sur cette Constitution et vouloir s’octroyer un 3e mandat de quelque manière que ce soit est un parjure qui doit être sanctionné comme tel », a-t-il averti.
Il a ajouté que le refus du chef de l'Etat de mettre en place jusqu’à présent la Haute cour de justice, a pour seul but de ne pas être assigné tôt ou tard devant cette institution pour parjure.
Le chef de file de l’opposition a affirmé que la coalition des partis de l’opposition républicaine, les forces sociales, les syndicats, entre autres, sont prêts à se battre pour le respect de la Constitution.
Il a prévenu également que la voix parlementaire pour un 3e mandat est fermée, assurant que d’autres partis se joindront à l’UFDG pour bloquer toute tentative de modification de la Constitution.
Il compte sur l’ancien haut-représentant du Président Condé, et ex-Premier ministre, Sidya Touré, président de l’Union des forces républicaines (UFR) qui, avec une dizaine de députés, dispose de la troisième force politique à l’Assemblée nationale, et qui ne cesse de clamer déjà qu'il sera le prochain président en 2020.
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