Cela fait quatre ans que les cinq officiers supérieurs de l'armée - dont le général Nouhou Thiam, ex-chef d'Etat major de l'armée de la junte qui a dirigé le pays en 2009 et 2010 - sont détenus sans jugement dans une prison à Conakry. Ils ont été arrêtés suite à l'attaque du domicile privé d'Alpha Condé, le 19 juillet 2011, dans un quartier chic de Conakry avec plusieurs autres militaires et des civils. Emmanuel Bamba, président de la Ligue guinéenne des droits de l'homme et avocat des prévenus est monté au créneau, samedi 8 août, pour dénoncer une détention qu'il qualifie d'arbitraire.
« Cette détention est illégale et arbitraire, en même temps, parce qu’aucune disposition légale prévue en droit guinéen ne peut justifier cette détention. Autrement dit, cette détention n’est plus conforme à la loi nationale et encore moins aux instruments juridiques de portée universelle auxquels la Guinée est partie. Voilà pourquoi nous qualifions cette détention d’illégale et d’arbitraire », a expliqué, à RFI, maître Emmanuel Bamba.
Motifs politiques
Le président de la président de la Ligue guinéenne des droits de l'Homme évoque des motifs politiques qui entravent la libération des officiers et envisage la possibilité de saisir la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ou bien une instance onusienne.
« L’Etat ne veut pas les juger, veut continuer à les détenir en violation des règles de procédure, parce que tout simplement il y a certainement des motifs purement politiques. Les autorités judiciaires sont habilitées à mettre en liberté ces cinq officiers-là et elles ont reconnu, devant nous, que cette détention était et est effectivement illégale. Mais comme il s’agit d’un dossier qui concerne le chef de l’Etat guinéen, ils ne veulent donc pas prendre leurs responsabilités », a tenu à souligner Emmanuel Bamba.
« Si notre justice hésite à prendre ses responsabilités face à un dossier parce que tout simplement la victime en cause est le chef de l’Etat, alors cela suppose que notre justice n’est pas indépendante. Nous pensons que nous serons entendus mais si c’est le contraire, si nous sommes dans un pays où les gens ferment les yeux sur les violations des droits de l’homme, nous saisirons l’instance supranationale, par exemple la Cour de justice de la Cédéao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest] devant une instance onusienne et demanderons que ces victimes soient rétablies dans leurs droits », a ajouté le président de la ligue guinéenne des droits de l’Homme.