L'absence de paix sociale depuis pratiquement le milieu des années 1960 est un de nos maux qu'on a semblé ignorer . La nostalgie de la « paix sociale » de l'époque du Parti-Etat de Guinée (1958-1984) que certains Guinéens continuent d'évoquer, n'en etait vraiment pas une, parce qu'elle n'était fondée que sur la peur qui imprégnait tous les comportements sociaux. Une preuve de l'inconsistance de la paix sociale de cette époque s'est manifestée dès le mois de juillet 1985, quinze mois seulement après la chute du système du Parti-Etat par une violence meurtrière , orchestrée par le Général Lansana Conté contre l'ethnie Malinké à Conakry.
Le prétexte en était , tout le monde le sait, que le Colonel Diarra Traoré, d'ethnie Malinké avait tenté un coup d'Etat. Toute la vérité n'a pas été dite sur cet épisode de l'histoire de la Guinée, comme sur d'autres. Pour calmer les esprits?... Toujours est-il que c'est, à mon avis , toute la rancoeur accumulée contre le régime de Sékou Touré que beaucoup de gens assimilaient à un régime malinké qui s'est exprimée dans ces nuits de la Saint-Barthélemy guinéenne à Conakry contre les cadre civils et militaires , les commerçants et autres catégories en vue de l'ethnie Malinké. Rappelons, à ce sujet, que l' ethnie Peul avait également connu ses sombres jours et nuits sur les années 1976-1977, également passés sous silence.
Il ne s'agit pas, en rappelant ces faits, de raviver des blessures mais ce sont des évènements de l'histoire de la Guinée. Ce n'est pas en les occultant qu'on construira une nation solide. Et il s'agit de demander aux nostalgiques de la République sanguinaire de l'ère du Parti-Etat de Guinée « où sont les traces de la paix sociale guinéenne de l'époque de Sékou Touré? ». Une paix sociale doit être un fait durable qui survit à son promoteur . Ceux qui ont montré qu'il n' y avait de paix sociale que les apparences et auxquelles ils ne se soumettaient que par la peur, ont renversé dans le cadre d'un CMRN le système. N'ayant été qu'à l'école de la violence et de la justice expéditive; ils n'en avaient retenu que la violence continue et la justice expéditive dont vivait le Parti-Etat . Et dire que des gens se soient étonnés de la rapidité, sans jugement, de l'éxécution des prisonniers de Kindia en 1985 ! C'était la méthode à laquelle, Lansana Conté, les hommes du CMRN et leurs victimes étaient habitués.
La paix sociale, la fraternité et la communion d'idées nécessaires à la construction de l'édifice national guinéen ne se réaliseront qu'en entraînant tous les Guinéens dans un élan d'aspiration à la solidarité et au rejet, au grand jour comme dans l'ombre, des stigmatisations systématiques de catégories de Guinéens.
Par delà l'appétence effrénée de pouvoir, ce qu'attendent beaucoup de Guinéens, c'est enfin l'homme d'Etat suffisamment dégagé des micmacs patisans, qui apparaisse pour se hisser aux yeux de tous à la place du Président de la République,une et indivisible.
Les bruits qui courent actuellement sur un éventuel coup d'Etat n'alimenteraient aucune rumeur si les Guinéens étaient unis. Ces bruits partent cette fois comme pour faire vrai des révélations du journal satirique français Le Canard enchainé. Plus fort que James Bond ce journal aurait eu accès à des informations des services secrets américains ( CIA) et français ( DGSE), sur la préparation d'un coup d'Etat contre le gouvernement de Guinée. Il y a depuis les années 1960, plus d'une soixantaine de coups d'Etat en Afrique, le Canard enchaîné n'en a pas annoncé un seul à l'avance . Pourquoi cet intérêt subit pour la Guinée?...Si c'est un montage par ceux qui sont contre la tenue des élections législatives, question majeure de ces jours; eh bien c'est un montage grossier, parce que cousu de fil blanc. C'est pour intoxiquer encore une fois les pauvres Guinéens . Et des meutes haineuses se dressent comme des chiens de chasse contre les jeunes Peuls désignés par l'article du Canard enchaîné comme les fers de lance du coup d'Etat annoncé. La situation aurait été ridicule si ce n'était pas dramatique pour la division des Guinéens. Je suis en parfait accord avec le frère Aboubacar Sidiki Kaba quand il écrit sur guineenews@googlegroups.com qu'il faut foutre la paix aux citoyens guinéens d'ethnie peule sur ces rumeurs.
Là, c'est la voix du Président de la République qu'on aurait dû entendre.