Guinée: et maintenant ?
- Par Administrateur ANG
- Le 02/01/2010 à 12:17
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Il semble que ce soit fini pour l’un des membres du CNDD et que la Guinée entre dans une période d’incertitudes une fois de plus. Incertitude, dans la mesure où celui qui va remplacer Dadis devra trouver les moyens de s’imposer sans contestation de la garde prétorienne –militaire et civile- de ce dernier ; ce qui n’est pas acquis d’avance.
D’autre part, certains compatriotes, encore une fois, jouent les nigauds en fondant espoir sur Konaté comme si celui-ci était un homme nouveau et non CNDDiste. Dadis était beaucoup plus loquace et ouvrait son cœur au point de révéler et dévoiler tous ses secrets or le Général de Dadis, Konaté, est plus taciturne et surtout entouré et/ou lié à des personnes plutôt dangereuses pour la paix et cohésion sociale : voila le danger de Konaté ! A-t-il la force de caractère pour résister là où Dadis a succombé aux appels de ‘’conseillers’’ pour se parjurer et tenter de se maintenir au pouvoir même au prix du sang de ses compatriotes contestataires ? Ayant été en phase et le second de Dadis pendant 11 mois, sur lequel ‘’l’Armée’’ jurait sur la Bible et le Saint Coran (sic) aussi fidélité, peut-on penser qu’il a un objectif plus républicain et patriotique (par rapport á la parole donnée en décembre 2008 et que les militaires n’ont pas pour mission de gouverner) ? Cela dit, le problème ne devrait pas se poser avec des leaders et acteurs politiques et assimilés avertis car même avec Nelson Mandela* en charge à la place du CNDD, le processus entamé avec la Communauté internationale doit continuer jusqu’à son dénouement. La succession de Dadis devrait rester le problème du CNDD et au niveau d’épiphénomène pour nous. En effet, ce serait une erreur énorme de personnaliser notre lutte en faisant croire que nous luttons contre Dadis ; ce qui n’est pas vrai : le combat est dirigé vers la CNDD mais Dadis en tant que son chef, en était aussi le symbole et le répondant. C’est évident pour beaucoup mais hélas, pas pour tout le monde. Cela mérite donc d’être souligner sans équivoque : nous n’avons rien contre Dadis Camara, le citoyen guinéen au même titre que nous mais par contre nous en voulons au chef du CNDD. Et ce, qui qu’il eût été ! Un adversaire devenu ennemi pour certains d’entre nous après les barbaries du 28 septembre 2009.
Et maintenant ? En ce qui concerne certains d’entre nous, les acteurs politiques, les leaders politiques en premiers doivent sortir de leur léthargie et assumer leurs responsabilités, certains et confiants d’avoir le droit et le devoir moral de leur côté. La perte de Dadis n’embête que le médiateur qui devra revoir ses biais et en trouver d’autres. La seule chose et point d’achoppement qui doit rester immuable et sine qua non est l’envoi à Conakry (pas le reste de la Guinée) d’une force de protection : ce ne sera que des gardes du corps pour les leaders politiques et de maintient de l’ordre afin d’instaurer un équilibre propice au déroulement du processus de transition. En bref, par soucis d’écourter cette médiation attrape-nigauds de Blaise Campaoré, Dadis hors-jeu (sauf vrai miracle, littéralement parlant) prenons ce dernier au mot :
· Envoi d’une force de gardes du corps pour les leaders de l’opposition jusqu’à la constitution du gouvernement de transition qui décidera de l’opportunité de la force de protection qui devrait être limité à Conakry à cause de l’effet psychologique développé dans l’esprit de beaucoup de Guinéen par les démagogues, ‘’nationalistes’’ de circonstance. Et puis l’essentiel se passe à Conakry, politiquement parlant ;
· Dissolution du CNDD et cantonnement des militaires dans leurs casernes dans un premier temps avant le redéploiement de ceux qui ne faisaient pas partie des milices CNDD á l’intérieur du pays pour sécuriser les populations et le territoire ;
· Nomination pour présider (pas diriger) le processus de transition, en pis-aller, d’un des anciens Généraux mis á la retraite par Dadis mais qui a vraiment gagné ses galons et respecté par ses troupes, s’il y en a encore dans’’ l’Armée’’ guinéenne. Ou bien alors, à titre ‘’ad hoc’’, demander à l’officier des mutineries de 1996, Gbago Zoumanigui de bien vouloir reprendre du service pour présider en tant que militaire (même s’il n’est plus d’active) la transition (maximum 9 mois) ;
· Formation d’un gouvernement d’union nationale dont la mission sera exclusivement de revoir la constitution et d’organiser les élections législatives (dans les six mois) qui permettront de décanter la pléthore de formations politiques afin que les présidentielles se déroulent dans le sérieux et la sérénité. Et surtout la lettre de mission de ce gouvernement devra se limiter au delà de la politique qu’à la stabilisation de l’économie et aucun projet á court terme excédant 6 mois. Il faut noter qu’il serait très souhaitable que ce soit ce gouvernement d’union nationale qui prépare la nouvelle constitution plutôt qu’un éventuel parlement dominé par une seule formation politique et assimilés ; ce qui rendrait toutes nos batailles vaines : il ne faut faire confiance à personne !
· Le processus d’enquêtes de crimes contre l’humanité doit se poursuivre et celles des massacres de 2006 et 2007 rouvertes ; sans oublier les prétendus et avérés détournements de deniers publics et autres scandales financiers qui relèvent tous du Judiciaire ; et par conséquent, l’avènement d’un nouvel Exécutif ne devrait en aucun cas perturber ou influencer leurs cours : tant que nous ne mettrons pas fin à l’impunité, les mêmes causes reproduiront les même effets, un perpétuel recommencement.
Voila un minimum à obtenir pour nous sortir du piège de la médiation de Blaise Campaoré que seules les Forces vives savent les raisons qui les ont poussées à accepter ce Monsieur, allié objectif de Dadis et ami de Kadhafi.
Cela dit, Le mercenaire civil de Dadis proposerait aux Forces vives la formation d’un gouvernement d’union nationale aux contours imprécis, à part que le PM serait de l’opposition (et là aussi, laquelle ? Celle des Forces vives ou l’alliée du CNDD ?) et sans préciser si oui ou non le CNDD serait au préalable dissout. Il veut plagier Laurent Gbagbo en tentant de reprendre l’initiative face á la léthargie des Forces vives et à la déroute du médiateur avec Dadis hors-jeu : la médiation présente probablement moins d’intérêt maintenant pour Blaise Campaoré qui serait certainement heureux d’être déchargé pour se concentrer et sauver ceux qui lui restent en Côte d’Ivoire. L’erreur une fois de plus fatale serait de saisir cette main tendue de Judas car tant que l’équilibre des forces sur le terrain sera à l’avantage des assaillants, le CNDD pourra, comme en Côte d’Ivoire, à tout moment faire dérailler le processus pour que le statu quo persiste aussi longtemps que cela les arrange : il faut avoir à l’esprit que les piliers du CNDD sont susceptibles d’extradition au TPI.
Pour finir, disons que nos leaders doivent faire montre de génie politique pour contourner les pièges et blocages qui ne manquent certainement pas. Bien que l’on utilise le terme de ‘’science politique’’, la politique n’a pas de lois mais plutôt certains axiomes en termes de garde- fous seulement et renferme probablement la partie des sciences humaines et sociales. Tout ce petit laïus pour dire que la bonne pratique de la politique veut que chacun situation soit un cas d’espèce à part entière ; il n’existe pas de méthodologie universelle de résolution de crise : les solutions de la Côte d’Ivoire ou de la RDC, etc, ne sont pas celles de la Guinée. S’il faut faire des interprétations abusives et/ou outrepasser le droit international, convaincre avec les moyens et ressources accessibles ceux qui peuvent nous aider à atteindre nos objectifs, en politique cela est de bonne guerre et acceptable tant qu’il n’y a pas de violations flagrantes des droits humains (n’appelez pas cela du machiavélisme mais faire de la politique). Ce n’est pas parce que tels opérations et procédés n’ont pas été utilisés dans des cas similaires ou auparavant qu’il ne faut pas innover et en faire ‘’une première’’, si possible ! Voila ce que beaucoup d’entre nous attendons de ceux qui ont pris la responsabilité de s’ériger en leader politique et aspirent gouverner une Guinée libre, enfin démocratique et surtout politiquement démilitarisée.
* : Nelson Mandela est certainement l’homme de notre époque le plus intègre et vertueux politiquement parlant.
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