GUINEE: ATTERRISSAGE FORCE POUR LE P.M LANSANA KOUYATE
- Par Administrateur ANG
- Le 24/05/2008 à 13:43
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La nouvelle de la destitution du P.M, est tombée comme un couperet, mais pour nombre d’observateurs de la situation politique guinéenne, elle ne peut faire l’effet d’un scoop. En effet, depuis un certain temps, le compte à rebours de cette dégringolade a été enclenché, car en plus des désaveux cinglants essuyés de la part du général, des voix, de plus en plus dissidentes, s’élevaient pour réclamer son départ, tant la déception était grande, par rapport aux attentes des populations, dont le ras-le-bol, qui s’est manifesté à travers les évènement tragiques de janvier et février 2007, avait pourtant conduit à la nomination. Le vol plané se termine donc en chute libre. Sur les véritables raisons de ce limogeage, les spéculations vont bon train et d’aucuns estiment que les rapports d’audit publiés ces derniers jours, concernant l’opacité de la gestion calamiteuse des services publics, a de façon opportune, précipité cette décision du général, dont l’entourage se trouve quelque part, trempé jusqu’au coup, dans les malversations financières compromettantes, qui auraient causé leur perte, en cette période de lutte fratricide de conquête et/ou de reconquête du pouvoir, l’après Conté, se profilant inéluctablement à l’horizon. Encore une fois, le vieux général dégaine sa baguette magique. Comme à l’accoutumée, il use sans coup férir, de son pouvoir discrétionnaire, que lui confère la loi fondamentale guinéenne, de nommer et de révoquer qui il veut, comme il veut et surtout quand il veut, tout cela, dans un contexte de confusion et de mélange des genres. Par cet acte, le général vient à coup sûr, de tuer l’esprit des accords tripartites, ayant favorisé l’entame de ce processus dit de changement, qui tient tant les guinéens à cœur, mais qui malheureusement, dans les conditions d’exercice du pouvoir de l’administration Kouyaté, ont contribué à exacerber les clivages et les divisions. Lansana Kouyaté a failli, parce qu’il n’a pas su honorer ses engagements, au regard de la feuille de route, dont il avait pour mission de mettre en vigueur. Son bilan politique en tant que P.M de consensus est plus que mitigé et il serait prématuré d’en tracer les contours exacts, de façon exhaustive. Une chose reste claire, il a fait ce qu’il pouvait, comme il le pouvait et surtout comme il l’entendait. Des oppositions de principe à sa vision de la gestion politique et de l’administration publique, il y’en a eu pas mal durant ses 15 mois passés à la primature et aussi variées et contradictoires que soient les prises de position par rapport à son règne, l’avenir déterminera les torts et les raisons des uns et des autres. On ose cependant espérer qu’il aura le courage politique de déterminer désormais, son appartenance à quelque bord que se soit, pour espérer un jour, briguer un poste électif, en toute indépendance et surtout, en toute légitimité, car autrement, ce serait donner un gage sûr d’acharnement, à tous ceux qu’il considère comme ses détracteurs. Avec la nomination du nouveau P.M en la personne de M. Ahmed Tidiane Souaré, c’est un nouveau départ serait-on tenté de dire, mais en fait de départ, on essaye toujours de prendre un hypothétique élan, qui a chaque fois, est abruptement coupé, par des rebondissements, qui perturbent le cours normal des évènements. Aujourd’hui, les guinéens ne peuvent être euphoriques et ils se trouvent dans l’expectative. Depuis le temps, ils ont reçu tellement de coups, qu’ils ne peuvent plus se permettre d’avancer à découvert, en croyant naïvement au miracle. Au point, où nous en sommes, comme profond sentiment, c’est le scepticisme qui l’emporte, car le combat contre les sournoiseries du système, est loin d’être gagné, tant que les décideurs politiques ne daigneront, assumer consciemment, leurs choix et leurs responsabilités, dans cet état de décrépitude du peuple de guinée. Nul besoin, de se mettre en branle, dans le déballage de la litanie des maux de notre société, car à force d’en avoir parlé, ils se trouvent encrés dans notre subconscient même. L’alternance politique, les remaniements ministériels ou le renouvellement de l’administration dans un contexte de démocratie, sont nécessaires et souhaitables, car cela contraint les gouvernants à un devoir de résultats, qui seul, cautionne la confiance des administrés lors des consultations électorales. Mais en guinée, les hauts cadres de l’administration, sont souvent soumis à une pression morale, que crée ce climat d’instabilité permanente, qui ne garantie aucune assise et se sentant constamment sur une chaise éjectable, ils se croient instinctivement obligés, d’assurer leurs arrières, en se constituant sur le dos des populations, des mannes financières qui frisent le scandale. L’organisation du cinquantenaire initiée par Lansana Kouyaté, s’il faille nécessairement le célébrer, doit être l’occasion ultime à mettre à profit, pour réconcilier les guinéens, dans un esprit de justice sociale, qui passerait nécessairement, par la reconnaissance des forfaitures, dont les responsabilités doivent êtres situées et assumées pleinement par leurs auteurs. Pour ce faire, des commissions de travail doivent être instituées, pour tabler sur les aspects politique, économique et social de la marche de guinée en tant que nation, de l’indépendance à nos jours, afin de déterminer les innombrables erreurs de parcours et d’en tirer des enseignements utiles à notre avancement. La continuité de l’Etat suppose que le nouveau gouvernement reprenne à son compte, les acquis sociaux obtenus de longue lutte, aussi minimes soient-ils, pour donner un sens positif au combat du peuple de Guinée, qui n’a aujourd’hui, comme seule exigence, que les dirigeants se mettent au travail, au service exclusif du peuple, dans un esprit patriotique. M. Ahmed Tidiane Souaré, en sa qualité de P.M, malgré ses premières déclarations de bonne intention, sera jugé à l’œuvre, car en Guinée, les promesses sont une chose et la réalité tout autre. On a plus qu’à laisser le temps au temps et on verra bien la suite.
BAYO Abidine
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