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GUINEE : ATTENTE DE LENDEMAINS QUI ...?


 
On a déjà beaucoup écrit sur la période de Transition qui commence avec le gouvernement de Jean-Marie Doré et, quoi qu'on dise, le gouvernement « parallèle » du Général Sékou Konaté et on écrira encore là-dessus . Dans tout pays, celui qui remplit les fonctions de chef de l'Etat dispose forcément d'un cabinet mais qui ne ressemble en rien , ni en structure ni en titre au gouvernement du même pays.Dans l'exemple guinéen actuel, les deux gouvernements se ressemblent comme des frères jumeaux.

D'aucuns diraient des faux jumeaux, certes, mais tout de même des jumeaux. Où a-t-on jamais vu un cabinet présidentiel comptant dans ses 23 membres, cinq ministres ainsi nommés dont un ministre d'Etat et qui ne font pas partie du gouvernement officiel de l'Etat? Sacrée constance du déguisement et des manoeuvres dilatoires au sein du sérail même, des vraies intentions dans la gouvernance en Guinée! C'est déjà un motif d'inquiétude pour l'avenir mais pas de renoncement à l'espoir d'un avenir meilleur pour la Guinée.
J'ai compris comme un grand nombres de mes compatriotes les soucis , les embarras, les sollicitations tous azimuts qui ont entouré la constitution du gouvernement de Jean-Marie Doré. L'exacerbation des tensions ethnicistes et régionalistes latentes qu'il ne fallait pas balayer d'un revers de main a été prise en compte et explique sans doute une part de la longueur du temps de formation et de la lourdeur de ce gouvernement en 34 départements ministériels. Sur un plan tactique, c'était intelligent d'avoir agi ainsi mais la politique ne doit-elle se jouer que sur un plan tactique seulement,fût-elle celle de la Guinée d'aujourd'hui? Le revers de la médaille des louables considérations de cohésion nationale qui ont été retenues, risque d'être une cause d' obsolescence rapidement atteinte par les deux gouvernements constitués pour, en principe une courte durée (6 mois, c'est ce qui a été prévu à Ouagadougou et que tout le monde répète).
Par la constitution autour de Sékouba Konaté d'un cabinet-gouvernement,un double objectif non avoué semble visé: d'abord enrayer l'effacement progressif des membres décriés du CNDD du champ politique et dont, d'ailleurs 6 membres appartiennent déjà au gouvernement civil; ensuite et surtout , protéger ceux de ses membres poursuivis pour crime contre l'humanité, notamment dans les massacres de septembre 2009.C'est une source de grippage de l'action gouvernementale à venir non pas tellement en raison de confusion de « secteur territorial » de compétence , la culture politique de notre pays a tellement habitué à ces cas de figure, que nombre de ministres ne s'en sont jamais offusqués, pourvu qu'ils tiennent un maroquin.Dans l'actuelle équipe, je n'en vois que quelques-uns qui soulèveraient des problèmes de compétence mais leur domaine d'action est si technique que la question ne se pose même pas.Ce sont tous les autres qui contribueront à brouiller la visibilité d'ensemble de l'action collective des deux gouvernements guinéens.
Quelles que soient les qualités de Jean-Marie Doré et il en a , le lourd charrois gouvernemental qu'il va conduire , en parallèle, avec le cabinet-gouvernement présidentiel ,risque, on l'a déjà dit, de s'enliser. C'est connu qu'un camion trop chargé qui veut en outtre, rouler vite et en parallèle avec un autre camion chargé, dans un contexte d'embouteillage,risque de ne pas atteindre sa destination. Le Président intérimaire Sékouba Konaté, affirme le contraire sur ce qu'il considère comme sa bonne foi de ne pas constituer un obstable pour le gouvernement civil.Mais que signifie,en fin de compte cette référence constante à la « bonne foi » dans cette Guinée où la direction du pays a continuellement enjamber allègrement les plus abominables forfaits pour s'empresser d'évoquer le sempiternel PARDON à noyer tout le reste? Poser cette question n'est ni de la haine contre qui que ce soit ni pousser à une guerre civile mais tout
simplement tenter de lutter contre le laxisme ambiant et pour plus de rigueur dans la construction nationale.C'est aussi par respect pour la mémoire de nombreux martyrs des 52 années de l'existance de la République de Guinée.La construction nationale ne peut pas reposer que sur des faux-fuyants toujours conseillés par l'appel au PARDON , en somme à la pérénisation de l'impunité.
En tant que tel le gouvernement de Jean-Marie compte des Guinéens de grandes compétences. Je peux en citer deux que je connais , mais il y en a sûrement d'autres .Des deux que je connai, il s'agit de Kerfalla Yansané, ancien Gouverneur de la BCRG où il avait fait, en son temps, montre de grandes qualités professionnelles.Je le connais sur deux points,d'abord, nous avons eu comme Maître, le Professeur Christian Gavalda que j'ai eu comme enseignant de droit commercial et bancaire en 1961-1962 et lui d'avoir fait avec M.Gavalda, une excellente thèse de doctorat d'Etat dont il a tiré l'ouvrage « Contrôle de l'activité bancaire dans les pays africains de la zone franc », publié en 1984 (LGDJ., Paris et NEA, Dakar ,Abidjan). L'autre point de connaissance de Kerfalla Yansané est que nous avons été enseignants d'Université et des étudiants qui arrivaient de Dakar en France, dans mon Université pour un troisième cycle m'ont beaucoup parlé de lui en bien.L'autre ministre du gouvernement que je connais est Mansour Kaba avec lequel j'ai eu des échanges quand il était de passage en France ou quand il exerçait son métier d'entrepreneur en Guinée Equatoriale. Ce sont là deux hommes de grandes qualités.
Si d'autres ministres du gouvernement de J.M. Doré sont de la qualité de ces deux que je viens de citer et il n' y a pas de raison de douter que d'autres ne soient pas de leurs qualités de compétence, on peut estimer que sans obstacles majeurs la mission du Premier Ministre aura des chances de succès . Ce constat suffit-il, cependant, à se rassurer? Après ce que je viens d'écrire sur la lourdeur des deux appreils gouvernementaux, un petit doute subsiste même si le souhait de réussite qu'on peut formuler pour l'équipe est là.On est en effet obligé de revenir au point de départ et de se dire pourquoi, malgré le vif désir d'union nationale n'a-t-on pas remis à l'après-période transitoire, le modèle de structure gouvernementale en place pour un modèle plus léger? Après la Transition et les élections qui vont suivre le ou les partis vainqueurs ne pourront pas faire autrement que de recourir à un système de gouvernement d'union
nationale pour consolider l'unité nationale et atteler une société apaisée à l'oeuvre d'édification nationale. Un gouvernement formé après des élections transparentes aura plus de temps devant que le gouvernement de Transition. On a donc mis , comme on dit , la charrue devant les boeufs.Cela ne doit toutefois pas conduire , comme certains ont semblé le recommander, de demander aux Forces vives de rompre avec les accords qui ont été conclus à Ouagadougou le 15 janvier. Dans l'article «  Le noeud gordien », j'avais indiqué que pour sortir de certaines situations difficiles (comme la crise guinéenne par exemple), le recours à des voies peu orthodoxes était nécessaire. Disons que l'état des cristallisations des positions divergentes était tel que ces accords ont été comme si on avait finalement trancher le noeud gordien de la crise guinéenne.Le cours des évènements a du reste montré que ces accords n'avaient finalement pas sembler avoir donné entière satisfaction à un camp ou à l'autre . La preuve en est que l'allusion à deux gouvernements parallèles trottine dans toutes les têtes même si, en haut lieu, on minimise cette allégation. Il ne fallait donc pas que les Forces vives laissent le champ libre au CNDD qui aurait ainsi finiment bien joué par l'entremise des propositions unanimement jugées louables et ouvertes à l'Extérieur du Général Sékouba Konaté, Président intérimaire, de demander aux Forces vives de lui présenter un des leurs pour la Premature du gouvernement de Transition. Un retrait de ces Forces vives les aurait internationalement décrédibilsées et le pouvoir militaire aurait fini, malgé des gesticulatons erratiques, par se faire à nouveau accepter. C'est pourquoi, même en soulignant ce qu'on peut noter comme handicaps du gouvernement formé, il faut éviter, pour l'heure, la critique systématique en son encontre et attendre de voir ce qui va découler de son orientation de travail.Les critiques systématiques et négatives d'un gouvernement ne peuvent que laisser des impacts négatifs, car par delà les mondanités que les gouvernants ou leurs émissaires peuvent se faire dans des salons feutrés, l'image des pays des uns et des autres qu'ils se font, est fondée sur ce qui s'écrit et s'entend sur les pays réciproques . Pour ce gouvernement dont les uns et les autres, ont trop souligné l'obésité et en ont tout de même reconnu la cause : le souci d'union nationale, il faut sans se muer en thuriféraires , dire ce qui semble marcher et ce qui ne semble pas marcher pas. Si les hommes et les femmes aux commandes du pays sont ouverts, ils en tiendront compte.
Pour la troisème composante aussi essentielle de la Transition,le CNT,sa Présidente, Rabiatou Sérah Diallo a déjà montré sur le champ syndical ce dont elle est capable pour le service du pays.Je crois qu'elle le sera aussi dans cette mission avec le concours de Mgr Gomez.Comme le gouvernement de J.M. Doré, le CNT de R.S. Diallo risque de pâtir de son poids prévu et du délai de mission qui lui est imparti.Mais souhaitons lui succès et réussite.
Enfin, il paraît que les délais des élections se précisent et les millions de Guinéens vivant à l'étranger ne seront sans doute pas électeurs, selon le Président de la CENI . Des raisons matérielles de recensement de cette diaspora sont évoquées.Par delà ces explications,plusieurs autres non avouées existent sans aucun doute: bien des Guinéens de l'intérieur et notamment, dans la classe dirigeante qui , en dehors des simagrées de cordialités, n'aiment pas les Guinéens de l'étranger mais ça ne se dit pas brutalement ainsi,bien que nombre d'entre eux y ont des parents proches.Je crois connaître ou deviner les raisons de cet ostracisme que je déveloperai plus tard , s'il s'avérait en définitive que ces millions de Guinéens sont exclus d'élections. Pour le moment, j'ai comme une conviction que les explications de non participation de la diaspora aux élections qu'on suppose (à tort) plus critique ou plus favorable à tels ou tels hommes politiques, ne sont pas seulement matérielles et financières mais relèvent d'ententes plus haut qu'on ne peut l'imaginer. J'ai tout de même ma petite idée là-dessus.
Pour l'heure et le moins qu'on puisse dire est que des manoeuvres de cette espèce ne grandissent pas leurs auteurs qui ne rendent pas ainsi service à l'avenir de la Guinée.Ce pays dispose à l'extérieur des ressources humaines extraordinaires, jeunes, techniquement et professionnellement bien formées. Ajoutées aux ressources intérieures, il y aurait de quoi entamer une marche aux développement intégral du pays. Cette équipée ne concerne, certes plus des septuagénaires égrotants de ma génération mais pour ceux qui le peuvent, nous avons le devoir et le droit de le dire pour les jeunes générations de Guinéens et pour la Guinée.Des manoeuvres subalternes et accessoires , il y en eu des tonnes et des tonnes sur la Guinée depuis 1958 mais qui peut montrer les traces bénéfiques qu'elles ont laissées sur le Pays?

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