Frères et sœurs de Guinée, ressaisissons-nous !
- Par Administrateur ANG
- Le 28/05/2013 à 17:35
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Dans un de mes précédents billets, je mettais en exergue la nécessité de l’émergence d’une nouvelle classe politique. Dans un autre je pointais du doigt le déficit criard de stratégie de l’opposition et je lui lançais un appel à privilégier le dialogue en retournant à la table de négociation sous l’égide de la communauté internationale et en renonçant aux combats de rue dont les conséquences, vu l’état d’ethnisation du paysage politique, risquent d’être catastrophiques pour notre nation.
Sans autosatisfaction aucune, mais plutôt le cœur meurtri, je constate que les dernières évolutions de la situation me donnent raison.
Sur le chemin tortueux qui mène à la démocratie, trop de fils de Guinée ont perdu la vie. Cela suffit comme ça !
Je m’incline ici devant la mémoire de ceux qui sont tombés et je lance un appel à mes compatriotes, ressaisissons-nous avant qu’il ne soit trop tard !
En légitimant la violence comme seul moyen d’expression du mécontentement, nous rentrerons dans un cycle infernal dont nous mettrons des générations et des générations à sortir.
Lorsque l’on s’affronte jusqu’à la mort pour une simple question de choix d’itinéraire de marche, cela n’a plus rien à voir avec la démocratie. Ceci est le signe de la victoire des extrémistes sur les esprits rationnels.
Posons-nous les bonnes questions : Pour qui et pourquoi réellement nous nous battons ? Qui sont réellement ces nouveaux chevaliers blancs de la démocratie qui, par ailleurs, ont participé aux régimes dictatoriaux passés ?
Quelles sont les véritables intentions de ces hommes politiques qui nous poussent à l’affrontement ?
Devons nous sacrifier notre fraternité sur l’autel de leurs intérêts égoïstes ?
Au sortir de la transition, l’état de déliquescence de l’appareil étatique et la paupérisation du peuple nécessitaient une unité nationale. Au lieu de cela, nous assistons depuis à une lutte acharnée pour le pouvoir dans un jusqu'au-boutisme désormais devenu légendaire.
Comment pouvons-nous comprendre ou accepter que les membres de ce qu’on appelait alors les « forces vives » soient aujourd’hui incapables de discuter autour de la table pour trouver un compris ?
Quelle est cette stratégie morbide consistant à procéder au décompte des cadavres des fils de Guinée après chaque manifestation ?
Qui sont ces politiciens, qui, comme au temps des colonies, prennent leurs baluchons pour monter à la métropole pour que consignes leur soient données sur la manière de résoudre leur différend.
N’est-il pas triste de constater qu’après plus d’un demi-siècle d’indépendance la classe politique guinéenne en est encore là?
Aujourd’hui les pères fondateurs de l’OUA, les combattants de la lutte pour l’indépendance des peuples d’Afrique sont certainement entrain de se retourner dans leurs tombes.
Quelle ironie du sort de voir aujourd’hui des fils de Guinée, pays pionnier de la lutte de décolonisation, venir alimenter
Frères et sœurs de Guinée, ressaisissons-nous en refusant de monter dans les navires de ces capitaines sans gouvernail.
Il n’y aura pas de vainqueur à la suite des affrontements inter-ethniques. Nous serons tous perdants !
Disons NON à la violence !
Faute de quoi, ce sera sur les tombes des nôtres qu’ils viendront un jour signer des accords qui auraient pu être obtenus sans toutes ces pertes en vies humaines, car quoi qu’il en soit, tout ceci finira par se résoudre autour d’une table.
Alors ressaisissons-nous !
Puisse Dieu bénir
Laye Bamba
Toulouse, France
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