Faut-il supprimer les élections en Guinée ?
- Par Administrateur ANG
- Le 16/12/2012 à 14:47
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Depuis l’avènement du multipartisme politique et le scrutin démocratique dans les années 1990, la Guinée, à l’image d’autres pays africains, peine à organiser des élections apaisées, transparentes et acceptables, garantes d’un Etat de droit, de bien-être sociopolitique et de développement. La démocratie guinéenne semble avoir été conçue dans l’œuf même avec une malformation génétique incurable à priori : le multipartisme politique , né au forceps, s’est abâtardi, dès l’origine, en une foultitude de partis ethniques calqués sur la physionomie des quatre( 4) régions naturelles, d’élections continuellement remportées par le parti au pouvoir, polarisant dangereusement la société au détriment des projets de développement.
D’un scrutin à un autre, les pathologies de la démocratie guinéenne se sont envenimées crescendo, au point de déboucher ; par la profusion de violence inouïe ; d’ethnicisme sans précédent ; l’ampleur de la fraude, à la déconstruction de la société guinéenne lors de la fameuse présidentielle du 07 novembre 2010 qui a vu l’avènement d’AC au pouvoir.
Le mythe de l’entité nationale unitaire se poursuit, depuis, sur ce pire qu’on évite d’aborder. Ce qui explique que toutes les initiatives économiques (l’obtention de l’IPPTE), politiques (notamment les législatives, théoriquement annoncés pour le 12 mai 2013), Etatiques, sociales (la lutte contre l’insécurité grandissante ; la corruption ; les coupures d’eau et d’électricité ; bref le changement), paraissent frappées du saut de l’inviabilité.
Un processus électoral financé par l’Occident, lent, émaillé de contestations, de vote ethnique, de fraude, de violence tous azimuts, pour des résultats connus d’avance, les élections ont toujours eu un goût amer en Guinée, si bien qu’il ya lieu de se demander si le mieux ne serait pas de s’en passer…
D’amont en aval, le jeu politique est biaisé par le pouvoir qui accapare tous les moyens de l’Etat, et considère l’opposition politique comme instigatrice de chaos. Et « le président démocratiquement élu » s’arroge de tous les droits (y compris ceux de vie et de mort) sur ses compatriotes relégués aux oubliettes, qui plus est, taillables et corvéables à merci comme « (…) des bêtes sauvages », une fois sa mainmise sur le pouvoir assurée.
Faisant fi de son obscur programme politique, le nouveau despote du pays, pour qui veut l’admettre, se complaît, dans un système mafieux de coterie, de népotisme, de prédation des richesses nationales, confinant les populations dans une paupérisation absolue.
Mais abdiquer éventuellement aux élections au nom de l’équilibre national, ne revient pas à faire l’apologie de l’autoritarisme quel qu’il soit, avec le diktat d’un seul homme ou d’un parti unique, et l’immuabilité de sa classe politique dirigeante.
Il nous faut trouver des mécanismes d’accession, de gestion du pouvoir et de partage de nos richesses consensuels, tenant compte de notre histoire, qui attirent moins d’animosité.
Au regard de la Chine, du Ghana, et d’autres pays, il est difficile d’admettre que la démocratie soit «un luxe pour l’Afrique», ou un préalable absolu au développement, étant tout de même le modèle de gouvernance le plus approuvé.
Si cela pouvait servir, la réussite du modèle chinois enseigne que chaque société devrait être à même de créer son propre système de gouvernement correspondant à sa propre réalité, à son idiosyncrasie.
Faut-il, du fait de l’inanité du vote, de l’image négative du pays qu’il répand à l’étranger, se passer des élections en Guinée ? La question mérite d’être posée, tout au moins pour essayer de tirer les leçons du fiasco de notre démocratie.
Oury Baldé
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