Entente cordiale au sein de l'opposition

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Très bien huilée, la stratégie adoptée par les modérés de l'Alliance pour la démocratie et le progrès et par les radicaux du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition permet à Lansana Kouyaté, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré de peser dans le débat.

Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré sont heureux. Le candidat de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et celui de l'Union des forces républicaines (UFR), arrivés respectivement en première et troisième positions au premier tour de la présidentielle (avec 13,02 % des suffrages pour Touré) du 27 juin 2010, ont été rejoints dans l'opposition par Lansana Kouyaté, arrivé quatrième de ce premier tour de scrutin avec un peu plus de 7 % des voix.

La position de Kouyaté est quelque peu ambiguë. Il reproche à Alpha Condé de ne pas avoir respecté les termes de leur accord d'entre les deux tours et a pris la tête, en août 2011, de l'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP), une coalition de petits partis d'opposition. Cependant, tout en se réclamant désormais de cette dernière, l'ex-Premier ministre, leader du Parti de l'espoir pour le développement national (PEDN), n'a pas souhaité que ses ministres quittent le gouvernement de l'Alliance Arc-en-Ciel... Dans son entourage, on explique que « faire partie d'un gouvernement n'empêche pas un parti politique d'être dans l'opposition ». « Notre objectif à l'ADP est d'amener, par la négociation, le pouvoir à accepter les conditions d'un jeu démocratique apaisé et transparent », explique Sékou Konaté, président du Mouvement démocratique guinéen (Modemgui), ancien secrétaire général du parti de Lansana Conté. Rien que cela ? Pas si sûr. Mi-février, l'ADP a appelé à une journée « pays mort » pour protester, entre autres, contre les entraves répétées à la liberté de réunion publique des leaders de l'opposition. L'appel a été timidement soutenu par le Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, et le succès n'était pas vraiment au rendez-vous. Le mouvement avait surtout valeur de test pour l'opposition, qui compte multiplier les manifestations au cours de cette année si le dialogue politique ne débouche pas sur un consensus.

Chaud, froid. De fait, les leaders de l'ADP et du Collectif se sont bien réparti les rôles. Kouyaté conduit l'aile modérée, Diallo dirige la branche radicale, et, à ses côtés, Sidya Touré souffle tantôt le chaud, tantôt le froid. Une stratégie bien huilée, qui permet aux principaux responsables de l'opposition de peser sur le débat et de marquer des points.

C'est ainsi qu'ils avaient obtenu le report sine die des législatives, dont la date (29 décembre 2011) avait été fixée de façon unilatérale par une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de moins en moins crédible, et qu'ils ont contraint le pouvoir au dialogue. Lequel, depuis son ouverture, le 27 décembre, a connu une succession de blocages. L'ADP et le Collectif ont même changé de stratégie. Autour de la table de négociations du médiateur Mgr Albert Gomez, le pouvoir avait placé l'Alliance Arc-en-Ciel et le tout nouveau Club des républicains (CDR, de l'ex-premier ministre Jean-Marie Doré, centriste). Pour équilibrer les forces, l'ADP et le Collectif ont donc décidé de se comporter en groupements distincts.

Résultat, le dialogue n'avait pas permis de résoudre les différends relatifs à cette question. Cependant, sous la pression de l'Union européenne, qui a conditionné son aide à la tenue d'élections, la Ceni a finalement annoncé le 1er mars que les législatives auraient lieu le 8 juillet 2012, sous réserve de validation par le président. Un opérateur technique doit conduire la révision du fichier électoral avec la Commission.

Mais l'opposition ne l'entend pas de cette oreille et exige, préalablement à la tenue des élections, un audit du fichier électoral et la recomposition de la fameuse Commission.



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Source: jeune afrique

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