En Guinée, les victimes d’expulsions forcées draconiennes demandent justice
- Par Administrateur ANG
- Le 30/06/2020 à 08:04
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Plus d’un an après avoir perdu leur logement, des milliers de victimes d’expulsions forcées draconiennes en Guinée n’ont toujours pas reçu d’indemnisation, de nouveaux logements ou toute autre forme de dédommagement.
Entre février et mars 2019, le ministère guinéen de la Ville et de l’Aménagement du territoire a supervisé une série de démolitions dans les quartiers de Kaporo-Rails, Kipe 2 et Dimesse de Conakry, la capitale du pays, pour permettre la construction de nouvelles ambassades et des bureaux de compagnies. L’analyse d’images satellite réalisée par Human Rights Watch a révélé qu’au moins 2 500 bâtiments avaient été détruits et un groupe de victimes a déclaré que plus de 19 000 personnes s’étaient retrouvées sans abri. « Maintenant, nous sommes éparpillés à travers toute la Guinée pour essayer de trouver un moyen de survivre », a affirmé un résident expulsé à Human Rights Watch.
Les entrepreneurs embauchés par le gouvernement sont revenus en mars 2020 et ont commencé à raser les écoles et les mosquées restées debout après le premier cycle de démolitions. « Ils ont effacé toute trace de la communauté », a expliqué le leader d’un groupe de victimes. Son porte-parole, le journaliste Mamadou Samba Sow, a été arrêté en avril à Kaporo-Rails alors qu’il filmait et photographiait les plus anciennes mosquées de la communauté préalablement à leur destruction. Il a été remis en liberté le même jour en l’absence de chef d’inculpation.
En mai 2019, les victimes ont intenté une action en justice contre le gouvernement guinéen devant la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), demandant des réparations et la restitution de leurs terres. Lors de la première audience en juin 2019, le gouvernement ne s’est pas présenté devant le tribunal et a demandé un délai supplémentaire pour préparer son dossier.
Une audience de suivi n’a pas encore été programmée, en partie à cause de la fermeture de frontières liées à la pandémie de Covid-19. « Tout citoyen a le droit de déposer plainte », a déclaré le secrétaire général du ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire, Mohamed Maama Camara. « Le gouvernement guinéen s’expliquera devant le tribunal, qui sera libre de prendre sa décision. »
Les autorités guinéennes ne devraient cependant pas attendre le verdict de la CEDEAO pour remédier à l’impact dévastateur des expulsions. Le droit international fait obligation aux gouvernements d’indemniser les victimes d’expulsions forcées, et de leur garantir un accès à des terres et à un logement de substitution. « Le gouvernement devrait nous redonner droit à notre avenir et la possibilité de récupérer nos terres », a ajouté Mamadou Samba Sow.
Collaboratrice, division Afrique
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