En Guinée, des relais communautaires luttent contre une épidémie de diphtérie
- Par Administrateur ANG
- Le 02/10/2024 à 13:28
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Siguiri – La Guinée fait face à une épidémie de diphtérie déclarée en juillet 2023. La région de Kankan, avec le district sanitaire de Siguiri, est l’épicentre de l’épidémie concentrant plus de 96 % des cas. Siguiri est une zone aurifère du centre-est du pays où des milliers de mineurs et leurs familles vivent et se déplacent constamment.
A la date du 21 septembre 2024, 6502 cas ont été enregistrés dans les centres de traitement des épidémies. Dès les premières heures de l’épidémie, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a soutenu le Ministère de la santé, à travers la Direction Préfectorale de la Santé (DPS) en activant un Centre de traitement épidémiologique (CT-Epi) pour la prise en charge des patients à Siguiri.
Hospitalisé d’urgence au CT-Epi, Mohamed Fofana se souvient avec émotion d’une jeune fille arrivée dans un état critique : « Ses parents avaient attendu trop longtemps avant de l’amener et elle est décédée le lendemain », explique Mohamed, un conducteur de taxi-moto de Bouré Balato, une localité dominée par l'exploitation artisanale de l’or. « Certaines rumeurs effrayantes découragent encore les gens de chercher des soins médicaux et à se faire vacciner. »
Sans un traitement rapide à base d’anatoxine diphtérique, le taux de mortalité de la diphtérie peut atteindre 40 %, surtout chez les jeunes enfants. L’épidémie, survenue dans une région où la diphtérie avait disparu depuis plus de 20 ans, est aggravée par la densité et la mobilité constante de la population, des conditions de vie précaires, du faible taux de couverture vaccinale et des méthodes de traitement inefficaces.
En Guinée, la couverture vaccinale pour le vaccin combiné diphtérie-tétanos-coqueluche (DTC) reste faible, à seulement 47 % en 2022, bien en dessous des 80 à 85 % requis par l’OMS pour atteindre une immunité collective. « Il est très difficile de planifier nos activités de prévention dans cette région, car chaque nouvelle mine attire des populations qui forment des villages temporaires, avant de migrer vers d'autres zones d’exploitation », explique le Dr Cheick Oumar Konaté, Directeur Préfectoral de la Santé de Siguiri.
En plus des stratégies de vaccination avancées, l'OMS a formé 70 agents à la recherche active des cas et au suivi des contacts, ainsi que plus de 170 relais communautaires pour sensibiliser la population à l'importance du vaccin. Ces relais jouent un rôle crucial dans la détection précoce des cas et dans la lutte contre la désinformation. L'éducation sur les symptômes de la diphtérie est également essentielle, car la maladie peut facilement être confondue avec un simple mal de gorge ou un rhume.
« Quand mon fils a contracté la diphtérie, mon épouse a d'abord tenté de le soigner avec des méthodes traditionnelles », raconte Abdoulaye Dansoko, Conseiller communal à Kourémalé, à la frontière du Mali. « Après deux jours, son état s’est aggravé et j’étais très inquiet. Les relais communautaires nous ont finalement envoyés au Centre de traitement épidémiologique (CT-Epi) de Siguiri où il a été soigné et toute la famille s’est fait vacciner. Le tout était gratuit ».
Pour renforcer la riposte à l'épidémie, l'OMS a également fourni des traitements contre la diphtérie et des kits de prélèvement grâce au financement de la Commission européenne à la protection civile et aux opérations d'aide humanitaire (ECHO).
Avec la prise en charge au CT-Epi et la sensibilisation des communautés, le taux de létalité, qui était de 36 % en juillet 2023, a chuté à 2,83 % en juillet 2024. « La détection précoce des cas par les relais communautaires a permis une prise en charge rapide et a contribué à sauver beaucoup de vies », souligne le Dr Chérif Ibrahima Sory, épidémiologiste au bureau de l’OMS en Guinée.
Dans les centres de traitement, le taux de guérison est au-delà de 97 %. « La diphtérie est une maladie extrêmement sérieuse », rappelle Mohamed Fofana, désormais rétabli. « Celui qui rejette la vaccination et les soins se trompe lui-même et met en danger la santé des autres. Après cette expérience, je suis prêt à devenir un champion de la vaccination. »
Source:OMS
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