Elections guinéennes : du tournoi au tournis !
- Par Administrateur ANG
- Le 09/04/2010 à 07:18
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Si certains Guinéens tombent facilement dans l’euphorie, d’autres s’y sont installés confortablement. Des internautes ont attiré mon attention sur un compte-rendu dithyrambique de la visite de Sékouba Konaté qui aurait prononcé à Paris, ce 3 avril 2010, un discours soi-disant historique ! Décidément, certains petits ne grandiront jamais ! L’ânerie se corrige mais le nanisme mental semble, pour l’instant, incurable. Avant de lire certains textes, ne serait-il pas prudent, pour soulager les maux de tête, d’avoir de l’aspirine effervescente auprès de soi ?
J’ai vraiment mal à la Guinée ! Paraît-il que, selon l’intérimaire Sékouba, « La France a toujours été aux côtés de la Guinée… ». Vous y comprenez quelque chose, vous, rescapés du complot permanent de l’impérialisme international ? Le Guinéen excelle dans cet art qu’est la redondance. Je vous laisse apprécier cette perle rare mais peu chère : « …ce nouvel homme calme et dont la timidité agissante frise le mutisme. » Quel lyrisme autodestructeur !
En Guinée, c’est le dernier à parler qui a raison ! Avant même la proclamation de son indépendance, tout discours était historique. Les hystériques d’aujourd’hui qualifient tout propos d’historique et il en sera ainsi, pensent-ils, demain ! On aura à ce rythme des discours « géologiques, biologiques et géographiques » C’est la culture du « Vous conviendrez avec moi que… » ou du « Sans risque d’être démenti… ». Sacré Guinéen, glouton de toute promesse gélatineuse !
Au fait, je ne trouve plus mon aspirine. Pourtant, j’ai mal ! Aidez-moi !
On nous parle des élections présidentielles du 27 juin 2010.Elles risquent d’être pestilentielles. Pour le moment, je ne connais pas les participants et les disciplines de ce « tournoi handisport » managé par Sékouba Konaté et c’est ce qui me donne le tournis ! S’il n’est pas en compétition, pourquoi accepte-t-il en sa faveur des slogans stupides du genre « Prési, Prési ! » vociférés par des nervis fouillés corporellement ? J’aurais préféré que prolifèrent les termes suivants : « Présidentielles, Présidentielles ! » ou « Législatives, Législatives ! ».
L’ennemi principal de Sékouba c’est son « comité de soutien » qui se dévoile petit à petit sous son vrai visage et qui risque de forcer cet homme en tenue à ne pas tenir ses promesses. Ce comité est à Conakry mais avec des ramifications à l’extérieur. L’ennemi secondaire de Sékouba Konaté c’est le collabo comme «Tibou Kamara » qui a fait de la minuscule Gambie la « soeur aînée » de la Guinée. Banjul est-il devenue pour Konaté ce que Tripoli a été pour Kouyaté ? Je ne demande pas à Konaté de ne jamais voir Jammeh qui pèse autant que ses amulettes mais il serait salutaire de réduire le contact avec ce mystique moyenâgeux qui avait prétendu avoir trouvé le remède contre le sida alors que ce fléau compromet l’essor touristique de son pays ! Les Moussa Keïta et Idrissa Chérif ont « tué » Dadis ! Les Tibou et autres hiboux « tueront » Sékouba ! Les troubadours ont toujours été une peste : par leurs louanges, ils vous poussent vers la porte en vous enfonçant !
On nous dit que « Konaté n’est pas Dadis » ! Est-ce sûr ? Dans un sens, oui. Le premier est grand, plus balourd, peu bavard mais très voyageur. Pas laid, mais triste (aurait-il en permanence de la nivaquine en bouche ?) bien qu’on ne soit pas dans un concours de beauté. Le second n’a fait qu’un seul voyage forcené ; il est toujours petit, moins vantard maintenant, mais toujours aussi spirituellement laid ! En réalité, « Konaté, c’est du Dadis frelaté ».
En effet, nous assistons à une insidieuse campagne visant à éclaircir Sékouba pour noircir davantage Dadis ! Ne tombons pas dans ce piège imbécile. Personne ne peut me suspecter de soutenir Dadis qui est un criminel mal éduqué. Sékouba l’a-t-il arrêté dans sa folie ? Non, non et non ! Qu’on arrête de nous dire que Sékouba était absent du Stade lors du massacre du 28 septembre 2009. Dadis aussi n’y était pas, Pivi, non plus ! A chaque événement tragique à Conakry, on s’arrangeait pour éloigner géographiquement Sékouba ! Ce dernier est collégialement responsable de ce qui est arrivé à la Guinée. Sans la « balle historique » de Toumba, qu’aurait fait Sékouba ?
Je crois que Sékouba a trahi le traître Dadis et que la Guinée pourrait tirer bénéfice de cette « inter traîtrise ». Voilà la réalité !
La question à poser demeure la suivante : un traître à la patrie qui a trahi un autre traître à la patrie peut-il être encore utile à sa patrie ? Je réponds par l’affirmative !
L’unique service que Sékouba pourrait encore rendre à la Guinée est de permettre l’organisation correcte des prochaines élections. Il dit qu’il ne sera pas candidat. C’est une simple promesse qui n’engage que lui. Par réalisme, je n’applaudis pas, j’en prends acte sans jamais me perdre dans les clameurs niaises de certains compatriotes qui demandent d’appuyer le rêve de Sékouba ! Savent-ils lire le rêve de ce dernier ? Ils n’ont pas à éclaircir Sékouba mais à l’éclairer sans l’éblouir !
Sékouba et les siens (Dadis, Pivi, etc.) ont tous du sang dans les mains ! Il a un très lourd passif depuis l’ère Conté et tout ce qu’il fait de positif aujourd’hui pourra être pris en compte pour soulager sa peine de demain. Car il devra répondre de ses actes. Je vois déjà des boucliers se lever, estampillés « présomption d’innocence » ! Le juridisme excessif et hypocrite finira par nous anéantir. La culpabilité d’un tel n’est pas établie, la justice n’a pas été rendue, et encore, et encore ! Je signale au passage que « Monsieur le Président Ahmed Sékou Touré » n’a jamais été jugé par un tribunal ! Je laisse à chacun le soin d’interpréter ce terrible constat. Attention, quand c’est trop facile, ça devient difficile et pénible!
C’est d’ailleurs l’occasion d’une petite mise au point, à propos de M. Mohamed Touré, fils du Président Sékou Touré. Il n’est pas du tout responsable des crimes de son père. C’est un citoyen comme les autres, sur le plan théorique ! Cependant, par décence, il devrait faire profil bas. Il a parfaitement le droit de « brigander » la magistrature suprême. Il sera attaqué non pas en tant que fils de Sékou Touré mais en tant que défenseur de l’héritage lugubre de ce dernier. Sa sœur Aminata Touré conserve, quant à elle, un certain respect qui se maintiendra, je l’espère. Tous les deux ont le droit de respecter leur père mais aussi le devoir de critiquer le premier président de notre république, ce qui ne pourrait que les grandir. La confusion ne passera jamais, car on y veille !
Cela dit, Sékouba regarde peut-être dans la bonne direction, mais il n’avance pas assez vite. Il voyage trop à mon goût. A l’heure du téléphone, d’Internet et du fax, a-t-il besoin de se déplacer autant, avec forte délégation trop féminisée, avion affrété, devises importantes dépensées ostensiblement dans des hôtels de luxe ( luxure )? Ne devrait-il pas mettre plutôt de l’ordre dans l’armée, maintenue en otage par une bande d’extrémistes « dadisiens » qui ne défendent aucun principe moral mais simplement un homme désespérant pour des motifs régionalistes? Ces soldats étant armés en permanence, leurs fusils apparaissent comme des prothèses inamovibles, symboles de lâcheté ! C’est intolérable.
Sékouba serait bien inspiré de se ménager dès maintenant une bonne porte de sortie qui ne le coince pas trop. Comme en boxe, l’important n’est pas de cogner dur mais de frapper juste. Son salut pourrait provenir du démantèlement du gang de pillards et d’ignares qui l’entoure. C’est quand même difficile quand on en fait partie !
Un slogan débile commence à germer dans le cerveau du Guinéen, très propice aux mauvaises herbes: « Les générations ont changé, la Guinée aussi ! ». Il n’y a rien d’aussi faux ! Démographiquement la Guinée a certes changé, sa population ayant beaucoup augmenté (le paradoxe chez les humains, c’est que ce sont les plus pauvres qui se reproduisent le plus) est essentiellement post-coloniale. Mais le Guinéen n’a pas du tout changé sur le plan qualitatif. Il est toujours porteur du virus de la démagogie inoculé depuis plus d’un demi siècle, ce qui fait de lui un élément d’une « ethnie préfabriquée » totalement à part.
On n’en a plus qu’assez des discours qualifiés d’historiques ! Ce qui compte, ce sont les actes et rien que les actes. On a eu trop de promesses non tenues.
Où en est le Conseil National de Transition de Rabiatou Diallo ? Mystère !
Que fait le gouvernement Doré ? Mystère !
Qu’est-ce qui agite tant Sékouba ? Mystère !
Verrons-nous un Président civil dès le 27 juin ? Mystérieux !
J’ose espérer que l’armée n’a pas déjà voté avant l’ouverture du scrutin.
Je vous salue !
Ibrahima Kylé Diallo
Directeur de guineenet.org et de kylediallo.info
Mon contact : kylediallo@gmail.com
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