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Election présidentielle : "L’Afrique compte sur la Guinée pour montrer que la démocratie n’est pas un luxe pour les Africains"

Daouda emile ouedraogo 2Jour de vote pour l'élection présidentielle en Guinée. Pour observer les opérations, outre l'Union africaine et la Cédéao, la société civile sera présente sur le terrain pour s'assurer que l'élection se déroule dans de bonnes conditions. Daouda Emile Ouedraogo est le coordinateur international de l'ONG panafricaine Stand for Life and Liberty. L'organisation a réparti des observateurs qualifiés sur tout le territoire national. Entretien.

 

TV5monde : quels sont les enjeux des élections de dimanche ? 

Daouda Emile Ouedraogo : pour nous, ces élections sont l’expression et la consolidation de la démocratie en Guinée. Les enjeux sont de montrer la maturité démocratique du peuple guinéen, de faire en sorte que le peuple guinéen puisse s’exprimer de façon transparente et de façon crédible. Il s’agit aussi de

permettre à la démocratie guinéenne de pouvoir grandir, de pouvoir mûrir et de pouvoir s’exprimer à la face du monde en général et à la face de l’Afrique en particulier. 

Avez-vous des inquiétudes concernant le déroulement de ces élections ? 

Oui et non. Oui, par rapport aux dernières évolutions de la situation sécuritaire sur le terrain et non par rapport à la maturité du peuple guinéen. Lorsqu’il y a un incident qui se passe dans une caserne à deux jours des élections, cela fait forcément réfléchir. Mais j’ai échangé avec mon équipe d’observateurs sur le terrain, ils m’ont rassuré sur le fait que cet incident a été vite maîtrisé et que le calme est revenu partout où cet incident à eu lieu.

Non, car nous faisons confiance à la maturité et à la grandeur d’esprit du peuple guinéen pour pouvoir mettre de côté les intérêts partisans et promouvoir l’intérêt général de la Guinée parce que la Guinée doit sortir grandie de cette élection, la Guinée doit sortir renforcée, et plus forte pour affronter les défis du développement. C’est vrai qu’une partie de l’opposition boycotte ce scrutin mais avec un adversaire de taille comme Cellou Dalein Diallo, en concurrence avec Alpha Condé, je pense que le jeu démocratique peut s’exprimer et que les résultats qui sortiront des urnes seront des résultats acceptés par tous.

Quels dispositifs avez-vous mis en place pour observer ces élections ? 

Nous avons identifié la territorialité de la Guinée et nous avons fait une répartition qui obéit à cette territorialité, c’est-à-dire que nous avons d’abord recruté des observateurs qui sont nos membres et qui possèdent un bagage intellectuel. Ils maitrisent l’histoire et le terrain de la Guinée-Conakry. Ces observateurs sont issus du milieu universitaire, ce sont des journalistes, des personnes ressources et des leaders dans la société guinéenne. Nous avons voulu trancher avec ce qui se fait d’habitude dans les observations d’élections, où l’on vient recruter sur le tas et où l’on envoie directement les gens sur le terrain. Nous avons mis cette fois-ci l’accent sur la connaissance du terrain. Elle facilite la compréhension de certains phénomènes et facilite donc par la même, le travail des observateurs dans les bureaux de vote. Nous les avons aussi formé, avec l’aide du NDI (National Democratic Institute), pour qu’ils aient les rudiments nécessaires pour pouvoir bien observer ces élections. Nous avons déployé sur toute l’étendue de la Guinée ces observateurs, afin que le travail fait puisse être un travail de qualité, un travail accepté de tous et un travail qui fera tache d’huile dans l’histoire des observations des élections en Guinée-Conakry. 

Combien de personnes seront déployées dans les bureaux de votes ? 

Nous n’avons pas mis l’accent sur la présence des observateurs dans chaque bureau de vote. Nous avons fait en sorte que ces observateurs puissent être mobiles pour pouvoir surveiller au minimum, le maximum de bureaux de vote. À ce titre, nous avons décidé avec l’appui de nos observateurs, d’observer une centaine de bureaux de vote. Et cela va se faire sur toute la durée du scrutin dimanche, de l’ouverture du bureau de vote jusqu’à sa clôture. Après la fermeture, un rapport succinct, global et détaillé sera immédiatement rédigé afin que l'observation soit de qualité et acceptée de tous. 

Que s’était-il passé lors des précédentes élections en Guinée ?

Le référendum du 22 mars a révélé certains couacs dans le dispositif électoral de la Guinée-Conakry mais cette fois-ci, le fichier électoral a été épluché, pour pouvoir enlever les votants qui sont morts, ainsi que les doublons etc. Désormais, nous avons une vision claire de ce qu’il y a comme électorat, des différentes générations qui composent cet électorat et des répartitions de cet électorat sur tout le territoire. L’épluchage permet également d’éviter qu’il y ait des conflits et des revendications sur le fichier électoral lors d’un vote. Cela veut dire qu’aujourd’hui, les candidats sont plus aptes à pouvoir accepter le verdict des urnes qu’il y a six mois ou lors de la précédente élection. La Guinée est plus à même de pouvoir faire une élection crédible.

Avez-vous un message à faire passer aux Guinéens ? 

Nous voudrions lancer un appel à tous les acteurs et à toutes les actrices de ce processus électoral en Guinée-Conakry, afin que les Guinéens fassent preuve de grandeur d’esprit, de retenue pour favoriser une élection libre, transparente, crédible, dont les résultats seront acceptés par tous. Parce qu'au delà de ces élections, la Guinée doit savoir que l’Afrique a les yeux tournés vers elle. L’Afrique compte sur la Guinée pour montrer que la Démocratie n’est pas un luxe pour les Africains, mais qu’elle est en train de s’ancrer dans les pratiques et les moeurs des Africains. Cela passe par une élection crédible, une élection transparente, une élection équitable. Nous souhaitons que l’après-élection soit un temps de grâce, de paix, d’apaisement. 

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