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El Hadj Habib HANN, Vice-Président CGE-GUI : « La Guinée est en train de décoller économiquement »

W el hadj habib hann f66e0Vice-Président de la Confédération Générale des Entreprises de Guinée (CGE-GUI) et figure charismatique du Patronat guinéen, El Hadj Habib HANN veut mettre le secteur privé au cœur du développement du pays et multiplie les initiatives en ce sens. Car, explique-t-il, il y a à Conakry une « nouvelle dynamique économique ».

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Un entretien exclusif à Conakry (Guinée) de Bruno FANUCCHI
pour AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse

AfricaPresse.Paris (APP) - La Guinée vient de fêter le 2 octobre dernier le 65e anniversaire de son indépendance dans une véritable ferveur populaire. Est-ce le signe de la naissance d’une nouvelle Guinée ?

El Hadj Habib HANN – C’est une nouvelle dynamique et elle conduit aujourd’hui le peuple guinéen vers une nouvelle vision : celle du chef de l’État, du CNRD (Conseil Comité National pour la Refondation et le Développement) au profit de tous les Guinéens. C’est tout un processus. Car il nous faut changer nos habitudes, tirer les leçons du passé, penser à l’avenir, faire les réformes nécessaires qui permettent de dynamiser vraiment tous les secteurs.

C’est la dynamique actuellement prônée par Son Excellence le Président de la République, le Colonel Mamadi Doumbouya. Que ce soit au niveau de l’État par des réformes positives visant à gérer et combler les carences, restructurer les institutions à tous les niveaux, ou que ce soit dans le secteur privé également avec la mise en conformité par rapport aux principes d’administration et de gestion de toutes les autres identités patronales comme la Chambre de Commerce ou la Chambre des Mines.

APP - Que recouvre exactement cette dynamique économique ?

El Hadj Habib HANN – Tout le monde aspire aujourd’hui en Guinée à un changement positif et espère que le pays puisse dans un avenir proche se remettre enfin sur les rails. Afin de développer le formidable potentiel qu’il y a en Guinée et qui, malheureusement, n’a pas été correctement exploité jusqu’à présent alors qu’il constitue assurément un outil de développement.

Il y a aujourd’hui des grands projets qui se dessinent, mais nous avons le devoir de mettre le secteur privé au cœur du développement du pays. Pour que le secteur privé puisse participer et accélérer cette dynamique économique, en créant du contenu local, de l’emploi et des entreprises qui sont des vecteurs de croissance pour ce pays.

APP - La Guinée n’est-elle pas à un tournant de son histoire puisque l’on parle non seulement d’une « période de Transition » mais de « Refondation de la Nation » ?

El Hadj Habib HANN – C’est effectivement un virage réel, un virage important qui permet d’aller dans un sens positif. La « Refondation », qui a été lancée par le chef de l’État et son équipe, va permettre de toiletter toutes les structures étatiques qui en avaient bien besoin. Ce sont des mesures qui vont permettre de lutter contre la fraude, la corruption et le blanchiment d’argent, notamment, pour amener le gouvernement et tous les acteurs de l’État à une « Bonne gouvernance ». C’est cela l’objectif de la « Refondation ».

APP - Dans cet objectif, le Patronat que vous représentez n’a-t-il pas un rôle majeur à jouer ?

El Hadj Habib HANN – Lorsque l’on a vu la vision réelle affichée par le chef de l’État, au lendemain de sa prise de pouvoir le 5 septembre 2021, il y a deux ans, nous avons pris l’initiative d’aller à sa rencontre. Je suis personnellement intervenu et j’ai ainsi publiquement interpellé le chef de l’État et son équipe, qui gouvernent actuellement, pour parler de la nécessité d’un Patronat unifié et de la mise en place d’une Chambre de Commerce et de certaines autres entités concurrentes pour accompagner ce changement et transformer cette dynamique économique en réalités concrètes.

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« Un patronat unifié permettra de rassurer
nos partenaires qui viennent investir ici »

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APP - Où en est précisément votre tentative d’unification des quatre structures patronales qui coexistaient dans le pays ?

El Hadj Habib HANN – Nous avons dépassé la délicate phase d’unification, car celle-ci est désormais effective malgré les difficultés que nous rencontrons... Imaginez, en effet, quatre entités patronales, mais elles ont décidé de fusionner et de créer un Patronat unifié. Maintenant les processus de mutation permettent à toutes les entités par branches d’activités socio-professionnelles de fusionner de façon à créer une structure pyramidale depuis les activités décentralisées jusqu’au sommet d’un bureau exécutif d’un Patronat opérationnel.

Je sors à l’instant d’une Assemblée générale où l’on a fait une analyse à mi-parcours de l’évolution de ce processus et l’on a pris des décisions assez importantes. La première a été de doter aujourd’hui le Patronat des structures juridiques, administratives et organisationnelles qui lui permettent de répondre à la fois aux besoins du pays et aux normes internationales exigées par l’OIT, le BIT et le monde du travail. À l’image, bien sûr, des autres patronats de la sous-région.
De par sa fusion, ce Patronat ainsi unifié permettra d’avoir une seule vision, une seule directive et une action positive. Cela va crédibiliser le Patronat et rassurer nos partenaires étrangers qui viennent investir chez nous, dans le pays, en sécurisant leurs financements.

APP - Quelles conditions sont-elles à réunir pour attirer à Conakry les investisseurs ?

El Hadj Habib HANN – Pour permettre aux partenaires étrangers comme aux bailleurs de fonds de s’intéresser à la Guinée et d’y investir, il faut d’abord que le secteur privé soit mieux organisé grâce à la stabilité politique et la confiance économique qui se dessinent dans le pays. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de transition et l’équipe qui travaille au gouvernement met en place des structures solides.

Du côté du secteur privé, nous devons être à la hauteur de ce rendez-vous historique. Notre premier devoir est donc de :
1/ Nous organiser en interne pour identifier et organiser tous les acteurs socio-professionnels ;
2/ Rassurer nos partenaires économiques et financiers non seulement pour leurs investissements, mais également pour la présence physique de leurs personnels ;
3/ Répertorier toutes ces initiatives pour arriver à des accords de partenariats « gagnant/gagnant » entre investisseurs étrangers et guinéens.

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« Notre pays est doté d’un potentiel
minier extraordinaire »

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APP - Qu’est-ce qui peut faire l’attractivité de la Guinée par rapport à ses pays voisins ?

El Hadj Habib HANN – La Guinée est dotée d’un potentiel minier extraordinaire qui n’est pas suffisamment exploité. Ce seul secteur minier suffirait à l’attractivité économique de la Guinée. Il nous faut cependant orienter la politique du gouvernement et du secteur privé à pouvoir développer encore ce potentiel. Et cette démarche doit être accompagnée bien sûr de la libéralisation de l’économie et du retour des investissements. Voilà les points clés importants.

Nous sommes, en effet, le 1er producteur au monde de bauxite avec d’importantes réserves et de fer avec une teneur assez importante, mais nous avons aussi des diamants de première qualité, des mines d’or, dont nous sommes un des plus grands exportateurs, du cobalt, du manganèse, du cuivre, etc. La Guinée qui regorge de toutes ces richesses est – dit-on couramment – un « miracle géologique ».

Or, avec les nouvelles voitures électriques, l’industrie automobile a besoin de quoi ? De cobalt par exemple, dont nous avons d’énormes réserves, pour les batteries. Avec la bauxite, on fait de l’aluminium et, au lieu d’exporter massivement nos matières premières, nous sommes désormais dans une phase de mutation et de transformation de celles-ci. Nous mettons en place des structures et des industries capables de transformer localement toutes ces richesses naturelles. Ce qui va permettre de créer des PME et des emplois, de développer le tissu social et industriel pour participer et accroître notre développement économique.

APP - Mais la Guinée n’a-t-elle pas un autre atout de choix : le tourisme ?

El Hadj Habib HANN – Le tourisme est, jusqu’à présent très peu connu en Guinée mais, lorsque l’on s’y intéresse, on s’aperçoit que l’on a un champ pratiquement illimité. Quand on voit les îles comme celle de Gorée, au Sénégal, on a les mêmes potentialités en Guinée avec les îles de Loos qui font face à Conakry, la capitale. Le premier gouverneur français, qui fut basé en Guinée, avait choisi le Fouta-Djalon, et ce n’était pas par hasard, mais en raison des conditions climatiques et du potentiel touristique de la région et de ces Hauts Plateaux.

Quand on parle aujourd’hui tourisme, vous avez la Basse Côte, la Haute Guinée, la Moyenne Guinée, la Guinée forestière et chacune de ces quatre zones est spécifique a toute une histoire riche en culture (coutumes et traditions) et sites naturels. Vous avez des zones touristiques extraordinaires qui ont chacune leur histoire et leurs charmes. A Kindia, par exemple, vous avez une superbe chute d’eau de 80 mètres que l’on appelle le « Voile de la mariée », et dominant la ville de Dubréka, en Basse Guinée, vous avez le « Chien qui fume » qui s’aperçoit dans la chaîne de montagnes à une certaine température. Et ainsi de suite... Autant de sites inoubliables à découvrir. Et le gouvernement y travaille déjà pour y créer des pôles attractifs pour le tourisme et l’artisanat.

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« Les activités du Guinée Business Forum
vont pouvoir réellement démarrer »

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APP - Peut-on dire aujourd’hui que, sur le plan économique, les choses bougent vraiment ici ?

El Hadj Habib HANN – Je peux vous dire que la Guinée est en train de décoller économiquement et il n’y aura ni recul ni retour en arrière. Je parle avec autant de certitudes parce que notre pays est enclavé au sein d’une sous-région qui s’est considérablement développée et ce développement sous-régional ne peut pas ignorer la Guinée qui est au cœur de cette région et potentiellement le pays le plus riche dans bien des domaines, qu’ils soient minier ou agricole. Le pays va donc décoller automatiquement.

APP - Avec toutes ces richesses, comment expliquer cependant que la Guinée n’ait pas déjà décollé ?

El Hadj Habib HANN – À dire vrai, les tendances politiques qui ont permis de gouverner le pays depuis l’avènement de la première République n’étaient pas dans un esprit libéral. Ce manque d’initiative et de libéralisme ne permettait pas aux entreprises privées de s’organiser, de se développer, de créer des activités et des emplois et, ainsi, d’aller de l’avant. La prédominance de l’État menait au contraire vers une gouvernance populaire, révolutionnaire et un peu nationaliste avec un système de planifications sans fin alors que nous passons désormais à une économie libérale, dont nous allons pouvoir récolter les fruits.

La preuve, nous avons inauguré le Guinée Business Forum (GBF) sous la présidence d’Alpha Condé, mais les instances n’avaient malheureusement pas été mises en place jusqu’à présent. Nous sommes maintenant dans la phase où les activités du GBF vont désormais pouvoir réellement démarrer. Ce qui permettra d’examiner les problématiques par secteurs d’activité et de les résorber au fur et à mesure.

APP - Comme vous êtes avant tout un homme d’affaires aux multiples casquettes, comment vos affaires vont-elles ?

El Hadj Habib HANN – Écoutez, si vous pouvez m’aider à trouver des partenaires et des bailleurs de fonds qui financent les industries des mines, que ce soit des banques d’investissement ou des établissements de crédit qui financent de grands projets industriels, nous serions heureux de les voir ici en Guinée, où ils seront les bienvenus. Personnellement, je vous dirai que mes nombreuses sociétés se développent bien et ne manquent ni d’activités, ni de résultats.
Nous sommes satisfaits de l’élan économique actuel dans le pays, même si de nombreuses attentes sont encore là. Nous avons besoin de nouvelles structures financières qui accompagnent celles qui existent déjà : pas des banques commerciales, mais des banques d’investissement.

APP - Un mot de conclusion à cet entretien exclusif, dont nous vous remercions ?

El Hadj Habib HANN – En conclusion, je fonde tous mes espoirs sur le Patronat, qui doit plus que jamais jouer son rôle, celui d’une faîtière défendant les intérêts du secteur privé.
Avec :
1/ La restructuration indispensable et en bonne voie de ce secteur ;
2/ L’identification du potentiel économique existant dans le pays ;
3/ La création d’activités à travers de nombreux forums pour donner le maximum d’informations sur le secteur privé, levier de développement du pays.

Or le Patronat est le vecteur de croissance et le représentant du secteur privé. Comme je l’ai dit un jour à une haute autorité, nous sommes des « frères siamois » avec le gouvernement car notre mission est la même : le développement économique de la Guinée.
D’autant plus que vous avez ici des secteurs de croissance porteurs et reconnus : la pêche avec d’importantes zones maritimes riches en poissons et encore insuffisamment exploitées, le secteur agro-industriel qui se développe dans toutes nos régions avec l’industrialisation des cultures, la digitalisation qui avance avec de jeunes talentueux qui mettent en place des outils informatiques performants, et le secteur minier bien entendu !
Un patronat unifié et bien structuré sera donc incontestablement une vitrine de la Guinée au niveau international pour améliorer et accroître son attractivité économique.

Source: AfricaPresse.Paris (APP)

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