Ebola: efficacité record pour le vaccin testé en Guinée
- Par Administrateur ANG
- Le 31/07/2015 à 15:57
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Un vaccin testé en Guinée contre le virus Ebola a démontré une efficacité « à 100 % », selon des résultats préliminaires publiés ce vendredi, qui pourraient « changer la gestion de la crise » selon l'OMS. «C'est un cadeau de la Guinée à l'Afrique de l'Ouest et au monde», s'enthousiasme le Dr Sakoba Keita, coordinateur national guinéen de la lutte contre le virus Ebola.
Un vaccin anti-Ebola, testé en Guinée depuis fin mars, a donné des premiers résultats excellents, selon les chercheurs qui publient les conclusions intermédiaires de leur travaux dans la revue The Lancet.
Mis au point par l'Agence de la santé publique du Canada et détenu par les laboratoires NewLink Genetics et Merck, le VSV-EBOV a montré une efficacité de 100 %. Des résultats «encourageants et prometteurs», susceptibles de «changer la gestion de la crise Ebola», a annoncé ce matin Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Depuis le début de la crise en décembre 2013, l'épidémie d'Ebola a fait au moins 11.279 morts pour 27.748 cas principalement en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia.
Immunité collective à démontrer
Néanmoins, «des preuves plus concluantes sont encore nécessaires sur la capacité [du vaccin] à protéger les populations à travers ce que l'on appelle “l'immunité collective”», précise l'OMS. Car si un vaccin permet à ceux qui le reçoivent de développer des anticorps permettant ensuite à l'organisme de lutter contre une éventuelle infection, il s'agit aussi, en limitant la circulation du virus, de protéger l'ensemble de la population et notamment ceux qui ne sont pas ou ne peuvent pas être vaccinés.
L'essai de phase III mené en Guinée par les autorités guinéennes, l'OMS, devait permettre d'étudier l'efficacité et la sécurité de ce vaccin délivré en une dose unique. Les résultats préliminaires publiés ce vendredi ont porté sur plus de 7651 personnes vaccinées entre le 1er avril et le 20 juillet. Outre les personnels engagés dans la lutte, l'étude a été menée selon une technique dite «en anneaux», la même stratégie qui a permis d'éradiquer la variole: l'entourage (proches, voisins, collègues…) des malades est vacciné. Les contacts (adultes, sauf femmes enceintes ou allaitantes) de près de 100 malades d'Ebola ont participé à l'essai. La moitié a reçu l'injection dès le malade identifié, les autres vingt et un jours plus tard. Une telle stratégie permet de démontrer l'efficacité du vaccin lorsque le premier groupe vacciné présente moins d'infections que le dernier. Parmi les 4123 personnes vaccinées immédiatement, il n'y a eu aucun cas d'Ebola ultérieur, tandis que les chercheurs en ont dénombré 16 parmi les 3528 vaccinées dans un second temps, «montrant une efficacité de 100 %», écrivent les chercheurs.
Pas de placebo
La méthode a fait débat dans la communauté médicale. La mise au point d'un produit de santé obéit d'ordinaire à des protocoles très stricts, avec notamment des groupes «contrôle» ne recevant pas le produit testé. «En temps normal, pour un vaccin, on utilise comme placebo non pas un produit inactif, mais un autre vaccin utile à la population, protégeant contre une autre maladie», précisait au Figaro à la veille du début des tests, Pierre Saliou, président de l'Académie des sciences d'outre-mer et spécialiste en vaccinologie et maladies infectieuses. Mais la gravité d'Ebola, qui tue 70 % des personnes infectées, posait un évident problème éthique et Médecins sans frontières s'était opposé l'an dernier à une étude contre placebo. Les patients «ne doivent pas être amenés à penser qu'ils sont traités ou qu'ils sont protégés alors que ce n'est pas le cas», arguait alors le Dr Bertrand Draguez, directeur médical de MSF.
Pour la suite de l'essai, tout le monde recevra le vaccin immédiatement après l'identification de nouveaux malades, a précisé l'OMS. En outre, le vaccin ayant fait la preuve de sa sécurité, l'essai inclura désormais les enfants de 13 à 17 ans, et peut-être même les plus jeunes (dès 6 ans).
Pour «transporter» l'antigène viral qui permet à l'organisme d'apprendre à lutter contre la maladie en cas d'infection ultérieure, le VSV-EBOV utilise un virus affectant les animaux d'élevage modifié pour ne pas présenter de danger pour l'homme. Ce vecteur, qui permet de déclencher une très bonne réponse immunitaire chez les personnes vaccinées (leur système immunitaire n'a jamais été en contact avec lui, donc il y répond bien), est cependant susceptible de déclencher davantage d'effets indésirables. L'essai de phase I mené à Genève (Suisse) avait ainsi dû être interrompu après l'apparition de douleurs articulaires chez certains participants. Lors de l'essai mené en Guinée, 43 effets indésirables ont été rapportés, dont un (une fièvre qui s'est résolue sans laisser de séquelle) a été directement attribué à la vaccination.
Par Soline Roy
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