Ebola : deux vaccins vont être testés en Guinée et au Liberia

Sur batiment conakry guinee septembre 2015 0 728 485

Un vaste essai clinique va être lancé sur 5 000 personnes en Afrique, avec deux vaccins contre la fièvre hémorragique Ebola. L’un d’eux a déjà montré une efficacité très prometteuse dans un précédent essai en 2015.

Quelle stratégie devra être mise en œuvre si une nouvelle épidémie du virus Ebola se déclare en Afrique ? Et surtout, comment devront être utilisés les futurs vaccins ? Ces questions sont au cœur d’un vaste essai clinique qui va bientôt être lancé en Afrique de l’Ouest, sévèrement touchée par une épidémie qui, entre 2014 et 2016, a fait plus de 11 300 morts, en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. « Plus de 5 000 adultes et enfants vivant dans les pays d’Afrique de l’Ouest, proches de l’épicentre de l’épidémie (…), seront recrutés », vient d’annoncer l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Le virus hémorragique Ebola a été découvert en 1976. Pendant quarante ans, il n’a provoqué que des épidémies très localisées, principalement en Afrique centrale. Et c’est la raison pour laquelle cette maladie, bien que très meurtrière, n’a pas provoqué un grand intérêt auprès des grands organismes de recherche du Nord ou dans l’industrie pharmaceutique. Et pendant quarante ans, aucun traitement ni vaccin n’ont été développés contre le virus.

Mobilisation générale

Mais le contexte a changé quand, en 2014, la fièvre Ebola a commencé à se diffuser de manière incontrôlée en Afrique de l’Ouest. Et quand a émergé la crainte, assez peu fondée, que l’épidémie pourrait arriver dans les pays du Nord.

D’un seul coup, la mobilisation a été générale pour lancer des essais sur des traitements et des vaccins. Et tout est allé très vite. « Il faut dix ans pour développer un nouveau vaccin », répètent souvent les firmes pharmaceutiques. Mais là, en moins de deux ans, les avancées ont été très importantes.

Dès septembre 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a donné le coup d’envoi d’essais pour tester un vaccin dans le cadre d’un projet rassemblant notamment Médecins sans frontières (MSF), les gouvernements canadien et norvégien, la fondation britannique Wellcome Trust, la Guinée et la société pharmaceutique Merck. Dans un essai mené en 2015 en Guinée, ce vaccin s’est « révélé hautement protecteur » comme l’a annoncé en décembre 2016 l’Organisation mondiale de la santé.

Evaluer des stratégies différentes

Mais de nombreuses questions restent en suspens. « On ne sait pas encore la durée de protection de ce vaccin, ni au bout de combien de temps apparaissent les anticorps. Et on ne sait pas s’il protège les enfants », indique le professeur Yazdan Yazdanpanah (Inserm, hôpital Bichat à Paris), investigateur principal de l’essai qui va être prochainement lancé.

 

Son objectif sera d’évaluer plusieurs stratégies, avec deux vaccins différents : celui déjà « prometteur » du laboratoire Merck et un deuxième de la firme Janssen-Johnson-Johnson. « C’est important de ne pas mettre toutes nos billes sur un seul vaccin. En cas de forte épidémie, il sera essentiel d’avoir deux vaccins pour produire vite et en grande quantité », précise le professeur Yazdanpanah.

Les critères immunologiques retenus

Cet essai va se dérouler en Guinée et au Liberia, deux pays où l’épidémie d’Ebola est désormais terminée et où le virus ne circule plus. « C’est la raison pour laquelle on ne va pas utiliser des critères cliniques pour mesurer l’efficacité de ces vaccins. On ne va pas regarder s’ils permettent d’éviter des infections. On va se baser sur des critères immunologiques en regardant l’apparition des anticorps », poursuit le professeur Yazdanpanah, en précisant que l’essai sera conduit par des institutions de recherche française, américaine, britannique, en lien avec les autorités sanitaires locales.

« C’est très important de faire travailler ensemble le Nord, le Sud et l’industrie pharmaceutique », indique ce médecin.

Pierre Bienvault

Source: La Croix

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