Du manque d'autorité de l'Etat , à la crise de confiance

 S’il y’a une constance dans le pouvoir autocratique du général président, c’est que tel un phénix, il a la faculté de renaître de ses cendres, car toutes les fois que la pression  s’est faite  sur lui avec acuité, pour ne pas tomber définitivement sous le coup de la disgrâce, en fin stratège politique surfant sur les humeurs populaires, il a toujours su habilement tirer profit des situations d’apparence désespérées, en donnant l’impression d’une prise de conscience et de remise en question, qu’il traduit par la nomination d’un P.M de circonstance, dans le but de se repositionner, par la création et l’entretien d’une situation de blocage ou de sabotage des actions gouvernementales, à travers d’intempestifs décrets et contre-décrets, qui  fragilisent et décrédibilisent ce dernier aux yeux de l’opinion publique, pour finalement s’en débarrasser, s’en coup férir. Il procède minutieusement, à mettre en place une tactique qui s’apparente à celle dite de la terre brulée, balayant tout sur son passage, en affaiblissant au fur et à mesure, tous ses ennemis, en l’occurrence ses adversaires politiques et  tous ceux qui sont susceptibles de lui faire ombrage, dans son dessein de maintien à vie au pouvoir et de préservation des acquis de son clan, qu’il s’évertue à placer aux affaires, pour assurer ses arrières.

Ce faisant, dans le train de la discorde dans lequel il nous embarque, il y’a ceux qui gagnent dignement leur pain à la sueur de leur front, et ceux qui se nourrissent impétueusement des fruits immérités, qu’ils récoltent sur le dos du peuple.

Dès lors, l’on ne saurait être surpris, de constater à ce jour, l’intensification de la grogne sociale et le scepticisme ambiant dans les milieux intellectuels et politiques, quant à la réussite du processus de redressement économique et social, dont l’actuel P.M a charge de poursuivre.

Que d’énergies gaspillées, à toujours parler de notre cher Guinée, qu’en des termes peu flatteurs, les décisions de nos dirigeants politiques, par leur manque de cohérence et de pertinence, contribuant plus que jamais, à maintenir et même accentuer la misère des populations qui , dépitées par leurs luttes de survie quotidienne, s’en remettent à la volonté divine, pour conjurer le mauvais sort, comportement caractéristique d’un fatalisme chimérique.

Au regard des circonstances de la nomination de  M.SOUARE et les conditions actuelles de l’exercice de ses responsabilités, on ne peut que se résoudre à considérer, qu’il n’est qu’un maillon de plus, de cette incommode chaîne de commandement, habituée à créer des situations de compromission, sources de haine et de malaise social.

Le manque de lisibilité de certaines actions, nous interpellent à plus d’un titre, par exemple, le limogeage de M.KANTE ex ministre des mines, qui était connu pour sa rigueur dans le travail.

En effet, dans le compte rendu du conseil des ministres du 21 août 2008, il était rapporté que le ministre a présenté un tableau comparatif des dispositions de la convention minière type et celles existantes auparavant, dans lequel ressortaient des disparités et des traitements différents entre les acteurs du secteur. Document qui aurait été adopté par le conseil, pour servir de référence au gouvernement dans les négociations et conclusions des futurs accords, le but étant de rétablir la justice et permettre à la Guinée d’accroître substantiellement ses revenus miniers. Une semaine plus tard, on apprend que M.KANTE a été relevé de ses fonctions et on ignore tout des motifs d’une telle décision. Ce qui est surprenant dans cette affaire, c’est que tout laissait à croire que ce monsieur faisait bien son boulot. N’a t-il pas été l’un des rares ministres de l’équipe Kouyaté à être reconduit à son poste, parce que justement son travail était jugé satisfaisant. Alors de deux choses l’une : soit il est incompétent, raison de son écartement, soit c’est un cadre valeureux et intègre, qui a eu le malheur de s’opposer aux intérêts égoïstes des mafiosos pillards de l’économie guinéenne.  Dans ce dernier cas de figure, ce serait irresponsable de passer sous silence de tels agissements qui illustrent à merveille, les contradictions entre ceux que disent haut et fort, nos dirigeants avec leurs fallacieuses promesses et ce qu’ils érigent tout bas, comme pratiques courantes dans l’administration.Vouloir bien faire serait-il devenu un crime de lèse-majesté en Guinée ? C’est vraiment le monde à l’envers.

Par ailleurs, le coup d’éclat que le gouvernement a voulu faire avec la minable tentative de bonne figuration, à travers l’arrestation de pseudo-trafiquants de cocaïne, alors que les caïds de la cité sont connus de tous et ne sont jamais inquiétés, s’ils ne bénéficient impunément d’une certaine complicité, montre l’hypocrisie qui entoure la gestion des affaires dans notre pays et cette démission de l’Etat à assurer ses fonction régaliennes, explique la naissance entre autres, de mouvements  populaires dit de lutte contre la criminalité. Un pays où les citoyens sont amenés à se faire justice, par manque d’autorité de l’Etat et de justice, pays qui se veut pourtant démocratique, c’est vraiment le comble de l’ironie.

Parlant des élections législatives en perspective, reportées une fois de plus, ramadan oblige prétexte-on, comme si le mois saint n’était pas celui de tous les sacrifices, y compris l’investissement physique et moral, pour le bonheur des hommes, la répartition de la manne financière décrétée à cet effet, entre les partis politiques, fait grincer les dents en raison des critères d’attribution, qui semblent tenir compte du nombre de circonscriptions électorales, sous la coupe des différentes  formations politiques et de leur actuel représentativité, au sein d’une assemblée nationale en perte de légitimité et de crédibilité, parce qu’ issue de précédentes élections, jugées non transparentes.

Pour qu’advienne le changement, il faudrait un sursaut d’orgueil national, qui passerait nécessairement par une révolution spirituelle et mentale, se traduisant par des comportements audacieux et responsables des décideurs politiques, sous l’impulsion d’éléments moteurs catalyseurs,  dont les ambitions pour le peuple, seront à la hauteur  des enjeux économiques et sociaux du 21ène siècle et serviront d’exemples à suivre.

Par ailleurs, les médias considérés à juste titre comme étant le quatrième pouvoir, au regard de leur influence sur l’opinion publique et le rôle prépondérant qu’ils jouent  dans la sphère politique, doivent constituer, le recours ultime des citoyens contre les abus du pouvoir, contrairement à ce qui passe sous nos cieux, où la main mise de l’Etat sur ce secteur stratégique, favorise l’arbitraire qui se manifeste par l’apologie d’un régime anti-démocratique, faite par des journalistes en quête de promotion ou parfois sous la contrainte et la pression morale, aliénant et abroutissant de plus en plus, des populations analphabètes qui croient naïvement à tout ce qu’ils entendent débiter, dans la lucarne joyeuse et dans les transistors.

Heureusement que le développement des nouvelles technologies de l’information, constitue dorénavant, un rempart sérieux contre ces manipulateurs, en donnant la possibilité et surtout la liberté d’expression à tous ceux qui s’insurgent contre l’injustice sous toutes ses formes.

Ces médias parallèles doivent constituer un vecteur de changement des mentalités, en maintenant constamment la pression sur les dirigeants politiques, par la dénonciation des dysfonctionnements de l’appareil étatique.

La nouvelle de la nomination de M. Mohamed Salif Keïta, brillant homme de culture, comme chargé de la promotion  de la Guinée auprès des médias étrangers, est en soi une source de réjouissance pour tous, mais au regard de ce qui se passe dans notre pays, ce serait pour lui une tâche périlleuse, face à ce dilemme qu’est de vendre une image qui se veut bonne, alors que la réalité du terrain laisse à désirer et les investisseurs, les touristes et autres, que l’on cherche à berner, ne sont assez dupes, pour se faire vendre un lézard, en se laissant convaincre que c'est un petit caïman, par un baratin de " bana-bana à la waouh-waouh".   

La Guinée ne sera aux yeux de l’opinion publique internationale, que ce que ses fils et filles voudront qu’elle devienne, à travers leur participation positive ou non, à l’édification de la nation, mission qui demeure une affaire de tous et de chacun.

 

BAYO Abidine

 


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