Discours à la nation du général Sékouba Konaté
- Par Administrateur ANG
- Le 25/10/2010 à 08:27
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Guinéennes, Guinéens
Mes chers compatriotes,
C’est un homme déçu et frustré que vous avez aujourd’hui devant vous. Déçu que la démocratie à laquelle nous aspirons, pour laquelle nous avons consenti d’énormes sacrifices, soit pour beaucoup de nos compatriotes, un prétexte de violences, de confrontations. Je suis aussi frustré de voir que si près de notre but, nous nous laissons distraire par des oppositions et des conflits sans fondement.
Et pourtant, c’est ensemble que nous avons voulu et décidé de relever le défi de la démocratie. Notre avenir passe nécessairement par tirer les leçons de notre histoire qui nous détermine à nous unir et nous mobiliser à un moment où notre nation est à la croisée des chemins.
Mes chers compatriotes,
Les violences que notre pays enregistre constituent une réelle source de préoccupation car, il ne s’agit pas seulement de querelles politiques mais d’une grave menace qui pèse sur la cohésion sociale et le processus de la transition.
Je le redis une nouvelle fois, la Guinée appartient à tous les guinéens qui doivent se sentir chez eux partout où ils auront choisi de vivre sur notre territoire un et indivisible comme notre destin.
Je n’accepterai pas que des guinéens se sentent étrangers chez eux ou soient traqués à cause de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique. L’unité de la nation sera préservée à tout prix.
Les auteurs, commanditaires ou complices des actes de violences à travers le pays fragilisé par de nombreuses crises politiques et sociales sont nos ennemis à tous. Ils cherchent à diviser la Guinée et à opposer les guinéens pour prolonger nos souffrances, compromettre la transition. Bref, ils ne veulent ni du bonheur de la Guinée, ni de la prospérité des guinéens. Ils sont de tous les bords et ne reculent devant rien pour assouvir leurs sombres et tragiques desseins.
Je rappelle qu’aucun citoyen n’a le droit de se rendre justice. Pour les événements qui ont troublé la paix dans le pays, des enquêtes sont en cours pour faire toute la lumière et établir la vérité.
D’ici là, chacun doit garder son calme et observer la patience. En tout état de cause, l’Etat prendra ses responsabilités contre tous les fauteurs de troubles. Et j’indique que ça sera "TOLERANCE ZERO" pour les délinquants et les auteurs d’actes criminels. Nous sommes dans un Etat et non une jungle où tout est permis, où c’est la loi du plus fort.
Mes chers compatriotes,
Il nous appartient à tous de constituer un front uni et solidaire pour préserver la transition, la République, l’unité nationale, des valeurs essentielles que nous devons, dans un sursaut national et à travers un pacte républicain et démocratique, défendre avec force et conviction.
Je suis convaincu que les partisans de la démocratie, de l’émancipation politique et économique de notre pays, ceux qui veulent que notre pays avance, reprenne sa place dans le concert des nations, sont plus forts car, plus nombreux que ceux-là qui veulent saper les bases de notre jeune nation et de notre démocratie naissante promise à un grand avenir.
J’instruis le Chef d’état major de la gendarmerie et commandant de la Fossepel, de faire respecter l’autorité de l’Etat partout où elle est menacée pour préserver la sécurité des biens et des personnes ; bien sûr dans le strict respect de la dignité humaine en particulier des femmes, dans le respect aussi des libertés fondamentales des citoyens.
Mes chers compatriotes,
Devant vous, je m’étais solennellement engagé qu’il n’y aurait pas de report de la date du second tour de l’élection présidentielle. Celle qui m’a été proposée était celle du 24 octobre.
Les guinéens, ce dimanche, étaient donc appelés aux urnes. Mais une nouvelle fois, ils devront attendre. Le nouveau Président de la CENI vient de décider du report de cette échéance.
Je considère personnellement qu’il y a trop d’hésitations, un manque d’engagement et de responsabilité des autorités de la transition, en particulier le gouvernement, dans la conduite du processus électoral.
Le gouvernement d’union nationale de transition mis en place aux lendemains des accords historiques de Ouagadougou n’avait de mission essentielle que d’organiser les élections, seulement les élections dans un très bref délai.
Pour atteindre cet objectif, il a été fait appel à tous les acteurs qui ont consacré toute leur vie et toute leur ardeur à l’avènement de la démocratie, de l’Etat de droit, à travers des élections libres, transparentes et équitables.
Qui, mieux que les leaders de la classe politique et sociale, se trouvant aujourd’hui dans notre gouvernement peut combler notre espérance démocratique ?
Si le gouvernement n’a peut-être pas empêché les élections ou contribué au retard actuel, il n’a rien fait non plus pour accélérer le processus électoral, pour tenir compte de ma volonté, de mon empressement à ne pas rester longtemps au pouvoir.
A ce propos, je remercie et félicite mes compagnons d’armes qui ne ménagent aucun effort pour le respect de notre engagement commun à faire de la Guinée une grande démocratie.
Je félicite l’ensemble des forces de défense et de sécurité qui continuent à garder leur calme et à faire preuve de retenue face à tous les actes de provocation et d’agression. Ce faisant, elles évitent à notre pays d’être mis à nouveau sur le ban de la communauté internationale.
Notre armée qui a retrouvé son honneur ne répondra pas à la violence et à la brutalité car, consciente de ses devoirs et surtout, soucieuse de rompre avec un passé sombre.
Il n’est pas question d’être interpellé à nouveau par la justice nationale et internationale à cause de nouvelles exactions et d’un autre bain de sang que souhaitent certains acteurs de la vie nationale dont la stratégie politique et électorale est fondée sur le chaos et le désordre.
La Guinée ne sera pas le théâtre de violences qui vont liquider notre Etat et imposer une tutelle à notre pays.
Mes chers compatriotes,
Je profite de cette nouvelle occasion solennelle pour demander aux candidats qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle à maintenir le dialogue et le contact entre eux et à se mobiliser ensemble pour combattre à leur sein la violence et la division.
J’invite aussi le Chef d’état-major général des armées, les Chefs d’état-major particuliers, les Commandants d’unité, à intensifier les programmes d’instruction civique et démocratique au sein des forces armées nationales pour leur permettre de mieux appréhender les enjeux de la démocratie et avoir un comportement républicain.
D’ores et déjà, il y a lieu de se féliciter de la neutralité affichée par les hommes en uniformes qui ont compris qu’ils sont au service de l’Etat et des citoyens.
Mes chers compatriotes,
J’ai un devoir. Celui d’exprimer la reconnaissance de notre peuple et de notre gouvernement à l’endroit de la communauté internationale en particulier les missions diplomatiques accréditées auprès de notre pays, qui nous accompagnent avec détermination et constance dans notre volonté de démocratisation de notre pays. Elles agissent plus en amis qu’en partenaires. Je les appelle à poursuivre leurs efforts auprès de tous les acteurs en faveur d’une issue heureuse de la transition en cours.
Mes chers compatriotes,
Nous devons tous soutenir le nouveau Président de la CENI dans ses efforts et contribuer à donner une nouvelle impulsion à une transition qui ne marche pas comme nous voulons. La seule et unique tâche désormais, doit être l’organisation sans délai, des élections pour lesquelles personne ne peut et ne doit constituer un obstacle, un frein. La Guinée passe avant tout et tout le monde.
Vive la République
Vive la démocratie
Vive l’unité nationale
Vive les forces de défense et de sécurité
Que Dieu bénisse la Guinée et les guinéens".
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