Difficultés de Jean à produire une équipe: le «Marie» de la primature serait-il impuissant ?
- Par Administrateur ANG
- Le 04/02/2010 à 07:24
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Selon un vieil adage, jamais deux sans trois ! Souvenons-nous du temps mis par les anciens Premiers Ministres Kouyaté et Souaré pour constituer leurs gouvernements aussi minables l’un que l’autre. Depuis sa nomination, Jean-Marie Doré continue son chemin dans la mauvaise tradition. On parle de gouvernement en gestation mais on ne voit rien venir. Faudrait-il une césarienne à coups de bottes de la part du général Sékouba Konaté pour obliger Jean à nous montrer ses gens ?
Comme tout « bon » Guinéen qui croit que quiconque peut occuper n’importe quel poste, Jean a accepté la fonction de PM avant même d’en connaître les contours. Maintenant qu’il nous prouve ce dont il est capable. La montagne va peut-être accoucher d’une souris. Je pressens que son gouvernement ne vaudra probablement pas mieux que les précédents compte tenu de la logique guinéenne de glissement tendanciel vers la médiocrité. Quand on veut plaire à tout le monde, on ne plait à personne en particulier. Jean cherche (ne se chercherait-il pas lui-même, étonné d’arriver là où il est ?) à embarquer plus de passagers que son véhicule ne peut transporter. C’est la panne assurée avant même le départ.
Je suis vraiment choqué par le comportement irresponsable de la caste politique et syndicale de notre pays. Dès qu’on parle de postes à pouvoir, tous se précipitent telle une colonie de mouches sur une calebasse de miel. Les chefs de partis n’ont que le mot démocratie à la bouche ; pourquoi n’acceptent-ils pas l’alternance pour leur fauteuil ? Pourquoi des syndicalistes veulent-ils absolument être ministres ? Simplement pour les sous et non pour les travailleurs! Politiquement parlant, au niveau des « grands leaders », Jean est pourtant le plus petit : il n’a pas d’assise politique suffisante, même à Lola. Paradoxalement, cette faiblesse d’implantation aurait pu être son atout du fait qu’elle n’inspire aucune crainte de la part des autres prétendants à la magistrature suprême. En parlant de Jean, on a souvent évoqué le politicien soi-disant habile. Ce mythe serait sur le point de s’effondrer. Pourquoi ne peut-il pas convaincre ses pairs de le laisser constituer une équipe légère leur préparant le terrain dans un délai de moins de six mois ?
Si, pour Jean, tout ne va pas bien comme sur des roulettes c’est parce qu’il chercherait à rouler tout le monde. Par ses tergiversations ne donne-t-il pas implicitement raison aux militaires qui veulent laisser croire que les civils sont incapables de s’entendre entre eux ? Jean veut prendre son temps pour former un gouvernement alors que le temps presse. Songe-t-il à accroître sa longévité politique ? Pourtant les cabinets ministériels regorgent de cadres valables pour expédier les affaires courantes car c’est bien de cela dont il s’agit. Je l’ai dit et redit, le « mandat » de Jean est d’un semestre unique et non renouvelable si on respecte les « Accords de Ouaga » dont il est le premier bénéficiaire. Il ne s’agit donc que d’un service saisonnier pour rendre cette fois-ci définitivement le pouvoir aux civils à l’issue d’élections !
Ces élections, si nous tenons vraiment à leur donner un habillage démocratique, devraient commencer par les législatives. Ensuite on élirait un Président pour… présider notre république. L’ordre des élections est important. Avec une Assemblée Nationale d’une centaine de députés (des hommes, des femmes, des jeunes, etc.) on a une photo moins irréelle du pays alors que pour la Présidence, il ne peut y avoir qu’un et un seul fauteuil. Si nous avons l’imprudence de commencer par l’élection du Président, celui-ci va s’atteler à l’érection d’un bloc monolithique en guise d’Assemblée qui ne pourra jamais tempérer sa puissance ! En effet, dans un pays où l’on adhère à un parti politique moins par conviction idéologique que par souci alimentaire, on va toujours vers celui qui peut offrir financièrement le plus, à savoir le Président de la République, le monarque qui « nomme à tous les emplois civils et militaires ».
On nous chante à longueur de journée que pour faire des élections il faut de l’argent (en devises de préférence comme par hasard). Méfions-nous de ce genre de raisonnement sommaire. De l’argent, toujours de l’argent ! Certes, il en faut un peu, mais trop c’est trop ! La CENI, ce gros machin jamais rassasié, véritable chenille qui bouffe tout, devrait rendre compte des dépenses qu’elle a engagées alors qu’il n’y a eu aucune élection, fut-elle opaque. A force de demander toujours des crédits supplémentaires, elle n’est plus crédible. Elle existera sous sa forme vampirique actuelle tant qu’il n’y aura pas d’élections.
Je persiste et signe : la Guinée pourrait organiser des élections crédibles dans un délai de trois mois. C’est une simple question de volonté politique. Nous pourrions solliciter l’assistance technique de la Guinée-Bissau, pays voisin que nous avons contribué à libérer. Au point où nous en sommes, notre orgueil n’en prendrait pas un coup ! En voulant que tout soit d’abord net avant de faire quoi que ce soit on ne fera rien. La situation actuelle d’immobilisme de la Guinée doit arranger plus d’un. Rien ne peut être net dans la vie ! C’est en prenant l’habitude de voter régulièrement que les Guinéens pourront améliorer leur système politique et voir, enfin, leur cœur cesser de battre à un rythme militaire.
Je vous salue cordialement.
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