Diaka Camara et ses succès en chaîne
- Par Administrateur ANG
- Le 13/04/2016 à 13:15
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La journaliste et productrice guinéo-américaine Diaka Camara anime l'émission musicale Top 10, qu'elle a créée en 2011 pour la RTG et qui est désormais diffusée sur Espace TV. Diffusée par la Radio Télévision guinéenne (RTG) et, depuis 2014, sur la chaîne privée Espace TV Guinée, l’émission musicale Top 10 fait bouger le paysage audiovisuel guinéen dans tous les sens du terme. Classement des 10 chansons les plus écoutées du moment, clips, performances « en live », interviews d’artistes, de sportifs ou de personnalités du monde de la culture…
Tournées dans un lieu différent à chaque numéro, les séquences s’enchaînent, rythmées par la baguette d’une maîtresse de cérémonie pleine de peps et d’assurance : Diaka Camara, une Guinéo-Américaine de 35 ans, à la fois productrice, journaliste et animatrice.
Le retour à Conakry après les États-Unis
Née à Bruxelles et élevée en Guinée par une mère juriste et un père chef d’entreprise, Diaka Camara entame ses études secondaires au lycée français de Conakry, les achève au Texas (États-Unis) et, en 2006, sort diplômée en communication et journalisme de l’université de Houston. En 2010, après un stage à Telemundo TV (filiale de NBC), puis un emploi de gestionnaire de compte à la Chase Bank (pour un salaire annuel de 70 000 dollars), elle abandonne sa vie américaine, y compris son mari, pour s’installer à Conakry avec, dans sa valise, quelques projets bien précis. « Telemundo voulait me garder après le stage, mais je me suis rendu compte que, quel que soit ce que j’allais faire pour conquérir le monde, dit-elle en souriant, je voulais le faire depuis la Guinée ! À la fin, je me suis dit : « C’est chez moi »… »
En 2011, Diaka Camara crée son entreprise de production audiovisuelle, CBC Worldwide, et lance l’émission musicale Top 10. « Lorsque j’étais petite, puis lors de séjours à Conakry quand je vivais au Texas, les programmes de la télé guinéenne que je regardais laissaient vraiment à désirer. Et, comme c’est mon domaine de compétence, je me suis dit que je pouvais apporter ma contribution au changement de l’audiovisuel guinéen, explique la jeune femme. Mon objectif est de concevoir des émissions « made in Guinea » qui puissent être vendues partout dans le monde. Comme le feuilleton américain Côte Ouest dans les années 1980 ou la série ivoirienne Ma Famille dans les années 2000, sans parler de toutes les séries tournées à Nollywood, au Nigeria. »
Le retour à Conakry n’a pourtant pas été simple. Au départ, l’émission était produite sur fonds propres et diffusée sur la RTG depuis les États-Unis, à raison de deux numéros par mois. « Le plus difficile, c’est de changer les mentalités. Je devais repartir chaque mois en Amérique et je faisais beaucoup d’efforts pour peu de reconnaissance. Quand Top 10 a commencé, confie-t-elle, on m’a reproché d’américaniser la télévision nationale. Certains voulaient même que je paie pour que l’émission passe à l’antenne ! » Quand chaque diffusion lui coûtait 5 000 dollars…
Mais ses efforts ont porté leurs fruits. « Au début, c’était du jamais-vu en Guinée, ne serait-ce qu’au niveau de la qualité de l’image, souligne Diaka. Les autres émissions de la RTG n’avaient pas de générique ni d’habillage qui leur donnent une vraie identité. Depuis, on a imposé aux autres programmes de faire comme nous. »
Une émission pour mettre en lumière les talents guinéens
Désormais, le sponsoring et la publicité suffisent à couvrir les frais de production de Top 10. Devenue hebdomadaire, l’émission est diffusée tous les vendredis à 20 h 30 sur la jeune chaîne privée Espace TV (créée en 2013 par le groupe Hadafo Médias, de Lamine Guirassy), dont la ligne éditoriale correspond mieux à sa conception de l’audiovisuel. « À Espace TV, c’est donnant-donnant. Ils respectent la programmation, se félicite la productrice-animatrice. Top 10, c’est un mélange d’africanité et d’occidentalité. La seule différence entre un Soul Bangs [chanteur de R&B très populaire] et un Chris Brown, c’est que le premier est né en Guinée. Et je veux avant tout valoriser les talents guinéens et exporter la culture nationale. » Principe qu’elle va appliquer à d’autres créateurs, ceux de la mode, dans Fashion, une nouvelle émission qu’elle prépare avec Espace TV.
En 2014, pour participer à la lutte contre Ebola, CBC Worldwide a produit, en partenariat avec l’Unicef, le ministère de la Jeunesse et MTN Guinée, un documentaire de vingt-six minutes, 1 sauve 100, pour lequel Diaka Camara est allée à la rencontre de victimes de l’épidémie à travers le pays. Traduit en plusieurs langues (pular, guerzé, malinké, soussou, kissi et toma), il était diffusé sur les chaînes nationales, dans les écoles et les maisons de jeunes. Avec l’appui de l’ambassade des États-Unis, la productrice s’est engagée dans un nouveau projet, cette fois pour lutter contre l’excision. Elle espère ensuite pouvoir lancer une campagne contre l’analphabétisme.
Diawo Barry
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