Développer la Guinée… au fil de l'eau

Ac6e5c49aea968337f6dc603b086dab0Partir dès l’aube pour se rendre dans les coins les plus reculés de la Guinée. Faire voler, sous un soleil de plomb, un drone colligeant des données topographiques sur le terrain. Créer un atlas en ligne du potentiel hydroélectrique de ce pays d’Afrique.

Voilà la mission accomplie par la firme de génie-conseil AECOM. « Nous avions surnommé l’équipe sur le terrain les Indianas Jones de l’énergie », lance Annie Dumas, ingénieure et chef de service, hydraulique et hydrologie.

Financé par la Banque mondiale, cet atlas pourrait devenir un levier économique pour ce pays. En effet, la Guinée possède de grandes richesses à exploiter, mais pas d’énergie à moindre coût, explique Annie Dumas.

Pourtant son potentiel est évalué à plus de 6000 MW, alors que seulement 6 % sont réellement exploités. « Les entreprises étrangères, comme les minières, qui s’installent construisent souvent leur propre centrale thermique pour alimenter leurs activités, une solution rapide qui leur permet d’être indépendants », poursuit l’ingénieure. 

Avec cette base de données disponible en ligne, le gouvernement guinéen espère inciter ces compagnies à opter plutôt pour l’hydroélectricité, une façon « d’approvisionner le pays en énergie propre, verte, à moindre coût et abondante », soutient pour sa part Annie Caron, coordonnatrice technique et ingénieure de projet, énergie et hydrologie. Ainsi, en un coup d’œil, ils peuvent savoir s’il existe des sources d’énergie à exploiter à proximité de leur projet. 

Une façon aussi d’aider les habitants, ajoute l’ingénieure. En effet, en construisant une centrale hydroélectrique, les entreprises produisent souvent plus d’énergie que ce qu’elles consomment. Un surplus qu’elles peuvent vendre ou même donner aux populations locales. « Et quand ils ont terminé l’exploitation de leur site minier, ils pourront céder leur centrale au pays », ajoute Annie Dumas. Sans compter que ces entreprises créent de l’emploi localement. 

De l’information impartiale et accessible

Pour construire cette base de données, les ingénieurs ont d’abord colligé les informations existantes. Leur analyse leur a également permis de découvrir une centaine de nouveaux sites potentiels. De ce nombre, une cinquantaine ont fait l’objet d’une étude terrain. « C’était des sites qui n’avaient jamais étudié. Nous avions donc deux équipes qui visitaient un terrain par jour, pendant un mois », explique Annie Dumas.

Sur place, ils colligeaient différents renseignements à l’aide d’un drone survolant le site pendant deux heures trente. « Ces données permettent de reproduire le territoire en 3D. Ensuite, notre groupe d’experts de Montréal étudiait le tout pour proposer un schéma d’aménagement optimal », raconte la directrice. En effet, tout a été calculé pour limiter l’impact négatif de ces centrales, quitte à en diminuer la puissance.

Au total, l’outil répertorie plus de 300 sites et permet d’explorer une multitude d’indicateurs, notamment économiques, sociaux et environnementaux. Loin d’être statique, l’atlas pourra être bonifié au fil du temps, alors que l’équipe d’AECOM a formé des fonctionnaires guinéens sur la collecte de données par drones, la mise en ligne et la mise à jour de l’atlas.

Aujourd’hui, l’équipe estime que ce type d’outil, qui regroupe des dizaines de données ouvertes pour faciliter la décision, pourrait intéresser d’autres pays à travers l’Afrique. « L’objectif, c’est d’offrir de l’information impartiale, présentant la situation réelle. Nous espérons que cet atlas deviendra un catalyseur qui permettra de développer le potentiel du pays, tout en misant sur l’énergie verte », affirme Annie Dumas.

Le tout, avec un outil à la fine pointe de la technologie ! Un projet qui a d’ailleurs été lauréat aux Grands Prix du génie-conseil québécois 2019, dans la catégorie International. 

Source: Les affaires

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