Démocratie et transparence politique, une exigence pour le développement économique de la République de Guinée

Conakry 2Pour l'émergence économique de la Guinée, il est important et nécessaire de s'attaquer à un certain nombre de causes profondes qui sont à la base de son sous-développement. Après plus de 60 ans d'indépendance, la République de Guinée reste l'un des pays les plus pauvres de la planète en dépit de toutes ses ressources agricoles et minières immenses.

Sur un total de 228 pays, la Guinée se classe 213e des pays les moins avancés du monde selon le dernier rapport 2019 des Nations Unies sur l'indice du développement humain (IDH).

Il est vrai que la Guinée a tout pour être un pays émergent ; d'innombrables cours d'eau à travers tout le pays, des cours d'eau tels que les fleuves Gambie, Mano, Niger et Sénégal prennent leurs sources en Guinée, une population dont plus de 81% a moins de 35 ans, le potentiel en terres arables est évalué à 6,2 millions d'hectares, dont 75% sont inexploités et 64 000 hectares de terres irrigables, dont moins de 10% sont aménagés. Le potentiel hydroélectrique, exploité à moins de 6%, est estimé à 6 000 MW, pour une énergie totale garantie de 19 300 GWh/an (Banque Africaine de Développement), 2/3 des réserves de bauxite du monde, plus de 20 milliards de tonnes de fer d'une teneur à plus de 60% inexploitées (PNUD), plus de 700 tonnes de réserves d'or (Business France), 40 millions de réserves de carats de gisements de diamants (Source gouvernement Guinéen), uranium, etc.

Malgré, tout ce potentiel agricole et minier, les résultats des différentes politiques économiques et sociales des 60 dernières années ont été catastrophiques plongeant la population Guinéenne dans une paupérisation à la fois indescriptible et insupportable.

Des situations économiques, politiques et sociales désastreuses dues à la mal gouvernance, aux manques de compétences humaines et de priorités dans les choix des différents projets de développement et à l'ethnicisassion de la vie politique, etc.

L'établissement de l'Etat de droit, préalable à tout développement économique durable

Pour l'émergence économique de la Guinée, il me semble important et nécessaire de s'attaquer à un certain nombre de causes profondes qui sont à la base de son sous-développement à savoir :

L'établissement de l'Etat de droit, le préalable à tout développement. En somme, il est fondamental de doter la Guinée d'une véritable Constitution approuvée, votée par l'ensemble de la population et delà découleront toutes les autres lois publiques, normes et autres règles qui régiront la vie politique, économique et sociale.

En outre, mettre en place des institutions fortes et non partisanes (Cour suprême, Cour constitutionnelle, Conseil économique et social, Commission électorale indépendante, etc.) dont les membres seront choisis consensuellement.

Par ailleurs, garantir une véritable séparation des pouvoirs (Exécutif, législatif et judiciaire), lutter de façon implacable contre la corruption et les nombreux détournements de deniers publics, bannir les préférences ethniques dans les recrutements des fonctionnaires et hauts fonctionnaires dans l'administration publique en privilégiant les compétences.

Pour rassurer et garantir un bon climat des affaires aux investisseurs guinéens et étrangers, l'Etat doit impérativement améliorer le cadre juridique, palier à l'insuffisance des infrastructures énergétiques, routières, et de transport, et lutter sans concession contre la corruption et les lourdeurs administratives.

Priorité au secteur agricole, gros pourvoyeur d'emplois

Une fois toutes ces conditions sine qua non réunies, la Guinée peut enfin entamer son véritable développement économique tout en donnant les priorités au secteur agricole ; gros pourvoyeur d'emplois pour s'assurer ainsi son auto-suffisance alimentaire et ensuite en établissant un nouveau code minier gagnant-gagnant (Guinée-investisseurs), en veillant au strict respect d'une exploitation responsable des ressources minières qui préserverait la faune, la flore et l'environnement et enfin en procédant à un partage transparent et équitable des recettes minières qui assureraient à l'ensemble des Guinéens le progrès social tant attendu.

Des projets robustes avec un axe prioritaire au profit de l'amélioration substantielle des conditions de vie de mes concitoyens guinéens dans les secteurs (éducation et formation, santé, l'électricité et eau, la jeunesse, la culture et le sport, les infrastructures et transports) doivent être identifiés, financés, exécutés par des entreprises qui auraient satisfait en toute transparence à des appels d'offres et suivis jusqu'à leurs concrétisations finales.

(*) Par Dr Ibrahima Sakho est président du parti Changement, Progrès, Unité pour la Guinée (CPUG) ; ancien chef d'entreprise.

 

 

Source: LA TRIBUNE AFRIQUE

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