Décrispation de la situation sociopolitique avec l'adhésion de l'opposition à l'Assemblée nationale

En acceptant de siéger au sein de la future Assemblée nationale dont la mise en place s'avère imminente, l'opposition guinéenne contribue à détendre l'atmosphère sociopolitique dans le pays. Ceci après une période marquée par une crispation de la situation, suite au rejet des résultats des élections législatives du 28 septembre 2013 par l'opposition dans son ensemble.

Celle-ci ayant jugé que le score qui lui a été attribué, à savoir 37 sièges pour l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d'opposition et 10 sièges pour l'Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, ancien Premier ministre ainsi que les deux sièges du Parti de l'espoir et du développement national (PEDN), était loin de "la vérité des urnes". D'où ce refus de reconnaître les résultats provisoires diffusés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), puis le verdict de la Cour suprême, l'institution judiciaire, chargée de trancher dans le contentieux électoral.

Le verdict de la Cour suprême qui est tombé le 15 novembre n'ayant été qu'une confirmation des résultats proclamés par la CENI. Dans sa colère contre ces décisions, l'opposition a voué aux gémonies ces deux institutions citées plus haut, mettant en doute leur "indépendance", tout en menaçant de recourir à des institutions judiciaires supranationales, comme la Haute Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Puis, pour démontrer à la face du monde son mécontentement, l'opposition guinéenne a organisé une journée ville morte le 25 novembre dernier. Une action visant à protester contre la décision de la Cour suprême qui donnait la majorité à la mouvance présidentielle avec 53 sièges sur les 114 que compte l'Assemblée nationale. Cette journée ville morte avait dégénéré et a fait 2 morts et des blessés. Cela confirmait une nouvelle montée de tension entre le pouvoir et l'opposition, et les deux camps se livraient à des joutes verbales, à chaque fois que l'occasion se présentait. Face à cette situation, les diplomates de la CEDEAO accrédités en Guinée se sont mis sur leurs grands chevaux pour tenter de jouer la médiation. Une rencontre avec les leaders politiques de l'opposition s'est ainsi déroulée au siège de l'UFDG de Cellou Dalein Diallo, il y a environ deux semaines. Cette rencontre avait permis de plancher sur le processus de transition, depuis le scrutin, jusqu'à la publication des résultats définitifs.

Cette visite des diplomates de la CEDEAO au siège de l'UFDG avait été une occasion pour ceux-ci de convaincre les opposants à ne pas boycotter le parlement. Et à cette démarche, il faut bien ajouter d'autres comme celle entreprise par Saïd Djinnit, le représentant de Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations unies en Afrique de l'Ouest, qui présidait le comité de facilitation mis en place au terme de l'accord du 3 juillet, dont la signature a donné lieu à la participation de tous acteurs politiques au processus électoral. Finalement, après des atermoiements, l'opposition vient de décider de siéger au sein de la future assemblée nationale, dont la mise en place n'attend plus qu'un décret présidentiel.

C'est au terme d'une réunion de consultation interne qui s'est tenue ce jeudi que les opposants ont rendu publique leur décision. Seule, le PEDN de l'ancien Premier ministre Lansana Kouyaté s'est désolidarisée de la démarche. Cette formation politique n'ayant obtenu que deux sièges a jugé inopportun de siéger au sein du futur parlement, arguant avoir été victime de la manipulation des urnes par la mouvance. Chose qui lui aurait porté préjudice, selon le parti.

Dans un communiqué publié à cet effet, et dont Xinhua détient copie, l'opposition justifie sa décision par les raisons suivantes, à savoir "la consolidation de la paix et de la cohésion nationale en vue de contribuer à la mise en place d'un environnement sociopolitique plus stable et plus favorable à l'amélioration des conditions de vie des populations", ainsi que "la possibilité pour les députés de l'opposition d'empêcher l'adoption inappropriée de lois susceptibles de remettre en cause les acquis démocratiques et les libertés fondamentales".

L'autre argument avancé par l'opposition guinéenne est son "aptitude à initier des lois permettant de contenir les dérives du pouvoir en matière de gouvernance politique, économique et sociale et de favoriser la création d'investissements sociaux de base et plus généralement de contribuer à la lutte contre la pauvreté, l'exclusion et l'injustice".

Elle a tenu à prévenir cependant que sa participation au futur parlement doit s'accompagner de "la mise en place urgente d'un cadre permanent de dialogue politique dont la mission essentielle sera de veiller et de prendre, le cas échéant, toute mesure nécessaire à l'application de l'intégralité des mesures convenues dans le cadre de l'accord politique inter-guinéen du 03 juillet 2013".

L'une de ces mesures porte sur "le recrutement du nouvel opérateur technique qui aura la charge de la révision du fichier électoral devant servir à l'élection présidentielle de 2015", ainsi que "l'identification et la poursuite judiciaire des auteurs et commanditaires des crimes commis par les forces de l'ordre lors de ces manifestations", précise le communiqué.

Il conviendrait de rappeler que 15 partis sur les 32 ayant pris part aux législatives ont réussi à rafler des postes de députés au sein de la future assemblée.

Aucune des formations politiques n'a cependant bénéficié de la majorité qualifiée, à savoir les 2/3 représentant, soit 76 députés, ce qui ouvrirait la voie à des alliances.

Source:Xinhuanet

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