Crise sociopolitique : La Guinée et le Mali face à leurs démons
- Par Administrateur ANG
- Le 16/09/2020 à 10:20
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La Guinée et le Mali sont deux pays de l’Afrique de l’Ouest où la stabilité n’était pas garantie, vu les situations politique et sécuritaire. Entre le troisième mandat du président guinéen Alpha Condé et l’insécurité au Mali, les esprits étaient déjà préparés. En juin 2020, Afrikajom Center avait déjà tiré la sonnette d’alarme.
Le 18 août 2020, la République du Mali a connu le quatrième coup d’Etat de son histoire. Taxé de « coup d’Etat VIP » par certains observateurs de la scène politique du pays, ce coup de force n’a connu aucune violence. Mais bien avant, ce pays était déjà fragilisé par la crise sécuritaire et une « mal gouvernance » décriée par l’opposition.
Sur le plan sécuritaire, de janvier à novembre 2019, ce sont 472 morts en 17 attaques qui ont été répertoriés, rapporte Afrikajom Center. Ces attaques ont toutes été revendiquées par les groupes armés terroristes dans des localités différentes situées dans les régions du Nord, et tout particulièrement dans la région de Mopti au centre du Mali. Les régions du Nord, Tombouctou, Kidal, Gao et Mopti sont celles qui subissent le plus grand nombre d’attaques. On y compte un total de 720 morts en 2019.
Les conflits intercommunautaires se sont ajoutés à la liste des difficultés du Mali. Le 23 mars 2019, plus de 130 personnes ont été massacrées dans le village d’Ogossagou, au centre du pays. Ce sont entre autres les raisons qui ont occasionné le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) du pouvoir.
Engagement d’un dialogue national
Aujourd’hui, la junte militaire a du mal à convaincre la sous-région et la communauté internationale d’une sortie de crise apaisée. Le mardi 15 septembre 2020, une délégation va rencontrer les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest au Ghana pour clarifier les choses.
Bien avant ce coup d’Etat, le think-thank Afrikajom Center, dans son rapport de juin 2020, avait fait des recommandations au gouvernement malien par rapport aux situations politique, sécuritaire et humanitaire. Il y a entre autres l’engagement d’un dialogue national afin d’avoir une vision commune de la situation sécuritaire au Mali pour pouvoir faire face ensemble, avec détermination, aux attaques des groupes armés djihadistes ; la lutte ferme contre l’impunité en engageant des enquêtes judiciaires indépendantes et impartiales chaque fois que des crimes de masse graves sont commis ; et la traduction des responsables en justice.
Une guerre sans fin pour conserver le pouvoir
En Guinée, la situation politique a connu un véritable retournement avec l’intention inavouée du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat lorsqu’il a proposé le référendum afin que le peuple lui-même tranche la question. Il faut le rappeler, Alpha Condé est le premier président guinéen élu démocratiquement par les urnes en 2010. Après 30 ans d’opposition, il a été considéré pendant longtemps comme le doyen de l’opposition guinéenne qui a toujours refusé tout compromis avec les différents régimes autocratiques qui se sont succédé en Guinée.
En son temps, il avait clairement déclaré à la presse : « Je ne modifierai jamais la Constitution. Ce serait trahir ce pourquoi je me suis toujours battu ». Dans la soirée du 31 août 2020, Alpha Condé a « trahi » ce pourquoi il s’est battu pendant 30 ans en tant qu’opposant. « Le président Alpha Condé sera bien notre candidat à l’élection présidentielle », a indiqué le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG-Arc en ciel), son parti.
Doit-on craindre une crise préélectorale ? Dès l’annonce de la décision de consulter les Guinéens par voie référendaire pour statuer le fameux troisième mandat, le FNDC (Front national pour la défense de la Constitution), un mouvement citoyen composé d’organisations de la société civile, de partis politiques d’opposition, d’organisations syndicales et de personnalités indépendantes, a fait montre d’une détermination à empêcher l’organisation du référendum et des élections législatives du 22 mars 2020. Qu’est-ce qui va se passer désormais ?
Afrikajom Centre, dans son rapport (avant la candidature de Condé), a fait des recommandations au gouvernement guinéen pour apaiser la situation. Même si l’invite à annuler le référendum et à « renoncer solennellement au troisième mandat » ne sont plus d’actualité, d’autres recommandations restent valables. Il s’agit de mettre fin à l’arrestation arbitraire de journalistes, d’opposants politiques, de militants des droits de l’homme et de libérer toutes les personnes détenues dans le cadre des manifestations du FNDC ; de respecter la liberté d’organisation, d’expression et de manifestation ; de procéder systématiquement à des enquêtes indépendantes et impartiales pour faire la lumière sur toutes les violations des droits de l’homme et en tirer toutes les conséquences de droit ; et mettre un terme définitif à l’usage excessif de la force pour réprimer les manifestations pacifiques.
Guinée et Mali, comment sera le lendemain ? La question reste posée, et qui vivra verra…
Synthèse de Cryspin Laoundiki
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