Crise politique en Guinée: Propositions de Laye BAMBA
- Par Administrateur ANG
- Le 20/03/2015 à 09:21
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Face au nouvel imbroglio politique qui semble pointer à l’horizon, je propose :
1- Que l’opposition mette plutôt toutes ses forces dans le combat pour la transparence des élections présidentielles en s’impliquant pleinement dans les activités de préparation sur le terrain. A mon avis, l’ordre des élections importe très peu et ne mérite pas une telle débauche d’énergie.
Ce qui compte c’est le caractère transparent du vote et l’acceptation des résultats par les différents protagonistes. Et une victoire aux élections locales ne garantit en aucun cas un succès aux présidentielles. C’est pourquoi je pense que c’est sur la garantie de transparence des élections que l’opposition devrait focaliser ses efforts. Pour preuve, il n’aura échappé à personne que malgré la présence des délégations spéciales dans les cinq communes de Conakry, l’opposition y a tout de même remporté les législatives
2- Que l’opposition revienne à l’assemblée nationale et abandonne son projet d’empêchement de la prochaine session des lois. En effet, quoi qu’on en pense et qu’on en dise, cette assemblée est issue du vote du peuple. Et pour l’organisation de ce vote, le pays a payé un lourd tribut (morts, blessés, dégâts matériels…). Ne serait-ce que par respect pour ce lourd sacrifice consenti, les députés se doivent de faire leur travail jusqu’au bout et de la manière la plus efficace possible. Et parce qu’aussi la démocratie se construit avec le respect des institutions, en particulier celles qui sont l’expression de la volonté du peuple.
Par ailleurs, dans le système démocratique guinéen, la présence de l’opposition à l’assemblée nationale n’a rien à voir avec la légitimité du président de la République et de son gouvernement. L’opposition siège à l’assemblée pour y représenter une frange importante du peuple de Guinée.
3- Que l’opposition renonce à l’installation de ses propres maires. Cette action risque de provoquer entre les citoyens des affrontements, lourds de conséquences, qui porteront un nouveau coup dur à notre unité nationale déjà bien mal-en-point. Et le désordre engendré ne fera qu’éloigner encore plus les potentiels investisseurs qui seraient tentés de revenir dans notre pays durement frappé par EBOLA. En plus, les maires qui en résulteront ne pourront en réalité mener aucune action concrète dans une administration qui ne les reconnaît pas. A mon avis, l’enjeu ne vaut vraiment pas le risque encouru.
4- Que la CENI publie un rapport détaillé des raisons techniques et budgétaires qui rendent, selon elle, impossible l’organisation des deux élections d’ici le mois d’octobre. Nous sommes en démocratie ; les décisions prises par une institution doivent être expliquées et justifiées si besoin est. C’est pourquoi, pour la sérénité du débat et la compréhension de sa décision, la CENI doit faire l’effort pédagogique d’explication et de communication de toutes les raisons qui justifient son choix de chronogramme.
5- Que la CENI propose dès maintenant une date précise d’organisation des élections locales.
Pour faire preuve de plus de professionnalisme et rassurer tout un chacun, la CENI doit fixer dès maintenant une date précise pour les élections locales. Avec toutes les données en sa disposition, elle devrait être capable de cet effort de planification.
6- Que la CENI propose une solution concrète d’amélioration des échanges entre elle et les partis politiques.
Pour la restauration de la confiance entre elle et les partis politiques, la CENI doit proposer très rapidement une solution d’amélioration de sa communication envers ces derniers. Cette solution pourrait intégrer des propositions faites par les partis eux-mêmes.
7- Que le gouvernement rouvre sans délai le cadre du dialogue inter-guinéen.
Je reste persuadé que la seule issue possible est le dialogue inclusif. On peut toujours brandir les lois dont le respect est certes obligatoire mais c’est aussi et surtout par le dialogue que nous arriverons à construire notre démocratie. Et quand je parle de dialogue, le qualificatif « inter-guinéen » est très important car il est primordial que nous fassions la démonstration que les Guinéens sont capables de dialoguer sans arbitrage étranger. Le spectacle honteux où les représentants des organisations internationales et les ambassadeurs accrédités chez nous sont les seules personnes que les uns et les autres écoutent doit cesser. Il incombe au gouvernement de créer ce cadre de dialogue sain et serein !
8- Que dans un délai de trois mois maximum, toutes les institutions républicaines soient mises en place et opérationnelles.
Cela est une condition sine qua non de la stabilité démocratique dans notre pays.
9- Que certains cadres des différents camps politiques arrêtent la surenchère des déclarations menaçantes.
Elles ne servent absolument à rien sauf à chauffer à blanc certains militants qui, sans discernement, sont toujours prêts à en découdre par la violence.
Sachons raison garder en évitant de faire de la politique qu’avec de l’émotion. Le chaos dans notre pays ne profitera à personne !
Puisse Dieu bénir la Guinée !
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