Permettez-moi de saluer les Chefs de missions diplomatiques et les Représentants des organisations internationales qui vivent avec nous et qui sont des témoins privilégiés de l’évolution de notre formation politique et de notre pays.
Je voudrais remercier les délégués des Partis frères, venus de l’extérieur pour nous apporter le témoignage de leur amitié et de leur soutien.
Je n’oublie pas les Représentants des Partis politiques nationaux. Je leur dis merci en nous réjouissant de leur réconfortante présence, puisque au-delà des vicissitudes de la lutte politique, nous avons en commun le devenir de notre chère patrie, la Guinée.
A tous nos militants en prison ou en exil, victimes de l’arbitraire, notre soutien et notre solidarité. J’adresse un salut particulier au Vice-Président Bah Oury dont l’esprit sera présent dans notre Congrès. Je salue aussi, avec amitié, le Ministre d’Etat Tibou Kamara et Mr Sadakadji Diallo, éloignés de notre pays depuis 2010, victimes également de l’arbitraire.
Il me reste à saluer chaleureusement les journalistes de tous les organes de presse : écrite, audio ou visuelle. Témoins et acteurs de tous les combats pour la défense de toutes libertés dans notre pays, leur présence nous est nécessaire pour donner un fidèle écho à nos travaux.
Depuis nos dernières assises, nous avons déploré beaucoup de morts, de cause naturelle ou victimes de violences politiques. Ayons en ce jour solennel une pensée profonde pour eux. Je prierais donc l’assistance de se lever et d’observer une minute de silence en leur mémoire.
Chers compagnons congressistes,
Nous voici donc réunis à l’occasion de ce Congrès qui est, comme vous le savez, la plus haute instance statutaire de notre parti. Rencontre nécessaire à son bon fonctionnement et qui lui permet de faire le point sur ses activités. C’est aussi l’occasion de sa régénération avec de nouveaux objectifs. Mais avant de nous atteler à cet exercice, rendons hommage à ceux qui ont éclairé notre chemin par leur vision, leur courage et leur sens du sacrifice.
C’est à ce titre que la mémoire de Bah Mamadou, figure emblématique de notre histoire, doit être, de nouveau, saluée. Par son effort de direction, d’impulsion et d’organisation, il est, pour nous tous, le plus glorieux des serviteurs de notre Parti. Ses prises de position courageuses ont éveillé la conscience de ceux qui étouffaient sous l’humiliation. Bah Mamadou fut ainsi celui qui a soutenu notre fierté et nourrit notre espérance. Il est juste que soit rendu à cet artisan de nos libertés, à chaque occasion solennelle, l’hommage qu’il mérite. Avec vous, ensemble, prions pour le repos de son âme !
Nous devons aussi rendre hommage à nos martyrs. Au cours de ces dix dernières années, l’histoire de l’UFDG a été une histoire de grandes douleurs. Nul Parti n’a été plus profondément mutilé que le nôtre. Des morts par centaines, des handicapés à vie, des blessés par milliers, des dégâts matériels importants. Ce lourd tribut de peines, c’est le prix élevé que le Parti a payé pour résister à la dictature et défendre la liberté des guinéens.
En effet, c’est pour la Guinée que sont morts ceux de nos militants conscients d’exercer une sorte de sacerdoce du sacrifice et de l’exemple. Ils sont morts pour un état de droit dans notre pays, pour une justice qui exerce librement la justice, pour qu’il n’advienne plus dans notre nation les tueries du 28 Septembre et les barbaries de Zogota, Zaoro, Womey. Ils sont morts pour une Guinée unie et démocratique.
L’axe Hamdanlaye-Bambeto a payé le plus lourd tribut de nos manifestations politiques. Avec 64 morts depuis 2011 ensevelis dans le cimetière de Bambéto, il a droit à la reconnaissance profonde de notre Parti. L’histoire de cet axe prendra un jour un caractère légendaire avec l’évocation magnifiée des combats épiques de ses fils pour l’instauration de la démocratie dans notre pays.
Chers compagnons congressistes,
Notre dernier Congrès s’est tenu le 15 Août 2009. Cinq ans plus tard, un autre devait être organisé comme le prescrivent nos statuts. Malheureusement, ce délai n’a pas pu être respecté en raison de contraintes de plusieurs ordres. Notamment d’ordre sanitaire avec le virus Ebola dont le développement ne recommandait pas le déplacement et les rassemblements de personnes.
Comme vous le savez, j’ai été élu Président de l’UFDG par le congrès de 2009. Depuis cette date, des événements majeurs se sont produits affectant de façon profonde la vie politique guinéenne et les activités de notre Parti. En effet, après le coup d’Etat de Décembre 2008 qui a mis fin à la deuxième République et l’avènement au pouvoir du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) sous la Présidence du Capitaine Dadis Camara, notre pays a connu le drame du 28 Septembre 2009.
En Décembre de la même année, le capitaine Dadis Camara faisait l’objet d’une tentative d’assassinat.
En Janvier 2010 le CNDD était dissout, remplacé par le Conseil National de Transition et un 2ème Gouvernement de transition prenait place sous la Présidence du Général Konaté de Janvier à Décembre 2010.
Le 19 juillet 2011 se produisait la présumée attaque du domicile du Président Alpha Condé. En Décembre 2013, apparaissait le virus Ebola. Près de 3000 guinéens en sont morts.
Prions pour le repos de leur âme et remercions la communauté internationale dont l’assistance a permis de contenir le développement de cette terrible maladie.
C’est dans ce contexte particulièrement perturbé que le Parti a développé ses activités. Il a fallu faire face aux obstacles qui ont été dressés devant nous par la faiblesse des moyens, l’hostilité des adversaires, les brutalités des forces de l’ordre et par les intrigues internes des plus fragiles d’entre nous.
Mais nous n’avons perdu ni temps ni peine. En effet, dès les premiers moments de notre mandat, en conscience qu’il faut un fondement solide pour toute construction importante, priorité a été donnée à l’implantation et au renforcement des structures de base avec un maillage serré sur l’ensemble du territoire national.
Ainsi, le parti a été installé dans toutes les localités du pays et à l’Etranger. Cet effort de structuration fait de l’UFDG un parti solide qui compte 54 fédérations au niveau national avec 386 sections et près de 3000 comités de base. A l’extérieur du pays, les fédérations sont au nombre de 39.
Notre patience et notre confiance aux uns et aux autres, sans exclure la fermeté sans laquelle rien n’est possible, ont alors permis de conserver l’unité du Parti, d’élargir sa base et de mobiliser les militants dans l’ardeur, le dévouement et l’espérance. A la veille de l’élection présidentielle de 2010, l’UFDG, devenue une force cohérente, était au premier rang des Partis politiques guinéens.
C’est cette organisation qui a permis au candidat de l’UFDG d’obtenir 44% des suffrages au 1er tour de la présidentielle de 2010, loin devant ses concurrents. Voyant l’efficacité de notre Parti et le danger de déstabilisation qu’il représentait pour son candidat dans les fiefs qui leur sont proches, le RPG d’alors recourait à la calomnie ethniciste avec l’affaire de l’empoisonnement bidon pour chasser des localités de la Haute Guinée, à fort taux d’électeurs, les allogènes et terroriser par des menaces physiques les autochtones proches de l’UFDG. Ce stratagème cynique et les fraudes qu’il a autorisées par la suite ainsi que les complicités tapies dans les hauteurs de l’Etat et dans d’obscures officines à l’extérieur du pays devaient réussir à détourner les suffrages des citoyens guinéens au second tour de la présidentielle de 2010.
Mais faut-il encore évoquer ce funeste souvenir inscrit dans notre mémoire comme une spoliation de la confiance que notre peuple nous avait dédié ? Devons-nous être encore dans l’amertume, dans le ressentiment alors que les faits ont été établis, les preuves apportées, des aveux recueillis sur la façon dont la besogne s’est organisée pour obtenir les résultats de la présidentielle de 2010 en escroquant notre victoire ? Non, nous ne sommes pas un Parti qui gémit sur son sort. Notre chemin est tracé, les vents contraires peuvent ralentir notre marche mais rien ne peut nous empêcher d’atteindre notre objectif.
C’est cette forte détermination à faire face à l’adversité, à défendre les valeurs de liberté et de démocratie qui fondent notre Parti qui a surpris nos adversaires. En effet, après avoir réussi leur forfaiture et nous croyant sous terre, ils ont voulu abaisser le rideau de la dictature sur le pays oubliant les conditions dans lesquelles le pouvoir leur a été dévolu. Nous avons alors sonné le tocsin de la résistance pour défendre le droit de manifestation reconnue par la Constitution et que le pouvoir voulait contraindre. L’appel a été si bien entendu et la mobilisation si forte que le gouvernement a dû céder mais non sans avoir réprimé avec férocité ceux qui réclamaient l’exercice de leur droit.
Zakaria Diallo, à nos côtés lors de la manifestation du 3 Avril 2011, a été tué par balle réelle par les forces de répression du gouvernement. Il est la première victime politique sous le mandat d’Alpha Condé. Prions pour le repos de son âme!
Nous n’avons pas été seuls à lutter contre la volonté d’Alpha Condé d’instaurer son hégémonie et un Parti Etat en Guinée.
C’est le moment de saluer la détermination et le courage de mes collègues de l’opposition républicaine ; je veux nommer les Présidents Sidya Touré, Lansana Kouyaté, Jean Marc Telliano, Sila Bah, Aboubacar Sylla, Mouctar Diallo, Mamadou Bah Badiko, Faya Millimono, Madame Fatou Bangoura, Sékou Konaté, George Gandhi Faraguet Tounkara.
Nous constituons ensemble l’opposition républicaine, un front de lutte dans le cadre républicain mis en place dès 2011 pour coordonner nos revendications concernant les élections législatives que le gouvernement tardait à organiser.
Ces élections devaient se tenir au cours du 1er trimestre de 2011 pour mettre fin au cycle de transition. Face à l’intransigeance du gouvernement concernant les modalités de leur organisation, nous avons alors demandé aux militants de se mobiliser contre le manque de transparence du processus. L’ampleur des manifestations, leur durée et la ferme détermination qui les ont sous tendu et ce, malgré une répression sanglante, devaient obliger la communauté internationale à s’impliquer pour trouver un consensus. C’est sa médiation qui a permis d’obtenir l’Accord du 3 juillet et la tenue des élections législatives le 28 Septembre 2013.
Les résultats de l’UFDG à ces élections ont été les suivants : sur les 114 députés qui composent l’Assemblée nationale, le parti dispose de 37 députés dont 14 sur les 38 issus du scrutin uninominal et 23 sur les 76 issus du scrutin de liste à la représentation proportionnelle.
Ces résultats devaient être plus importants n’eussent été les basses manœuvres de la CENI à la solde du gouvernement et de son Parti le RPG- arc-en–ciel. En effet, dans les régions qui nous sont favorables, le taux de bulletins de vote déclarés nuls a été le plus élevé.
C’est aussi dans les circonscriptions qui nous sont acquises que le taux de participation a été le plus faible avec comme exemple 47% à Gaoual contre 92,5% à Mandiana.
En outre, le vote des guinéens de l’étranger, qui est reconnu comme favorable à l’UFDG, a fortement chuté en comparaison avec 2010 parce que la CENI a refusé à cet électorat de bénéficier des mêmes facilités d’accès au scrutin. Il faut ajouter le fait que la cartographie des bureaux de vote nous a été défavorable sans oublier le fait que l’électorat des circonscriptions acquises au RPG-Arc-en-ciel a été gonflé avec un taux de progression moyen de 27, 4% contre 12% pour les nôtres.
L’objectif déclaré du RPG Arc-en-ciel était d’obtenir au moins 76 députés soit les 2/3 de l’Assemblée nationale qui sont la majorité qualifiée pour l’adoption des lois organiques. Il n’a eu que 53 députés et ce score n’a été obtenu que par la fraude dont l’ampleur a été reconnue par tous les observateurs notamment ceux de l’Union européenne.
Il est important d’indiquer que partout où la vigilance de l’opposition a pu s’exercer sur les bureaux de vote, les suffrages lui ont été favorables ; en revanche, elle a perdu partout où cette vigilance a été faible ou absente.
Le cas le plus illustratif de cette situation est constitué par les résultats des 5 communes de la capitale, Conakry. Grâce à l’extrême vigilance, de nuit comme de jour, de nos militants et de l’assistance de la mission d’observation de l’Union européenne qui ont mis en échec les manœuvres frauduleuses du gouvernement, toutes les 5 communes ont été gagnées par l’opposition et l’UFDG a obtenu le plus grand nombre de suffrages.
Alpha Condé a considéré les résultats obtenus par son Parti comme un échec et une alerte. Un échec face aux moyens engagés. En effet, comme l’a observé la Mission de l’Union européenne dans son Rapport final sur les élections législatives de 2013, le RPG-Arc-en-ciel a non seulement reçu le soutien de l’administration électorale, mais il a aussi bénéficié de moyens matériels, financiers et logistiques importants.
Sa campagne a été marquée par l’utilisation massive de biens de l’Etat, qui s’est traduite par la mise à disposition de véhicules et de locaux de l’administration publique. Le parti présidentiel a bénéficié également du concours des ministres du gouvernement mais aussi de gouverneurs, préfets, sous-préfets, maires et chefs de quartiers.
Les résultats de cette élection ont été aussi une alerte pour Alpha Condé sur l’état de l’opinion nationale concernant sa gouvernance. Alors que la population venait d’exprimer sa déception et donc ses désillusions sur le changement promis, comment, sans les perdre, le gouvernement pouvait- il organiser les élections communales dans le premier trimestre de 2014 conformément aux engagements qui ressortaient de l’accord du 3 juillet ? Perdre les communales ne comporterait-il pas un double risque : celui de décrédibiliser l’échafaudage de fraude préparé pour la présidentielle et celui de perdre des auxiliaires précieux pour la fraude et la propagande que sont les maires, les chefs de quartier et les chefs de district ?
C’est pour ces préoccupations et non pour des raisons sanitaires liées à Ebola comme l’a prétendu le gouvernement que les communales n’ont pas été organisées en 2014. Elles ne le seront pas davantage en 2015. En effet, les inquiétudes du gouvernement sur les incertitudes du vote communal se sont transformées en sentiment de peur car la situation d’ensemble du pays, médiocre en 2013, s’est détériorée en 2014 avant de s’affaisser en 2015 avec une économie en récession.
Chers compagnons congressistes,
En vérité, les guinéens ont parcouru depuis 2010 leur chemin d’éveil. Aujourd’hui, encore plus qu’en 2013, ils ont conscience de l’échec du pouvoir actuel dans tous les domaines tant politique que sécuritaire ou économique.
Notre population a ainsi une perception négative de la gouvernance politique et institutionnelle du pays sous Alpha Condé. Outre les manquements graves de la constitution, elle a été marquée par des faits de discrimination tels que notamment les discours de stigmatisation tenus par des responsables du régime et au premier rang le Président de la République, les nominations dans l’administration privilégiant de façon ostentatoire ceux provenant du clan d’Alpha Condé, les marchés d’Etat octroyés de gré à gré aux seules entreprises de ce clan. Depuis 2010, les exactions sans limites exercées sur les manifestants politiques et la brutalité d’une violence sans nom subie par les populations forestières ont laissé des traces profondes sur ces communautés et mis à mal la volonté de vivre ensemble de la nation.
Le dialogue que nécessite cette situation est comme inutile du fait que le gouvernement s’est souvent rendu coupable de déni ou de reniement de ses engagements. En effet, les accords du 3 Juillet 2013 qui ont permis de tenir les élections législatives ont été mis en cause et des ministres de la République n’ont pas hésité à mentir devant la nation sur l’authenticité de ces accords auxquels ils ont pourtant participé. Au demeurant, le gouvernement guinéen est poursuivi devant des tribunaux internationaux dans plusieurs affaires économiques et minières pour abus de confiance et de pouvoir.
Le cynisme mensonger avec lequel les affaires de l’Etat sont conduites a installé la méfiance dans les relations entre les acteurs politiques et abimé l’image du pays à l’extérieur. Pour la grande majorité des guinéens, seul le départ d’Alpha Condé du pouvoir peut aider la nation à recoudre le tissu social et à renouer avec la confiance tant entre eux qu’avec l’étranger.
Par ailleurs, le recul de l’effort dans la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption sous le mandat d’alpha Condé est aussi mal vécu par les guinéens.Alors que leurs conditions de vie n’ont cessé de se dégrader, le pays n’a jamais été aussi corrompu. Les 25 millions de dollars de l’affaire Palladimo, les 700 millions de dollars de Rio Tinto, le prêt de 150 millions de dollars du gouvernement angolais ne connaissent pas de traçabilité dans le budget de l’Etat. Plusieurs cas de marchés sont cités comme les marchés passés de gré à gré et surfacturés de plusieurs centaines de milliards de francs guinéens au profit d’entrepreneurs réputés proches du premier cercle du pouvoir actuel, notamment dans les secteurs de l’électricité et des BTP. Il est aussi évoqué l’affairisme au sommet de l’Etat autour des mines du pays en relation avec des amis étrangers prédateurs. Le cas de Forécariah Mining Company qui a extrait et exporté 1 300 000 tonnes de fer sans aucun paiement de droits et taxes au trésor public, constitue une illustration parfaite de la mauvaise gouvernance dans le secteur minier.
En ce qui concerne la sécurité, la réforme de ce secteur, engagée dès l’avènement d’Alpha Condé au pouvoir, est considérée comme élément majeur dans la politique générale de son gouvernement. Cette réforme devait notamment permettre de combler le déficit de compétence et de qualification spécifique ainsi que l’insuffisance de moyens logistiques, d’équipements et d’infrastructures adaptées ; la mise en place d’un mécanisme de contrôle civil et démocratique ; l’amélioration durable des relations entre civils et militaires. Au terme du mandat, force est de constater que les changements obtenus sont bien faibles. Dans le ressenti de la population, les forces de défense et de sécurité sont encore instrumentalisées par le régime au lieu d’être au service de la République pour la défense et la protection des citoyens.
Ainsi, à part le casernement partiel des forces de défense et de sécurité et la mise à la retraite sélective des militaires dont les droits n’ont d’ailleurs pas été entièrement réglés, la situation sécuritaire est plus préoccupante que par le passé. Des milliers de morts dans la région forestière, victimes de la barbarie avérée des forces de sécurité. Une soixantaine de manifestants tués par les mêmes forces aidées par des auxiliaires Donzos et autres milices réputées proches du pouvoir.
L’assassinat ciblé de hauts fonctionnaires de l’administration, de personnalités de la société civile ou politiques comme notre regretté ami, Amadou Oury Diallo qui laisse un grand vide dans les rangs de l’UFDG. Beaucoup de guinéens accusent le gouvernement d’être le commanditaire de ces affaires du fait de la faible diligence dans les enquêtes et de l’impunité des auteurs lorsqu’ils sont identifiés. Leur défiance se trouve renforcée par l’adoption récente d’une loi autorisant les forces de l’ordre à tirer sur les manifestants.
Au plan économique, Alpha Condé a accédé au pouvoir d’Etat en promettant de transformer la Guinée en pays émergent en 5 ans de son mandat. Une promesse d’autant creuse que le pays n’en a jamais pris le chemin. Il est vrai que le cadre macroéconomique est relativement stabilisé avec un niveau d’inflation réduit et un niveau d’endettement extérieur en net recul grâce à l’abandon de créances dans le cadre du PPTE. Mais la croissance économique est bien loin d’atteindre un niveau plaçant le pays sur le sentier de l’émergence. Au contraire, la Guinée s’est davantage appauvrit et les conditions de vie de la population se sont considérablement dégradées.
En 2011 et 2012, le taux de croissance économique a été 3% soit au même niveau que l’augmentation de la population. En 2013, année avant l’apparition d’Ebola, ce taux s’est contracté à 2,3% soit une performance bien médiocre par rapport à la moyenne en Afrique qui s’établissait à 5%. La croissance de l’économie guinéenne est encore plus dérisoire comparée aux réalisations enregistrées par les pays voisins au cours de cette année 2013 : 14,8% en Sierra Leone, 9% en Côte d’Ivoire, 7% au Libéria.
En 2014, cette croissance s’est contractée à 0,4%, ce qui correspond à un appauvrissement de la population. En 2015, cet appauvrissement sera encore plus marqué puisque l’économie en récession connaitra un taux de croissance négatif selon les prévisions du FMI.
Chers compagnons congressistes,
Le changement promis par Alpha Condé s’est révélé cauchemardesque. Au moment où une nouvelle élection présidentielle s’annonce, les guinéens ont, de nouveau, un besoin d’espoir. L’UFDG veut répondre à ce besoin par la voie de la confiance et du rassemblement. C’est ce qui ressort de notre projet de société et qui soutiendra notre Congrès.
En effet, notre vision de ce que doit être notre pays est celle d’une Guinée en confiance et qui inspire confiance. Une Guinée guérie de la plaie honteuse qu’est l’ethnicisme et fière de se rassembler sur elle-même. Le socle de cette vision, c’est un système démocratique solide qui favorise les lois justes pour tous et s’assure qu’elles sont mises en œuvre de façon impartiale. Pour asseoir une entente et une paix durable qui tient compte de l’histoire du pays, un programme de réconciliation nationale sera conduit sur la base du droit de savoir, du droit de justice, du droit de réparation et du droit garantissant la non-répétition.
Pour améliorer la qualité du service public, un système de gestion axé sur les résultats sera introduit dans l’Administration. Celle-ci devra obéir aux principes de l’exemplarité et de la transparence avec la mise place d’une Haute Commission de la Lutte contre la Corruption. Dans ce système démocratique que nous construirons, les forces de défenses et de sécurité doivent devenir des corps professionnels au service exclusif de la nation et de la sauvegarde des valeurs républicaines.
La crise sanitaire survenue en 2014 et 2015 avec le virus Ebola montre que de graves et nombreuses lacunes existent dans notre système de santé. Le budget alloué au secteur est de 2,3% contre 7,4% au Cap Vert alors que l’engagement d’Abuja fixe le seuil à 15% aux pays africains. Cette faiblesse devra être corrigée en forgeant le système de santé dans trois axes : quantité, qualité, accessibilité. Notre ambition est de mettre en place un Programme de Couverture maladie Universelle avec l’objectif d’atteindre 75% de la population à l’horizon 2019.
Au plan de l’Education, la priorité des investissements publics lui sera dédiée puisque ce secteur porte l’avenir de notre jeunesse et donc l’avenir du pays. Le développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle pour former nos jeunes aux emplois primaires et intermédiaires dont le marché est le plus porteur, sera au cœur de notre gouvernance. Dans ce cadre, 30 métiers pour le futur seront identifiés en tenant compte des besoins de notre économie.
Au plan économique, des politiques de soutien seront mises en œuvre pour encourager les approches par filières et des avantages comparés maximisant la valeur ajoutée dans la valorisation de nos ressources. Des programmes ambitieux d’investissement dans les infrastructures seront engagés, notamment dans le cadre de partenariat public privé. En ce qui concerne en particulier l’énergie, avec un potentiel d’hydroélectricité de 6,1GW de puissance dont dispose notre pays, notre objectif est de porter la production à 1500 MW avant 2020.
Par ailleurs, la ville est un lieu de création de richesses comme il est un territoire de graves difficultés sociales. Notre société devient de plus en plus et cette évolution est irréversible urbaine. Une politique de la ville et d’aménagement du territoire sera au cœur de nos actions de politiques publiques. Il sera aussi accordé une grande attention au développement des arts et de la culture, du tourisme, de l’artisanat et de sport dans la perspective de valorisation du patrimoine national et de l’image de notre pays.
Dans la société que nous avons en vision, l’éthique et la morale auront toute leur place. L’instruction civique retrouvera son importance et des dispositions seront prises pour promouvoir la famille dans la nation. Les inégalités liées au genre seront combattues comme seront condamnées conformément à notre constitution, toute discrimination en particulier lorsqu’ elle est d’ordre ethnique. Le gouvernement sera lui-même astreint à cette exigence moralisation. Ainsi dans le cadre du respect de la transparence et de la démocratie, les avancées et les actions prises par rapport à ses engagements devant le peuple seront évaluées par un cabinet de renom international au début, au milieu et en fin de mandat et les résultats rendus publics.
Chers compagnons congressistes,
La confiance que nous voulons redonner à notre peuple nous devons l’avoir en nous-mêmes. Il faut reconnaitre que nous sommes plutôt fiers de notre Parti. Je voudrais rendre hommage au travail de nos militants grâce auxquels, dans les conditions que je vous ai indiquées, nous avons obtenus les résultats qui ont été les nôtres lors des deux dernières consultations. Un parti politique, c’est d’abord les militants. L’UFDG qui n’a cessé de grandir est aujourd’hui une force cohérente qui compte sur l’échiquier politique de notre pays. Nous le devons à nos militants, à leur mobilisation à tous nos appels, à leur courage face aux forces de répression qui veulent contraindre nos libertés, à leur détermination dans la lutte pour conquérir le pouvoir d’Etat. Ils méritent notre salut !
Mais notre Parti doit davantage construire sa confiance en lui-même en faisant plus et mieux. Ainsi, nous devons améliorer notre organisation pour rendre notre parti plus efficace et plus performant. Dans cette préoccupation, il nous parait indiqué que le parti se dote d’un personnel réduit à plein temps qui comprendrait notamment un Directeur de cabinet du Président qui le seconderait dans le suivi et le contrôle de la mise en œuvre des décisions du Parti, d’une administration chargée des finances et de la communication.
Au titre des Statuts et du Règlement intérieur du Parti, des aménagements doivent être faits pour renforcer leur opérationnalité. Il serait ainsi nécessaire de prévoir une Convention Nationale qui discuterait et apprécierait les activités du Parti dans l’intervalle des Congrès. Les aménagements porteraient également sur le Conseil politique, le Bureau Exécutif et les organes spécialisés des femmes et des jeunes. Il serait également souhaitable que les secrétaires nationaux prennent une place plus importante dans l’animation du Parti. En effet, l’UFDG ne doit pas être qu’une machine électorale. Dans son ambition de porter le renouveau de notre pays, il doit être un lieu d’écoute des besoins de notre population, de réflexion, de débat, de propositions. Cette responsabilité sera du ressort des secrétaires nationaux.
C’est au regard de ces préoccupations que la Direction Nationale fait les propositions suivantes au Congrès :
1- De reconduire le Bureau Exécutif sortant et de donner mandat au Conseil politique d’actualiser la liste ;
2- D’élire le Président du parti, les vice-présidents et les membres du Conseil Politique.
3- de donner mandat au Conseil Politique pour :
a- procéder à un réexamen des Statuts et du Règlement Intérieur en vigueur en vue de clarifier nettement les compétences des structures et instances et de conférer plus de rationalité dans l’organisation et le fonctionnement du Parti.
Les propositions de révision qui seront faites par le Conseil Politique vont être communiquées aux fédérations dont les remarques et suggestions seront prises en compte dans le projet à soumettre à l’instance compétente pour adoption.
b- d’établir les listes des Secrétaires Nationaux et des Secrétaires Nationaux Adjoints en tenant compte des critères de compétence, d’équité et du genre.
4- De revoir les effectifs des membres du Conseil Politique, du Comité National des Femmes et du Comité National des Jeunes ainsi que le nombre des Secrétariats Nationaux.
5- De préciser l’ordre de préséance des vice-présidents du Parti.
Mais pour que son fonctionnement s’améliore comme nous le souhaitons et nous mette en mouvement de façon encore plus efficace vers nos objectifs, l’UFDG doit être un Parti de militants et non un Parti d’état-major. La libre discussion que nous encourageons ne doit pas conduire à l’anarchie et aux luttes de factions. Une fois les décisions prises, démocratiquement et selon les statuts, elles doivent être appliquées avec discipline. Par ailleurs, la direction de l’UFDG doit veiller à garder le contact avec la base et rester accessible.
Chers compagnons congressistes,
C’est un Parti mieux organisé, plus sûr de lui et en ses capacités qui sortira de notre Congrès. Mais notre confiance en nous doit s’accompagner de notre unité. En effet, rien ne peut advenir si nous sommes fragilisés par la désunion. C’est pourquoi je suis aujourd’hui fier de nous voir aussi nombreux et enthousiastes, pleins de ressort et de confiance. Je nous sens résolus à consolider notre cohésion qui est la condition des grandes réussites. Si nous restons unis, ce qui comporte de durs devoirs et de dévouement, nous l’aurons fait pour le pays. C’est à ce prix que les guinéens adhéreront à notre proposition de construire, pour les 5 prochaines années, une Guinée de confiance et accepteront notre main tendue pour le rassemblement de toutes les bonnes volontés de la nation.
C’est avec cet espoir que je déclare ouverts les travaux de notre Congrès.
Elhadj Cellou Dalein Diallo.
Président de l’UFDG