Condé ou le syndrome des opposants historiques
- Par Administrateur ANG
- Le 24/06/2011 à 08:41
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Six mois après son élection, le premier président démocratiquement élu de la république de Guinée est au pied du mur. Les espoirs suscités par un renouveau démocratique conquis par les Guinéens au prix du sang, ont du mal à se concrétiser. Du moins, les signaux annonciateurs d’un changement radical dans la vie de tous les jours ne sont pas tous au vert, malgré une volonté réelle d’aller de l’avant. La tâche est immense ; l’homme en a conscience.
Il veut aller vite, mais sa méthode manque, pour l’instant, de lisibilité. Quand il décide de mettre de l’ordre au sein de la Fonction publique avec une nouvelle méthode de pointage, le peuple tout entier applaudit. Il en est de même pour son pari risqué de revoir les contrats miniers signés par ses prédécesseurs. Le pays a besoin d’avoir le contrôle de ses ressources minières pour se construire un nouvel avenir. Alpha Condé incarne aux yeux des Guinéens l’homme du changement. Mais pour ceux qui ont eu la faiblesse de croire qu’il était le messie, Condé inquiète plus qu’il ne rassure quand il s’agit des questions clés liées à la gouvernance et à la cohésion nationale. Pour un Etat qui sort d’un traumatisme vieux de cinquante ans, avec une cristallisation ethnique assez forte, le président a encore besoin de donner des gages quant à l’effectivité de certaines de ses promesses de campagne à savoir la lutte contre la corruption et le renforcement de l’unité nationale en gouvernant avec tout le monde.
La commission vérité-justice et réconciliation n’est pas encore à l’ordre du jour alors qu’elle aurait pu servir de catharsis. Pis, les propos du médiateur de la république sur le partage ethnique de la gestion de la Guinée sonnent comme un retour aux vieux démons de la division entre communautés peule et malinké. Le silence du président sur cette malheureuse sortie est pour le moins ahurissant. Et, à entendre le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, Cellou Dalein Diallo, les deux hommes se vouent une inimitié qui, à tout moment, peut faire basculer le pays dans la violence. Etant aux affaires, il revient à Alpha Condé de rester vigilant afin de ne pas être victime du syndrome des opposants historiques africains qui annoncent la pluie et le beau temps et, une fois au pouvoir, font pire que leurs prédécesseurs.
En la matière, Wade au Sénégal et Gbagbo en Côte d’Ivoire sont les exemples les plus illustratifs d’opposants de longue date qui ont déçu bien des espoirs placés en eux. Six mois de mandat, c’est à la fois trop court pour juger mais suffisant pour rallumer les flammes de l’espoir et non celles du doute. Le premier président devrait tracer les sillons. Toutefois, il est de notoriété publique que cinquante ans de mal gouvernance et de dictature ne s’effacent pas en un mandat. Condé est donc un président de transition au regard de l’ampleur de la demande sociale : eau, électricité, lutte contre la vie chère, etc. Il ne pourra pas tout faire, tout comme Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. Il faut que lui-même se convainque de cela s’il veut présenter un bon bilan à la fin de son mandat.
C’est pour cette raison qu’il a besoin d’un climat apaisé pour travailler et obtenir des résultats à la hauteur de ses promesses électorales. Le vrai adversaire de Condé aujourd’hui, c’est lui-même et non Cellou Dalein Diallo qui ne manquera pas de s’appuyer sur ses fautes politiques pour reconquérir le pouvoir dans 5 ans. Sauf si le professeur se ravise suffisamment à temps.
Abdoulaye TAO
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Commentaires
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- 1. Auger bernard Le 24/06/2011
"démocratiquement élu " : vous en êtes sûr ? Qu'en pense Cellou Dalein Diallo et une grande majorité de Guinéens ? C'est vrai qu'il est reconnu comme tel par son ami l'omnipotent président Français, le "champion mondial de la démocratie et du respect des Droits de l'Homme" qui se mêle de tout y compris en Afrique et qui veut reconquérir la Guinée avec ses grands amis investisseurs (Bolloré etc.....)!
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