Pour rompre avec cette ''mauvaise image'' de capitale insalubre, le gouvernement guinéen tente de trouver un "remède" efficace contre la mauvaise gestion du secteur de ramassage des ordures ménagères. Pour débarrasser quotidiennement la capitale guinéenne de ses ordures estimées à plus de 8000 tonnes par jour, la société portugaise SATAREM egis a été appelée au secours en 2012. Peine perdue ! Aucune réalisation n'a pu se concrétiser encore moins l'implantation d'une usine de recyclages d'ordures.
En attendant de convenir d'un accord avec d'éventuels investisseurs, le Service public de transfert des déchets (SPTD), rattaché au gouvernorat de Conakry a continué à ramasser les ordures, sans pour autant donner satisfaction.
Billets de banque
Avec ces actions ''vouées'' à l'échec, le gouvernement a voulu prendre à bras le corps la gestion des ordures dans la capitale de 2 millions d'habitants. Nommé le 20 mars dernier à la tête du conseil de ville de Conakry, le gouverneur Soriba Sorel Camara, a une recette-miracle face à l'énorme défi que représente l'assainissement de la capitale : ''le franc guinéen''.
Là où son prédécesseur, usant de campagnes d'assainissement opportunistes ou d'intimidation à relents propagandistes à l'endroit des élus, avait échoué, Soriba Sorel compte réussir en misant sur une généreuse distribution de billets de banque.
Soutenu par le chef du gouvernement, Mohamed Saïd Fofana, et le ministre de la Décentralisation, le gouverneur de Conakry a lancé dès fin avril, une campagne pour nettoyer la ville. Ainsi, chaque samedi, les marchés sont déclarés fermés pour, dit-on, ''passer au ramassage d'ordures.''
En parlant de billets de banque, le nouveau gouverneur a fait valoir de sa ''générosité'' pour distribuer des fonds alloués à différentes communes. Les communes de Kaloum, Matam et Dixinn reçoivent 320 millions GNF, chacune. Les plus grandes communes, Ratoma et Matoto sont gratifiées de 380 millions chacune. Le Service public de transfert des déchets (SPTD) qui a été mis à terre par le gouverneur sortant, Sékou Resco Camara, reçoit environ 500 millions de GNF. Les services du gouvernorat s'en tirent avec le plus gros lot, soit 635 millions.
Après trois mois de campagne d'assainissement, le gouverneur de Conakry, Soriba Sorel Camara a présenté la semaine dernière, son rapport d'évaluation au premier ministre. Selon le document, un montant de 7,5 milliards de francs guinéens (7 500 euros) a été décaissé « pour offrir aux citoyens de la capitale un environnement sain où il fait bon vivre. » L'impact de ces dépenses reste pour l'heure invisible car le constat révèle que la capitale est aussi insalubre qu'avant.
Incivisme
L'une des obstructions majeures dans la gestion des ordures ménagères dans cette ville repose sur le fait qu'une bonne partie des populations préfèrent ne pas ''contracter d'abonnement auprès des PME de ramassage d'ordures''. Les Guinéens ont pris l'habitude de profiter des pluies ou de la nuit pour déverser les déchets sur la chaussée ou dans les égouts. Une pratique très courante.
Afin de venir à bout de ces mauvaises habitudes, les autorités municipales mettent en garde les populations. Elles menacent de recourir à des amendes contre ceux qui seront pris la main dans le sac. Mais cette démarche ne semble pas avoir découragé les habitués.
Fatoumata Conté, ménagère, fustige les frais d'abonnement exorbitants qui font «40 mille francs guinéens par mois (4 euros) et pire, les PME qui ramassent les ordures ne passent dans les maisons. Elles viennent que lorsque s'annonce la fin du mois. »
« Nous sommes-là tous les jours, et nous courons tous les risques liés aux maladies .Mais, nous n'avons pas d'autres alternatives, » se lamente Yakha Camara, vendeuse de tubercules au marché de Matoto.
Le Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana, dont une structure de jeunes réclame la démission du gouvernement pour « incompétence et manque de stratégie, » a pris l'engagement de rencontrer les élus locaux de Conakry, « pour élaborer un budget programme » tout en promettant de punir désormais les personnes qui déverseraient encore des ordures dans la rue.
Écrit par Aliou Diallo à Conakry