Au nom de l’intérêt de la Guinée
- Par Administrateur ANG
- Le 09/05/2015 à 12:51
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Pour la première fois de son histoire, la Guinée, pays indépendant depuis 1958, a organisé, en 2010, une présidentielle libre. Certes, tout n’était pas allé comme sur des roulettes. Certains errements notés dans le déroulement dudit scrutin sont inhérents à tout apprentissage de la démocratie.
Que l’on mette cela sur le compte de l’inexpérience des différents acteurs en matière d’élection. Le nom du Pr Alpha Condé était sorti des urnes. Il avait obtenu le suffrage de la majorité des votants, avec 52,52%, devançant son rival Cellou Dalein Diallo (47,48%) à l’issue d’un scrutin correct, selon le constat de bon nombre d’observateurs nationaux et étrangers. Une première réussite qui fait accrocher la Guinée à la démocratie, laquelle est considérée comme le moins mauvais des systèmes politiques.
Avant d’en arriver à ce résultat, des hommes et des femmes avaient farouchement lutté contre les régimes des défunts présidents Sékou Touré et Lansana Conté. Certains y avaient même laissé leur vie. Parmi les résistants, il y avait un certain Alpha Condé, alors surnommé « l’opposant historique », qui était très tôt monté au créneau et avait montré, au nom des populations guinéennes brimées, sa face de conquérant de libertés et d’un mieux-être pour ses compatriotes.
Avant d’être élu, le Pr Alpha Condé a longtemps œuvré pour faire reconnaître les droits de ses compatriotes et, surtout, à les arracher. Rappelons qu’après s’être opposé au président Sékou Touré qui l’avait même condamné à mort, Alpha Condé avait, avec les responsables du mouvement syndical guinéen, défié l’autorité du président Lansana Conté, exigeant son départ. À Conakry, comme dans toutes les grandes villes de province, il avait amené la rue à gronder, à s’opposer. Aujourd’hui, le Pr Alpha Condé fait face à cette même rue grondante, à des manifestants lui demandant, entre autres, de poser des actes forts dans la construction et la consolidation de la nation guinéenne. La situation nationale, sous l’ère Condé, est marquée par des violences politico-ethniques, occasionnant des « fissures » entre Peuls, Malinkés, Diakhankés et autres Badiankés. Quand tout le monde n'a pas la même vision sur un ou plusieurs aspects de la vie nationale, cela peut engendrer des frictions, qui aboutissent à des crises, à des conflits. Dans pareille situation, le premier des Guinéens doit s’autosaisir pour rapprocher les positions. Le Pr Alpha Condé l’a fait, en conviant à une rencontre Cellou Dalein Diallo, le chef de file de l’opposition. Leur tête-à-tête, aujourd’hui, pour une reprise du dialogue politique en Guinée, pourrait conduire à une sortie de crise.
Comme toutes les crises, celle en cours en Guinée ne se terminera qu’autour d’une table de négociations. Après les nombreuses manifestations de l’opposition et les heurts entre contestataires et forces de l’ordre, on s’enlise dans une confrontation dont le seul perdant est le peuple guinéen que les uns et les autres prétendent pourtant vouloir servir. Pour l’intérêt de leur pays, chaque partie doit lâcher du lest et accepter d’avoir un brin de causette avec l’autre. Et tôt cela commencera, mieux cela vaudra ! Au nom de l’intérêt de la Guinée.
Le Pr Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo doivent se donner la volonté et les moyens de renouer les fils du dialogue politique dans une Guinée récemment sortie d’un sommeil agité et peuplé de cauchemars sous les régimes Touré et Conté. Qu’ils n’en rajoutent au profond traumatisme des populations.
Par Cheikh Aliou AMATH
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