Alternance au Burundi et en Guinée: Pendant que le jour semble se lever sur Bujumbura, la nuit tombe sur Conakry
- Par Administrateur ANG
- Le 23/12/2019 à 13:47
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Au Burundi, Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, persiste et signe qu’il ne briguera pas un quatrième mandat. Il l’a dit en des termes qui ne souffrent d’aucune ambiguïté au cours d’une cérémonie de vœux à l’adresse des corps de défense, de sécurité et du renseignement, le vendredi dernier à Gitega, la nouvelle capitale.
Extrait : « Cette fête est ma dernière avec vous ici, L’année prochaine, à la même période, ce n’est pas moi qui prendrai la parole, vous serez en train de faire une cérémonie par un nouveau chef d’Etat » . A six mois de la présidentielle, l’homme a mis un point d’honneur à rassurer les sceptiques. Et pour autant qu’il soit sincère, l’on peut lui tresser des lauriers.
Même le diable, par moments, est capable de porter de bonnes actions
En effet, venant de la part d’un dictateur de sa trempe qui n’avait eu aucun scrupule à défier la communauté internationale en briguant un troisième mandat, l’on peut oser croire que le pasteur a reçu la visite du Saint-Esprit en cette veille de la fête de la Nativité. En tout cas, l’on peut se permettre de lui accorder le bénéfice de la bonne foi en partant du postulat que même le diable, par moments, est capable de porter de bonnes actions. Il reste donc à espérer que l’Esprit saint l’assiste jusqu’au bout afin qu’il passe effectivement la main à un autre Burundais le 20 mai 2020. Cela dit, pendant que le jour semble se lever sur Bujumbura ou si vous voulez sur Gitega, puisque c’est désormais la nouvelle capitale du pays, la nuit tombe sur Conakry. En effet, en Guinée Conakry, Alpha Condé et les Raspoutine qui l’accompagnent, ont délibérément choisi de se mettre du mauvais côté de l’histoire. Et le stratagème qu’ils ont trouvé pour prolonger le séjour du professeur au palais Sekoutoureya au-delà de ses deux mandats, est de concocter une nouvelle Constitution qu’ils entendent soumettre à l’arbitrage du peuple guinéen. Pauvre peuple de Guinée ! En ton nom, Alpha Condé et ses courtisans sont en train d’assassiner la démocratie, peut-on s’exclamer en guise d’indignation et de révolte. Et venant de la part d’un homme comme lui qui a passé un quart de siècle de sa vie en exil en raison de la dictature féroce de Sékou Touré d’abord, puis celle de Lanssana Conté, l’on est en droit de crier à la trahison. En tout cas, l’opposant historique qu’il a été naguère et qui, de ce fait, était adulé par tous les démocrates d’Afrique, est en train de se muer en un antidémocrate viscéral et hystérique. C’est donc à juste raison que l’artiste ivoirien, critique des excès de nos hommes forts, Tiken Jah Fakoly, a pu dire à propos de lui : « Alpha Condé devient fou ». Et au passage, il n’a pas manqué, dans le même morceau, qui fait aujourd’hui office de chant de mobilisation de l’opposition et de la société civile guinéenne, de fustiger les Raspoutine qui sont en train de l’aider à dresser le bûcher contre la Guinée. Déjà, son obstination à tricher avec la démocratie pour s’accrocher au pouvoir, a fait une vingtaine de morts. Et quand on sait que la Guinée est pratiquement abonnée à la violence en politique depuis son indépendance en 1958, l’on peut craindre que ce chiffre augmente de manière exponentielle les jours à venir.
C’est Alpha Condé seul qui peut empêcher qu’il ne pleuve sur Conakry !
Et ce qui vient conforter cette crainte est que les principaux leaders du FNDC (Front national de la défense de la Constitution) se sont réunis le 20 décembre dernier pour réaffirmer leur opposition au projet de nouvelle Constitution, officialisé la veille par le président Alpha Condé. Et à cette occasion, Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition, a martelé : « Nous aussi, on ne reculera pas. Nous rentrons dans une crise qui risque d’avoir des conséquences sur les plans économique, social et politique ». Voilà qui est clair. Il plane aujourd’hui sur la Guinée, de gros nuages noirs chargés de dangers. Mais de cela, Alpha Condé n’en a cure. Ce qui l’intéresse au plus haut point, c’est le pouvoir et rien que le pouvoir. Et le langage de vérité que lui ont tenu les anciens présidents Nicephore Soglo et Goodluck Jonathan, n’a visiblement pas produit le moindre effet. Avis donc de tempête imminente sur Conakry ! Pour conjurer cette catastrophe qui se profile à l’horizon, tous ceux qui sont épris de paix et de démocratie et dont la voix porte, doivent mettre un point d’honneur à faire entendre raison à Alpha Condé. Car, c’est lui seul qui peut empêcher qu’il ne pleuve sur Conakry ! Pour ce faire, il lui suffit de s’adresser à ses compatriotes pour leur signaler qu’il renonce à un troisième mandat. Pour entrer dans l’histoire de la Guinée comme un homme d’Etat, il lui faut impérativement ce supplément d’âme. Un dictateur comme Joseph Kabila en RDC, s’est plié à cet exercice. Aujourd’hui, il peut se permettre de slalomer dans les rues de Kinshasa à moto. Le Congolais semble avoir produit un émule en la personne de Pierre Nkurunziza. Si ces deux personnalités, qui sont loin d’être des enfants de chœur en matière de démocratie, ont su trouver leur chemin de Damas, pourquoi pas Alpha Condé ; lui qui, dans sa vie d’opposant, a toujours prêché en faveur de la démocratie et de la liberté dans son pays ?
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