Alpha Condé s'engage à braver les obstacles qui freinent le changement pour cette année 2013 (analyse)
- Par Administrateur ANG
- Le 05/01/2013 à 13:00
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Le président guinéen Alpha Condé a reconnu les "tares" de l'administration guinéenne, en se livrant à un exercice d'autocritique, au cours d'une cérémonie de présentation de voeux qui s'est déroulée jeudi à son palais, à laquelle étaient présents les membres de son gouvernement, le corps diplomatique et les présidents des institutions républicaines. Après avoir écouté les différents intervenants, dont les discours étaient plutôt flatteurs à son égard, le chef de l'État guinéen a reconnu que les deux premières années de son mandat ont plutôt été marquées par "un tâtonnement". Il a indiqué que le moment est venu de rectifier enfin le tir.
Et c'est dans cet élan que le président a dressé un sévère réquisitoire contre son administration, pointant du doigt les dysfonctionnements qui caractérisent le fonctionnement de cette administration, dans son ensemble. Mêmes les ministres n'ont pas échappé à ce déchaînement de "colère" du président Condé, qui a affirmé que "le peuple s'impatiente car il n'y a pas beaucoup de changement".
Parlant de l'inaction doublée de "mauvaise foi" de certains cadres guinéens, le président a donné un exemple frappant. Celui- ci concerne l'économie de 150 milliards de francs guinéens soit 15 millions d'euros que l'État pourrait faire tous les ans, sur les subventions accordées au secteur pétrolier, tout simplement en modifiant un arrêté relatif au fonctionnement de ce secteur. Mais, les autorités compétentes en la matière savent bien cela, mais n'y ont malheureusement jamais pensé. Préférant privilégier "l'intérêt personnel", selon lui.
Alpha Condé a égrené la liste de tous les secteurs gangrénés par la haute corruption, notamment "le port, le domaine de la pêche, la douane". Il a promis d'y apporter une solution idoine dans les meilleurs délais.
C'est dans cette optique que des inspecteurs d'État seront bientôt formés pour veiller sur la gestion des deniers publics.
Car "rien ne sert d'avoir une vision si cette vision n'est pas traduite dans les faits", a indiqué le président, qui a ajouté sans ambages que "la Guinée n'est pas un État", vue l'anarchie qui sévit dans quasiment au niveau de toutes les sphères de l'administration.
Le chef de l'État guinéen a annoncé à cette occasion la création d'une "police des polices" qui va intervenir dans la moralisation de l'administration douanière et policière. Ces agents déguisés en tenues civiles, vont parcourir les routes nationales où le racket est une pratique ancrée dans les moeurs au niveau des barrages routiers.
Le président n'a pas non plus été tendre à l'endroit de la justice, en parlant des "magistrats corrompus". Il pense s'inspirer de l'expérience sénégalaise, un pays voisin qui pourrait envoyer des magistrats pour appuyer la formation des juges guinéens.
S'adressant aux diplomates accrédités en Guinée, Alpha Condé s'est dit ouvert à leurs remarques et suggestions, et que leurs critiques seraient les bienvenues, afin de permettre à son gouvernement de revoir sa copie, si cela s'avérait nécessaire.
Les chefs religieux, ont été appelés à s'affranchir de la langue de bois, en disant "la vérité" au président.
Réagissant à ce "discours-vérité" du président Alpha Condé, le porte-parole du gouvernement Albert Damantang Camara a indiqué ce vendredi sur les antennes d'une radio locale, que le chef de l'État a appelé son gouvernement à "capitaliser sur les acquis du changement, afin que ceux-ci puissent se transformer en réalité".
Il a ajouté que "beaucoup reste à faire pour améliorer les choses au niveau de la gestion gouvernementale".
A croire le ministre de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle, "des efforts restent à faire dans ce pays où tous les fondamentaux d'un État ne sont pas réunis", comme l'a reconnu Alpha Condé lui-même.
Cette sortie présidentielle qui tranche avec le discours prononcé à l'occasion du Nouvel An tant par le ton que par le contenu, loin d'être un aveu d'impuissance, comme certains observateurs pourraient le penser, pourrait servir plutôt à impulser une nouvelle dynamique à l'action gouvernementale, en vue de surmonter les obstacles qui freinent le changement.
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