Alpha CONDE, le personnage et son ambition personnelle
- Par Administrateur ANG
- Le 24/04/2010 à 10:59
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J’avoue n’avoir fourni que peu d’efforts pour trouver ce titre rappelant phonétiquement celui de Mme Camara qui vient de se focaliser sur l’âge du chef du RPG. Je vais me faire encore des amis ! Ce qui me fait réagir, ce n’est pas l’article en lui-même mais le commentaire publié ailleurs d’un Mr Camara pour qui l’auteur « … représente valablement notre clan… » ! C’est une révélation extrêmement grave.
Mr et Mme Camara (je ne pense pas qu’il s’agisse d’un couple en ménage mais plutôt d’une paire clanique) auraient dû accorder leurs balafons. En effet, le premier affirme qu’Alpha Condé « ne s’est pas encore déclaré candidat… ». La seconde parle de «… l’évidente pole position du leader du RPG, le Pr. Alpha Condé, dans la course à la présidence de la République,… ». En déclarant gagner dès le premier tour, A. Condé a résolu « marxistement cette contradiction interne » et porté le sujet de la natte à la table.
A la lecture du texte de Mme Camara ( très belle, par ailleurs) que j’ai moi-même publié sur mon site, j’ai pensé d’abord à un recensement de locataires dans une maison de retraite portant le nom biblique de Mathusalem : John McCain, Elisabeth II ( reine d’Angleterre, pas du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, le système britannique étant très subtil), Juan Carlos, Benoît XVI ( pauvre pape dont l’Eglise n’a pas le moral en ce moment), Chirac, Harald V,etc. pour ne parler que des vivants âgés. J’ai été conforté que soient cités Yaya Jammeh, Faure Eyadema et Joseph Kabila qui sont tous âgés de moins de 50 ans ( dans une maison de retraite, il faut des jeunes pour faire ne serait-ce que le ménage ). Ensuite, j’ai vite compris que Napolitano et Berlusconi d’Italie n’accepteraient probablement pas de partager une pizza avec Mugabe.
Il faut arrêter de parler d’âge pour un candidat à la présidence de la république. La jeunesse est la seule « maladie » qui guérit sans traitement. C’est vrai que pour cette charge, on a besoin d’une personne en bonne santé physique et surtout mentale, conditions nécessaires mais très loin d’être suffisantes. En Guinée, peu est à reconstruire et tout est à construire. Pour cette construction, ce n’est pas le chef de l’Etat qui coule du béton, empile des briques, taille des pierres, transporte des madriers, etc. Donc la force musculaire, en tant que telle, n’est pas déterminante pour exercer une présidence.
Parler de l’âge d’Alpha Condé c’est tomber dans un piège tendu par ses militants depuis longtemps. En l’espèce, ce n’est pas le poids des ans qui compte mais celui des mauvaises habitudes. Il faudrait lui poser des questions très simples du genre: qui est-il ? Que veut-il ? Avec qui est-il ? etc.
Qui est-il ? Pour moi c’est un compatriote, portant le titre de professeur, animant un parti politique légalement constitué qu’il dirige sans limitation de nombre de mandats. Dans le débat il faut absolument éviter de tomber dans un autre piège de diversion en parlant d’une soi-disant origine burkinabaise. Il est citoyen guinéen, un point et c’est tout !
Que veut-il ? La réponse est simple : accéder à la présidence de la République, ce qui est son droit le plus absolu.
Avec qui est-il ? Je n’ai pas de réponse précise et c’est ce qui est inquiétant ! Nos compatriotes ont pourtant le droit de savoir ses fréquentations.
Voyez-vous, personne n’a, en réalité, de problème avec Alpha Condé. On ne peut pas avoir un problème avec un autre problème. C’est Alpha Condé qui constitue lui-même son problème au point que ses partisans éprouvent le besoin de lancer des frappes préventives.
Je m’en explique. Quand on est candidat à la présidence de la République, on se débarrasse de ses réflexes villageois pour rester au-dessus de la mêlée. On ne stigmatise pas une communauté ou une région particulières. On ne s’attribue pas à priori un fief naturel car la Guinée n’est pas une juxtaposition de bantoustans. On propose un projet de société au pays tout entier.
Prenons le cas de quelque personnalités : L. Kouyaté, Cellou Dalein Diallo, François L. Fall, Sydia Touré. On les apprécie ou on ne les aime pas mais, au moins, on a une certaine idée de ce qu’ils veulent faire. Après avoir occupé de hautes responsabilités en qualité de PM, ils aspirent à la présidence de la République et je crois que chacun d’eux cherche à éviter certaines erreurs de gouvernance. Certains ont démonté la Guinée, se remplissant les poches et arrosant des proches mais aucun ne l’a cassée. On peut toujours remonter ce qui a été démonté mais quand une pièce est cassée, il faut la remplacer et ça coûte!
Quant à Alpha Condé, tout porte à croire qu’il a soif de vengeance. C’est vrai qu’il a été emprisonné et humilié par le Gén. Conté mais un leader doit-il penser autrement qu’en termes de justice? Je ne sais pas si Alpha Condé chique ou fume mais sa fébrilité actuelle ne résulterait-elle pas de l’agitation de L. Kouyaté qui aurait fait un tabac dans une de nos régions ? Une concurrence sur fond de tabagisme passif ?
Aujourd’hui, la campagne officielle n’est pas ouverte mais on est depuis longtemps en campagne. Je souhaite un grand débat sur les idées. Encore faut-il que les programmes (qui sont nécessairement beaux !) des principaux candidats soient clairement identifiés. Ce n’est pas encore le cas et c’est bien dommage car au-delà des intentions bien affichées, on a envie de savoir comment chaque candidat envisage concrètement les mesures à prendre pour atteindre ses objectifs.
En attendant, nous sommes toujours dans la transition. Sékouba Konaté poursuit ses coûteux voyages (pour échapper à la pression de ses amis de Conakry qui pourraient le distraire ?), Rabiatou Diallo lui a remis sa copie constitutionnelle (sans avoir pris le soin de verrouiller la disposition sur la durée et le nombre de mandats qu’on aurait pu figer par une phrase pour au moins 30 ans !) et Jean-Marie Doré, au lieu d’expédier les affaires courantes, fait du n’importe quoi !
La Guinée demeure encore la République du « n’importe quoi » où c’est faire ce qui est normal qui devient extraordinaire! Lorsqu’un membre d’une junte militaire dit, par exemple, qu’il ne sera pas candidat à une élection, c’est normal et n’a rien d’historique sauf pour les hystériques. C’est le contraire qui serait anormal. Pas étonnant quand on voit le niveau du chef de l’Etat pour l’intérim (dans un Etat normal, Sékouba ne pourrait même pas être sous-préfet), du PM (Jean-Marie Doré n’avait jamais exercé une haute responsabilité administrative) et de la présidente du CNT (Rabiatou est peut-être de bonne volonté mais on lui a confié une mission au-dessus de ses capacités).
Ainsi va la Guinée des coups bas. Jean-Marie Doré signe illégalement des contrats pour récolter des commissions, comme s’il fallait voler vite avant de s’éloigner du merdier pour jouir des biens mal acquis. Sékouba n’en dit rien, ce qui pourrait signifier : « Bouffez comme moi et tant que vous pouvez mais ne me dérangez pas ! ». Rabiatou a gonflé le CNT et Sékouba n’a rien dit puisqu’il était d’accord pour caser des copains et des coquins afin qu’ils bénéficient d’indemnités. Les Forces Vives sont plus molles que jamais. Même le bouillant Mouctar Diallo ( qui criait parce qu’il était affamé) ne dit plus rien depuis qu’il est ministre spécialisé dans l’extermination canine et qu’il ne déjeune plus avec de la bouillie !
Je suis toujours étonné par de petits détails qui mettent mal à l’aise : Sékouba n’a jamais condamné les actes barbares du 28 septembre 2009. Il n’a même pas dit qu’il en était désolé. Il a quelquefois fait observer des minutes de silence mais leur total n’excèderait probablement pas une demi-heure ! Le CNDD n’est toujours pas supprimé. Pourquoi alors accepter pour Sékouba ce qu’on a toujours refusé à Dadis ? Il y a là une inégalité de traitement des « faux frères d’armes » qui frustrent plus d’un.
Je vous salue !
Ibrahima Kylé Diallo
Directeur de guineenet.org et de kylediallo.info
Mon contact : kylediallo@gmail.com
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