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Libre opinion - Alpha Condé : je n’ai pas hérité d’un Etat, mais de la Boîte de Pandore que j’ai ouverte (par S.N.Bokoum)

Conde 12

La boîte de Pandore est une jarre dans laquelle se trouvaient tous les maux de l’humanité. On lui interdit de l’ouvrir. Par curiosité, Pandore ne respecta pas la condition et tous les maux s’évadèrent pour se répandre sur la Terre. Seule l’espérance resta au fond du récipient, ne permettant donc même pas aux hommes de supporter les malheurs qui s’abattaient sur eux.

Dans « son » discours programme de décembre 1985, le Général Lansana Conté avait comparé ce tacot-brousse poussif à un véhicule en panne, les 4 fers en l’air qui avait besoin d’être tracté vers un garage afin de subir les réparations nécessaires. Vingt six ans de bricolages n’ont pas suffi pour que les passagers de ce minibrousse, campant depuis, sur l’accotement de « la route infinie de l’Histoire » (Sékou Touré) et du développement, retrouvent leurs sièges envahis par tout ce qui prospère dans la pourriture, les caniveaux et la veulerie de sa classe politique.

Passons rapidement sur la transition d’un putsch soldé par les horreurs d’un 28 septembre 2009 qui accablent encore les consciences par le scandale de la présence aux sommets de l’Etat des principaux responsables et commanditaires qui narguent la justice et plus gravement, l’Etat de droit promis par « le premier président démocratiquement élu ». Certes, il faudra bien un jour tourner cette page sans oublier les 14000 milliards engloutis par TOUS ceux qui ont participé à la gestion des affaires de l’Etat pendant cette période de monstruosités gérées par un organe délibérant, Conseil National Transitoire (CNT) dont les membres ont été désignés par des Partis politiques, une Commission Nationale Electorale Indépendante (CENI) qui, après avoir englouti des milliards pour mieux celer des dizaines de milliers de suffrages passés par pertes et profits, une Cour suprême, telle une cerise pourrie, coiffant l’immense gâteau cuit à la fiente de vautours affamés. Donc voici annoncés au premier tour 44% pour l’UFDG (principal parti d’opposition), 18% pour le RPG (parti d’Alpha Condé) et 13% pour l’UFR (parti de Sidya Touré, troisième force politique). Au lieu des 15 jours légalement prévus pour l’entre-deux tours, il a fallu attendre plus de 4 mois pour qu’Alpha Condé comble la vallée abyssale de 23 points et soit proclamé président « démocratiquement élu ».

Kaléta le seul chantier abouti est un échec

Le 11 octobre 2015, le bluff sera plus grand : un coup KO, préludant le résistible chaos actuel... Il est réélu dès le premier tour avec 58%. A 15 mois de ce second mandat, force est de constater qu’aucun chantier annoncé, entamé en décembre 2010 n’est abouti. Celui d’envergure, emblématique, qui fut achevé est un échec patent. Les délestages n’ont pas commencé en période d’étiage, ils continuent encore en saison des pluies. Kaloum et Coléah ou Dixinn qui pendant les « républiques » précédentes ont toujours bénéficié d’une alimentation en électricité plutôt moins pitoyable dans ce pays « château d’eau de l’AO, connaissent les pires ténèbres depuis la mise en route de Kaléta.

Les femmes : revenez le 27 août 2020 !

Alpha leur avait promis la césarienne gratuite. Le ciel peut attendre le développement des activités dont elles sont réputées êtres les porteuses, telles les mareyages et autres petites entreprises informelles : savonneries, petites tapades de légumes. Petites entreprises informelles qui en vérité réduisent les femmes d’Alpha à nos citoyennes des bords de mer ; allez, disons-le, les mareyeuses se trouvent en Basse Côte, mais pas à Kalinko ou à Kouroukan Fouga, qui ne parlent pas sossoé ! Depuis le décès de l’homme-peuple qui ressuscita le cannibalisme au charbon d’intelligentsia. Ce chantier des femmes, chanté par son successeur coiffé de la tiare « d’opposant historique », est battu en brèche par nos amis qui nous veulent du bien qui font dans le détail entre Plazza Diamond et l’hôpital chinois, le stade de Nongo interdit de football : nos amis chinois  vendent du poisson au détail. Jusqu’au jour où les femmes ont remis leur terrible muleta, ce foulard rouge qui a fait trembler le responsable suprême lui-même le 27 août 1977. Alpha leur promet toutes sortes de microcrédits, Fottèn gollèn, Gollèn modja, Yèttè Malè, plus, si BADAM n’était pas devenue foué par Docta maquereau- économie qui lança son PLUS à Paris par ce sifflement de racolage :

Putain de Marx à jeter à la poubelle !

Mais les faits sont tristes, si l’atteinte du PPTE n’était une rechute dans ce caniveau de l’inflation de la pauvreté, le panier de la ménagère s’en trouverait moins lourd ou léger, selon qu’on est vendeuse ou consommatrice. Ce qui est vrai, c’est que le panier de la ménagère, c’est ce que moi je donne à celle qui me fait la cuisine. Nous sommes trois personnes chez moi y compris celle qui fait la tambouille, mais je ne pourrais rien me mettre sous la dent de consistant si je ne donne pas 25OOOfg à 31000 fg par jour pour un repas à manger deux fois : à midi et le soir. Multiplions cela par 30, cela donne 750000 fg. Vous remarquerez que je n’ai pas compté le « café-lafidi » du matin qui nous amènerait à 1 million de fg. Quel est le fonctionnaire guinéen lambda qui a un salaire lui permettant de donner un tel « prix de sauce » et d’aller à son bureau ? Le SMIG est à 450000 fg ; le secrétaire général d’un ministre doit avoir au plus 2 millions et le ministre 7,5 ou 7 millions de fg, dixit Albert Damantang Camara, porte-voix d’Alpha Condé. Se contenter d’un seul repas par jour, aller au bureau 3 fois par semaine, en faisant le « clando » avec son petit véhicule qui consomme 10 litres pour un aller/retour Kaloum, à condition de ne pas habiter Tombolia, quartier infréquentable qui se trouve à Gaza.. Donc, il faut posséder un véhicule sorti direct Port, acheté à crédit, voilà qui pourrait expliquer que le fonctionnaire lambda se paie le luxe de faire deux ou trois enfants scolarisés.

Alpha aux jeunes, l’autre volet envolé du grand chantier social 

Vous êtes indignes de recevoir ces tablettes (promises), vous ne m’impressionnez pas !

Et pour cause :

Vous êtes incapables d’écrire une page sans faute. Même LA Sénégal..

Lire :

Voilà ce qu’Alpha Condé vient de lancer aux étudiants réclamant la tablette tant attendue. Donc les étudiants sont ces jeunes livrés au football massif sur des centaines de ruelles coupées en deux de 8 heures du matin à 21 heures. Tous les jours de la semaine. A moins qu’ils ne s’enferment dans les Playstations. Il y en a une douzaine dans mon secteur. Or il y a 35 ou 37 quartiers à la mairie de Ratoma. Les quatre autres mairies de la capitale connaissent le même engouement du rêve facile né du désœuvrement massif et durable. L’adolescent chômeur allonge 1000 fg pour entrer dans un cagibi. Du matin à minuit. Quand le jeune gagne 5000 fg, il ristourne 2000 à M. L B le propriétaire de ce mini Loto où d’ailleurs leurs pères rêvent en misant entre 2OOO fg et souvent 20000fg par jour. Ce qui permet à l’heureux Crésus du Qui veut gagner des millions guinéen, d’empocher 150000 à 200000 euros par jour ! Goou de Guinée me souffle que c’est plutôt 600 (six cents) milliards par jour. Or Goou de Guinée sait de quoi il parle, il dort chez LB, patron d’une de ces Playstations de mon quartier. Un jour il a gagné et a récité ce qu’on lui avait appris devant huissier :

J’encourage tout le monde à faire comme moi !

Dit donc le jeune chômeur brandissant 4 millions de francs glissants qu’il vient de gagner en « jouant », sur la télévision nationale !

En effet jouez c’est déjà gagné !

En écho, un plus gros, un opérateur de téléphonie, célèbre pour les cas de suicides et de « burn out » des cadres de la maison mère en France,  dit sa berceuse pour le plus grand bien du chômage massif :

Changez d’opérateur !

La vie change avec..

Pourtant, il y a plusieurs ministères qui ont en charge le destin mort-né de la jeunesse guinéenne. Il y a le ministère de la Jeunesse, le ministère des sports (Siaka Barry) le ministère pré-universitaire et le ministère de l’emploi-jeunes et de la formation professionnel (A. D. Camara). Il faudrait y ajouter le ministère de la fonction publique. Mais c’est Naïté ( ministère de la jeunesse) qui occupe l’avant-scène, cachant mal la frustration d’avoir été délesté de « l’emploi ». Récupérant cette attribution en faisant main-basse sur la culture. Or la France où nous avons été formatés, j’aurais dû écrire « fort mâtés », en France, les MJC relèvent de la culture et de la décentralisation ou de la déconcentration. Si en Guinée on devait respecter les lois que le général Lansana Conté avait fait voter (j’ai vu passer sur mon bureau leurs décrets d’application au ministère de la jeunesse lors d’une autre vie), ce sont les maires qui devraient avoir la haute main sur le champ culturel de leur commune et non le ministre ou le gouverneur. Marchons sur cette république et prenons-la là où Alpha Condé l’a trouvée c’est-à-dire là où l’homme nouveau (Sékou Touré) l’avait laissée. Est-ce qu’un ministre aurait eu l’outrecuidance de vider de jeunes acteurs culturels d’une salle pour y mettre des machines à coudre préfinancées par des opérateurs qui tendent en vain la main à un Etat incapable d’honorer ses engagements ? Pire, les apprenants dont certains sont venus de Kurukan Fuga, sont laissés en plan et les formateurs venus du Sénégal attendent en vain leurs honoraires, faisant le pied de grue derrière l’enclos de luxe où ce ministre fête ses 40 ans, en faisant couler 50 millions de fg en une demi-journée, dit la rumeur d’Orléans ! Pendant ce temps, ce grand espace laisse entrer les eaux qui risquent de faire couler vers les caniveaux les machines à broder.

Sécurité, forces de défense ?

Mohammed Diané, l’ex tout puissant directeur de cabinet d’Alpha Condé, après avoir vendu tous les postes juteux de l’administration publique, est propulsé ministre des « corps habillés » qu’il passe en revue tous les jours que Dieu fait (tant qu’il y a une caméra de la RTG qui se trouve là par hasard), corps habillés dont les bérets rouges de certains, semblent juter du sang bien gluant de ces martyrs de Lambanyi dont l’un fut égorgé comme un mouton et l’autre brûlé vif par une horde déchainée sous l’œil torve de ces castrats d’une pseudo-restructuration. Ne parlons pas de cette fillette de deux ans découpée, peut-être pour en faire un chawarma au charbon de bois..(Tiens, on me dit qu’on vient de tirer à bout portant sur un adolescent à Kamsar où sévit une société minière et où les populations sont en colère).

Mohamed Diané a d’autres chantiers à surveiller qui sont pour le moment sous terre, non loin du lac artificiel de Louncény Fall, ci-devant ministre des Affaires d’Alpha Condé et ex Premier ministre de Lansana Conté. Louncény Camara de la CENI, bouffi par la grande bouffe de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) dont il était le patron avant d’être propulsé à l’Urbanisme, a cru pouvoir combler et renvoyer à la mer, ce que l’autre incassable Loucény avait dû obtenir par les diableries d’Asmaou, l’ex jeteuse de cauris et troisième Dame de cette république où on fait la politique comme on joue aux Dames. Louncény Fall a dû dire à Loup-CENI, tu casses ma villa et mon lac et je montre aux riverains spoliés les parcelles de Mohamed Diané. Et toc

Mais que pense le patron de la Sécurité depuis sa Loge franc-maçonnique de l’ouest africain, Maître Kabélé de ce « turmoil » sécuritaire, de ces massacres, lynchages quasi-quotidiens de la capitale la plus sale et nauséabonde du monde ? La sécurité est à la merci du code de la route et de la circulation à Conakry. Le Guinéen met plus de temps à étuver dans ces braseros des tacots-brousse ou à se les geler dans ces grosses cylindrées ultra-climatisées que dans son lit et dans son bureau. En Guinée, on ne travaille pas, d’abord parce qu’il n’y a pas de travail, ensuite on n’en a pas le temps : on est sur les routes, c’est-a-dire dans les nids de poules, véhicules culs en l’air dans les caniveaux. Le Guinéen est toujours sur la route parce qu’il n’y a pas de route.

Sept ans c’est déjà assez mais 15 c’est trop !

J’ai hâte de conclure. Je pense à un paradoxe de la physique moderne que je pastiche. Il s’agit du principe de l’indétermination d’Heisenberg que le béotien que je suis comprends ainsi : il existe une particule qui change de gueule dès qu’un curieux cherche à savoir en même temps sa masse et sa vitesse. C’est l’une ou l’autre. C’est comme si on disait que le sujet (le chercheur) influence l’objet dans son « identité » par le simple fait de son observation. Revenons à nos moutons qu’Alpha a conduits au Palais, à l’abattoir-mangeoire.

Alpha Condé a si bien réussi qu’il a muselé son opposition. Il a appelé auprès de lui tous ceux qui ont conduit le non- développement de la Guinée (à l’exception de Sidya). Si donc il n’y a pas d’opposition (un grégarisme de nains politiques, dixit Alpha Condé) face à un appareil d’Etat de quelques 200 prédateurs qui depuis 1956 se sont passé le témoin de la course en sur-place du mal-développement, par quelle opération du Saint-Esprit voulez-vous que cette Guinée, ce magbana bricolé à la même période antédiluvienne, prenne cette route défoncée par des fondrières, des nids de poules, torturée de dos d’ânes savants qu’on retrouve dans le Palais ou qui le hantent tout autour dans une danse de l’ours qu’ils appellent manifestation ?

Moussa de Côte d’Ivoire dit : un pied dedans un pied dehors c’est dehors. Alpha est cet alchimiste qui sait la vitesse à laquelle certains de ses opposants (d’hier et ou d’aujourd’hui) se précipitent à la mangeoire et aussi leur masse critique, tiens revoilà la particule ! Sa densité tourne autour de 500 millions de francs glissants alloués à Cellou Dalein Diallo, en tant que "chef de file de l'opposition", qui a raccourci cette proposition comprise « intuitu personae »; ce que conteste Aboubacar Sylla, porte-parole de l’opposition..Bref, paradoxalement, Alpha et son opposition en tant qu’élite hégémonique, se retrouvent dans la même farandole, dans le même espace : un pied dedans, un pied dehors.

En somme, la Guinée, est une baignoire dont il faut vider l’eau. Sans y oublier l’enfant.

J’ai hérité d’un pays et non d’un Etat.

Pas du tout ! Il faut dire maintenant :

J’ai hérité de la Boîte de Pandore que j’ai ouverte et laissé se répandre ses horreurs et monstruosités.

 

Was-Salam

 

Saïdou Nour Bokoum.

 

www.nrgui.com

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