Alliance Cellou/Dadis : une malédiction ? (Saïdou Nour Bokoum)
- Par Administrateur ANG
- Le 04/07/2015 à 07:54
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Avertissement: J’interviens dans ce débat dans la stricte mesure où il me renvoie aux fondements mêmes de la nation, à « l’alpha et oméga », ce qui est au-delà et au large du changement social : la Culture. Sinon, j’ai à peu près dit l’essentiel de ce que je pouvais dire avant, pendant et après les transitions jusqu’à la fin des cinq années du premier mandat d’Alpha Condé. Donc, pour moi, politiquement, c’était mission terminée. Et je l’ai écrit, cherchez, vous trouverez.
J’ai dit et écrit que je revenais – l’ai-je vraiment quitté , - à mon petit champ, une tapade « sountourê », qui part d’une interrogation : qu’est-ce qui est au fondement du changement social qui promeut le progrès : amélioration de la santé, l’autosuffisance alimentaire pour la grande majorité et pour les plus démunis, la liberté et la possibilité pour tous de regarder les oiseaux voler, les fleurs s’épanouir dans toutes leurs beautés chatoyantes, les bourgeons devenir de beaux fruits juteux, pour l’homme et la femme, l'enfant et l'ancien, aspirer légitimement à s’exprimer soit par son métier, soit par ses talents supposés en matière de cuisine, de menuiserie, de chaudronnerie, de couture, de coiffure ou de commandement dans nos petites et ou moyennes entreprises publiques ou privées.
Chanter, danser, écrire, lire, peindre, « jouer » dans des films ou des pièces de théâtre ou tout simplement se livrer à de bonnes œuvres pour le bonheur d’autrui, en fonction d’une foi en l’homme ou en Dieu - Exalté ! –
Je ne fais pas la politique pour jouir du maniement d’un pouvoir au moyen d’une loi ou d’un décret. Je fais la politique pour que la grande majorité et moi, nous ayons la santé, le loisir d’admirer les merveilles de la création, en ayant le ventre plein et quelques idées à moi bien calées dans ma tête.
Mais depuis un petit mois, le tintamarre normal et bien « naturel » que font les politiciens, c’est leur vocation, leur droit, c’est même une obligation, un droit constitutionnel pour ceux qui pensent qu’ils y ont vocation, ce travail courageux, parfois noble, est brouillé par un brouhaha quelque peu infâme, il est comme brusquement fendillé par la foudre s’annonçant par un coup de tonnerre :
Cellou Dalein Diallo, président du Parti probablement le plus nombreux de Guinée, s’apprête à sceller une alliance politique avec Dadis Camara, ex chef de la junte qui juste après la disparition du Général Lansana Conté alors chef de l’Etat, en compagnie d’individus aux mines patibulaires, ont ramassé, armes au poing – de lourdes armes non loin – le Pouvoir vacant.
Le peuple, sourdement a accepté, légitimant en quelque sorte un exercice de pouvoir flamboyant, désordonné, émaillé de paroles stupides, humiliantes et parfois, très souvent, d’actes patriotiques qui de fil en aiguille, se sont terminés dans les massacres avec viols, au stade du 28 septembre, quand Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et l’essentiel de ceux qui s’affublaient des parures nationale de « Forces vives » ont appelé la nation à se rassembler au stade pour protester contre une candidature de Dadis Camara devenue quasi-explicite.
Le Dadis ou la mort, lancé par Moussa Diakité, n’a pas été démenti par le « candidat » Dadis.
Après cet avertissement pour dire que les considérations ethno-politiciennes rabâchées jusqu’à la nausée - on a pu tout dire et son contraire des deux côté du paysage politique –, les analyses politiquement politiques sont derrière mois depuis des lustres. Ici j’ai l’intention de critiquer les analyses qui prétendent justifier l’alliance qui est en vue.
Fondements philo-politiques
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Dadis, qu’il soit explicitement « cité » ou non, est toujours supposé innocent même s’il est en bonne place sur une liste dont la crédibilité est assise sur le label, sinon le sceau des Nations unies. Et que donc il n’y a pas de poux à chercher aux protagonistes de la probable alliance. Cependant, il est constant que Dadis est ou devrait être un des premiers responsables de l’ordre qui a abouti à la journée macabre du 28 septembre 2009, argument que devrait brandir la CPI pour demander l’Etat guinéen de diligenter les procédures d’enquête et d’inculpation, etc. , le cas échéant. Et toute cette démarche est supposée être en cours depuis près de six ans. D’ailleurs et Ben Souda est encore annoncée bientôt dans nos murs (2), non pas pour s’enquérir de l’avancée du non moins crucial dialogue inter-guinéen, mais bien du dossier Dadis, Pivi et consorts : encore une promenade de santé ? Un voyage à risque pour cause d’Ebola, mais en l’absence de Dadis, elle constatera les avancées récentes, précipitées avec l’inculpation ciblée de quelques tueurs certes, mais des lampistes. Donc Cellou pourrait se dire pourquoi se gêner ?
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Allons à la conquête du fief, de M. Alpha Codé, se dit Cellou en se frottant les mains.D’ailleurs, le tremblement de terre annoncé, en déboulonnant la dictature en marche, en permettant l’alternance, donnerait les moyens à Cellou Dalein de « moraliser » enfin la vie nationale, dont il se mettra en devoir de recoudre le tissu déchiré, et tuti quanti.Trois tropismes ou sophismes bien guinéens.S’agissant du premier argument excipant de la formule du « ..présumé innocent jusqu’à preuve du contraire », le fait qu’il se soit soulagé de sa tenue militaire ne lui donne pas le droit de se prévaloir du laxisme voire du refus depuis près de six ans par l’Exécutif, de donner les moyens surtout l’occasion à la foultitude de personnes physiques et morales qui l’incriminent dans cette barbarie, qui après celle de Hitler et bien d’autres dans ce pays même, a un bien « respectable » rang dans l’interminable chapelet des « crimes contre l’humanité ».Or cette catégorie de crime est imprescriptible. Dadis n’est pas encore judiciairement coupable, mais il n’est pas encore innocenté puisque la procédure de son inculpation est enclenchée par l’Etat Guinéen. Je vais faire court. Tant que Dadis n’était pas candidat, je dirais même à un poste de la fonction publique à fortiori à la plus haute magistrature du pays, Dadis pouvait dormir « tranquille » à Ouagadougou ou même à Koulé (1).En effet, tout candidat à un poste de la fonction publique doit fournir un casier judiciaire, un bulletin de santé, pour la plus haute magistrature, fournir un état complet de sa fortune personnelle. Jusqu’à preuve du contraire établie par le juge compétent, le juge national à défaut celui du TPI, la Cour suprême guinéenne ne peut pas encore valider la candidature de Dadis. Ce n’est pas parce que tel président a grimpé au sommet du Pouvoir, s’y maintenant à vie, que ce principe se serait comme par enchantement effacé ou serait devenu moralisé ou obsolète.Quant au deuxième argument, mêlant cynisme, machiavélisme (encore que le Machiavel de l’Intellectuel guinéen est marqué au coin du coco la la), pragmatisme, immoralisme, politique, parce que dans politique il y a éthique (je me demande si l’on s’est demandé comment politique et éthique s’écrivent en latin et ou grec), la morale on s’en tape a-t-on entendu une grosse huile lors d’une réunion de l’UFDG, et en écho, on peut lire à « la une » de tous les bons quotidiens du Net, un brillant justificatif du respectable publiciste, Gandhi, sans doute à son corps défendant ou simple coïncidence, qui ne nous avait pas habitués à être une caisse, Gandhi Barry qui devait pourtant savoir que Jean-Paul Sartre, et dans une autre perspective, Aimé Césaire se sont ruiné la santé pour le premier, le second est resté amer et brouillé avec le Parti communiste « ami », à vouloir concilier morale et politique et donc trouver cette impossible stratégie enfin efficace, qui ne doit pas suppurer de partout le manque d’humanisme de par sa fermeture à l’éthique qui veut dire morale dans la Cité ! Quand quelqu’un, même le premier responsable du Parti qui compte le plus de victimes, a l’air de pardonner ou de mettre entre parenthèse le sort des victimes d’un massacre d’une telle ampleur, a-t-il conscience qu’il n’y a pas de NOUS ni de JE substituables à un autre, s’agissant du premier droit fondamental, relevant des principes généraux du droit, le droit à l’intégrité physique qu’aucune carte de Parti n’élargit ou n’amoindrit ? C’est un droit inaliénable, c’est-à-dire irréductible dans le temps, dans l’espace et surtout il est « intuiti personae ». Faut-il rappeler qu’on ne meurt pas à la place de quelqu’un d’autre; le sang qui coule de mon corps ne vient pas de ton corps. Je sais que Cellou n’a pas dit : « je ou nous pardonnons ». Mais s’il continue à aller dans le Dinga (l’abîme » du Wagadou), il fera pire, il marcherait sur des martyrs.Alpha dit souvent « je suis le père de la nation, j’assume tout ce qui s’est passé avant moi », mais quand il se hâte d’ajouter, enchaînant « on va se parler, se dire tout, et puis on va se pardonner.. »Ah non je suis désolé, tu n’en sais rien grand frère-président. Il n’y a pas de décret présidentiel pour « assener le pardon ».Je disais que la morale, l’éthique est politiqueOn doit conquérir le Pouvoir avec des principes d’abord moraux, avant l’arithmétique.Je prendrai un seul exemple. Inventer un empoisonnement un certain vendredi d’octobre 2010 qui a pour conséquences des pogroms à Siguiri-Kankan, qui ont suivi pourtant un certain accord à Ouagadougou, accord du trois septembre, ainsi foulé au pied, évènement qui d’une façon ou d’une autre s’est mué en une flagrante violation de la constitution en déportant le second tour de plus de quatre mois, comment appeler cet enchaînement, comment qualifier ce résultat en occultant son fondement amoral ? Comment évaluer moralement ses conséquences tragiques, même si je dis que je ne ferai pas de politique ? De fait, je ne fais ici que du travail culturel, pas en dansant, mais en faisant travailler mes neurones, en illustrant une autre signification profonde de la formule latine.Dura lex sed lex.J’en viens au troisième argument : le joker gagnant.Avec Dadis, le duo ou trio gagnant DDD (Dadis, Dalein, Diallo) sonne mieux que le duo M.A.K. (Mouvement Alpha Kassory). Je n’entrerai pas dans les spéculations statistiques de la popularité ou non de Dadis en zone forestière. Et l’état de conscience des populations à l’instant T où notre compatriote de Zo - lieu-dit quelque part dans ce qui fut notre profonde forêt -, mettra son bulletin dans l’urne.Mais voici qui devrait mettre fin aux spéculations : pour s’allier il faut être deux, du moins pour les chantres du pragmatisme, qui devraient se faire fétichistes du terrain : Dadis viendra-t-il en Guinée, pourra-t-il voter ? Si Cellou n’a pas cette certitude, il ne fallait pas faire l’annonce de ce tsunami dans un verre d’eau, aux conséquences pourtant incalculables pour la survie politique du navire UFDG et de son Capitaine..ConclusionCertes, Alpha et la Mouvance ont chaud et doivent avoir des insomnies travaillées par d’atroces céphalées. En effet si Dadis débarquait malgré tout et déballait des non-dits faits de félonies, d’actes criminels, de savantes manipulations, où il montrerait qu’il n’a pas donné cet ordre infâme, que les violeurs et les tueurs sont allés d’eux-mêmes et que les véritables ordonnateurs de ces crimes contre l’humanité ne sont pas celui que l’on croit ? Et qu’il le prouve devant le juge compétent ? Mais si l’Exécutif s’y oppose alors que lui-même sur la demande de la juge de la TPI qui arrive, accepte de se constituer « prisonnier » (garde à vue de prévenu), que l’Exécutif n’a aucune raison valable d’opposer un refus à une telle bonne disposition ? Alors le seul tort de Cellou eût été d’avoir parlé trop vite ou dit à haute voix ce qui eût du rester secret du grand secret jusqu’à ce qu’on entende Dadis au micro d’une radio ou qu’il se fût cueillir à la frontière par des « inconnus ». Après tout Dadis joue sa vie et Cellou celle d’un Parti qui alignait 44% de suffrages à la dernière présidentielle.Mais si Dadis n’a pas tout ça dans son pantalon, eh bien Cellou aura compromis pour longtemps son destin politique. Il y aurait bien d’autres affinements qu’on pourrait donner sur la stratégie que Dadis et Cellou auraient dû adopter, mais je pense avoir dit la substantifique moelle de ce qui restera une patate brûlante que Cellou et Alpha auront à se balancer mutuellement les jours à venir. Je finis par où j’avais commencé, cette alliance ancillaire au sens inattendu de variable aléatoire, n’est-ce pas cette « malédiction » que la Guinée traîne depuis le début du siècle au moins ? (3) Je ne pense donc pas seulement à Cellou ou à Dadis, l’un pour ses 44% devenus nuls, l’autre une balle dans la tête pour des faits qu’il semble dénier ? Cependant ce ping-pong n’augure rien de bien, vu qu’Alpha continue à battre campagne, que l’Opposition est totalement sonnée, pratiquement encore confinée et que les populations n’en peuvent plus.Surtout, et Alpha doit le savoir, - hélas il n’a que des sapeurs de faux-culs autour de lui, ceux qu’il écoute, j’entends -, s’il donne dans le forcing auquel il s’échine tous les jours en courant comme un gaillard de 25 ans, et l’appétit venant en mangeant, s’il veut bouffer du scrutin et des suffrages confondus avec des suffragettes, ces michetonneuses (à vos Wikipédia), ces « seconds bureaux » qui hantent les petits salons suivez mon regard, bref, les fraudes ne passeront aucune gorge, serait-elle plus profonde que celle de Kim Kardashian. Je ne sais pas si la « reine Kristine « pratique » l’Instagram, mais Kouchner serait le premier à lâcher son frère jumeau, c’est dire que le portable de François Hollande lui sera à jamais fermé.Mais comme je l’ai écrit depuis plus d’un an, il n’y aura pas d’élections.« C’est l’homme seulement qui a peur, sinon il n’y a rien», c'est de Waby Spider, chanteurivoirien des années 80.Wa salam,El Hajj Nour Bokoum,Note 1) : j’ai fait un papier largement diffusé pour soutenir le droit de Dadis de venir en Guinée assister à l’inhumation de sa mère. Cherchez, vous trouverez.2) elle serait annoncée pour ce jeudi soir3) J’ai eu souvent à rappeler un vers d’un poème spirituel de Cheick Ahmadou Bamba, le grand saint sénégalais, fondateur de la confrérie des Mourides, de passage au large de Conakry, en partance pour son exil gabonais où il rejoindra Samory Touré : qui commence par « Konakir, Munakir.. », la suite du poème signifiant Guinée pays de souffrance. C’était en 1900.
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